Une petite heure avant leur show du 5 mai 2017 au Plan à Ris-Orangis, Lionel et Marie Limiñana, le duo fondateur du groupe éponyme nous accueillent tranquillement dans leur loge. On va discuter rock ‘n’ roll bien sur mais aussi art de vivre, le tout dans une ambiance des plus conviviale, en toute simplicité.
La Grosse Radio : Salut les Limiñanas ! Alors heureux de jouer au Plan ce soir ? Vous connaissez la salle ?
Lionel Limiñana : C’est la première fois qu’on y vient mais on connait la réputation de la salle.
L.G.R. : Vous tournez pas mal en ce moment. Qu’est ce qui vous plait le plus dans la vie sur la route ?
L.L. : Il y a deux moments que j’apprécie énormément pendant les tournées. Paradoxalement, ce n’est pas le moment où l’on monte sur scène parce que c’est encore un moment flippant même si on fait ça depuis longtemps. Mais une fois que c’est parti et quand ça roule, à ce moment, tu profites vraiment de ce qu’il se passe. Là, on prend vraiment du plaisir à jouer sur scène. C’est un de mes moments préférés.
Le deuxième, c’est quand on a du temps après le concert pour se retrouver autour d’une bouffe. C’est un moment que j’adore. On peut discuter avec tout le monde. Et si ça s’éternise, c’est encore mieux ! Quand on a le temps, c’est vraiment cool.
Ce soir, tu vois, c’est plus speed. Je pense qu’on va casser la croute avant parce que demain on rejoue à Saint-Etienne. Mais quand on le temps c’est vraiment agréable de passer du temps avec les mecs de la salle, avec le groupe, de boire des coups et de prolonger la soirée…
L.G.R. : Au niveau de la tournée, vous avez été amenés à visiter pas mal de pays étrangers. On a le sentiment que votre musique a été d’abord reconnue à l’étranger et que seulement depuis quelques mois la reconnaissance arrive en France.
L.L. : Je pense que c’est vraiment lié à notre distribution. Les premières années du groupe, on sortait exclusivement nos disques sur Trouble In Mind et Hozac qui sont deux labels américains de Chicago qui distribuaient tant bien que mal leurs disques en France. Du coup, on était plutôt disponibles aux Etats-Unis et aussi dans le circuit « garage » européen aux Pays-Bas, Allemagne et en Belgique. Du coup, pour nous pendant très longtemps il a été plus facile d’aller faire une paire de dates à Bruxelles par exemple plutôt que de jouer dans notre pays.
Puis, grâce au disque que nous avons fait avec Pascal Comelade, on a rencontré les gens de Because, qui est son label. On a signé chez eux pour l’Europe et à partir de ce moment là, la tendance s’est inversée. On a donc pu promouvoir correctement depuis quelques temps notre musique dans la métropole mais on n’a pas oublié l’étranger pour autant. Cet hiver par exemple, nous sommes allés en Australie puis on a joué en Belgique, en Suisse, en Espagne… Nous sommes aussi allés en Grèce… On arrive à faire les deux maintenant.
L.G.R. : Peux-tu revenir sur la mini-tournée australienne ?
L.L. : L’Australie, c’était vraiment dément. C’était un terrain un peu particulier. On était invités par l’alliance Française pour jouer sur deux gros festivals jumeaux. Le premier était à Melbourne et le deuxième à Sydney. Ca s’appele "So Frenchy So Chic". C’est un peu ce qui a payé les billets d’avion et le salaire des "musicos". Sans cela, on n’aurait pas eu les moyens d’y aller parce qu’on n’a pas réellement de distribution en Australie. Ensuite notre "booker" en a profiter pour nous caler une paire de dates dans des clubs et on en a aussi profité pour aller faire un "live" en studio à Melbourne.
Pour l’accueil, en gros, c’est un peu le même type de clubs qu’aux Etats-Unis. C’est un pays qui est complètement imprégné de rock ‘n’ roll et de musique en général. Dans les rues de Melbourne et de Sydney, il ya pleins de magasins de disques « indé » farcis de vinyles. Quand tu allumes la radio, il y a des trucs supers qui tournent. C’est blindé de clubs avec des programmations hallucinantes. Nous, dans la même semaine on a joué avec les Pink Tiles qui sont un groupe de nénettes qui font de la "power pop" vraiment super bien dans un petit club puis nous sommes allés voir Nick Cave à Sydney dans une « Arena » énorme…
Marie Limiñana : Là-bas, la musique est vraiment dans leur culture. Quand on est arrivés, on a trouvé un petit bouquin qui répertoriait tous les disquaires. Il y en avait au moins quinze pages, chacun spécialisé dans son style. Chez nous, un truc de ce style est difficilement imaginable.
L.L. : C’est vrai qu’on a passé beaucoup de temps dans les magasins de disques. En plus, les gens y sont très cools. Moi j’ai trouvé que c’était un peu comme un mélange de ce qu’on connait des américains avec en plus une touche de classe et de flegme à l’anglaise. Ce séjour là-bas, c’était vraiment un super moment.
L.G.R. : Tu parlais du plaisir de découvrir des nouveautés, tu as tenu longtemps un magasin de disque pour le plus grand bonheur des rockers perpignanais. As-tu encore le temps d’écouter de la musique ?
L.L. : Je découvre beaucoup moins de choses qu’à l’époque du magasin où je ne faisais que ça toute la journée. On épluchait les bons de commandes, on suivait les actualités de quelques labels « garage » comme Estrus, Crypt Records... On était tout le temps au jus. Après j’ai bossé dix ans dans une grande enseigne plus généraliste mais qui m’intéressait aussi. Là, forcement par le boulot, on était au contact des nouveautés. Ces dernières années, on était beaucoup moins dedans, mais depuis un an, on s’y remet de manière assez sérieuse. On redécouvre des pans entiers de musiques qu’on avait laissé passer à l’époque comme par exemple de grandes parties du "kraut rock". La fréquentation de Pascal Comelade a aussi eu son influence. Il m’a offert le premier album de Can et après j’ai tout acheté. Il m’a offert des disques de Faust. Il m’a mis le pied là-dedans et l’année dernière on n’a écouté pratiquement que des trucs de cette période-là. En tout cas, j’essaye quand même de me tenir au courant. Mais là, on est plus dans une période où finalement on redécouvre des trucs assez classiques qu’on aurait pu ecouter à l’époque si on n’avait pas été trop occupé à écouter des tas de « compils » garage des années soixante. C’est vachement bien parce que à partir du moment où tu mets le doigt là-dedans, c’est un autre monde qui s’ouvre à toi…
L.G.R. : Tu peux nous parler un peu de ce live que vous avez enregistré pendant votre périple australien ?
L.L. : Ca s’est fait quand on a rencontré les Pink Tiles à Melbourne. Les Pink Tiles sont un groupe avec des harmonies vocales de filles avec un organiste et un guitariste qui est vraiment très très fort. On discutait avec les filles de leurs conditions d’enregistrement et elles nous ont expliqué que leur guitariste produisait leurs disques et que si jamais on voulait enregistrer en Australie, il faudrait le faire avec lui. C’est quand même le mec qui bosse avec King Gizzard & The Lizard Wizard. Ils ont enregistré quelques titres de leur dernier album dans le studio de ce gars. On a discuté un peu avec lui et le lendemain à 9h du soir, on s’est pointé dans son studio pour enregistrer en gros les morceaux qui composent notre « setlist » du moment. On avait envie avec Marie d’avoir une trace de ce que le groupe joue parce que c’est très différent de ce qu’on l’on fait sur les albums. Là, on a enregistré dans les conditions du live avec tout le groupe. Le mec a placé tout un tas de micros. Le studio est un endroit dément. C’est une espèce de hangar à la sortie de la ville blindé jusqu'à la couenne de matos des années soixante (orgues, amplis, batteries), de vieux magnétos à bandes des années 70, une grosse table de "mix" à lampes… Partout où tu regardais, il y a avait du matos.
On ne l’a pas encore mixé. On va "tricher" certainement. On va refaire une paire de voix parce qu’on a tout enregistré sans retour et très très vite. On verra si on peut le garder tel quel mais s’il le faut on refera quelques trucs. L’idée c’est de sortir un truc un peu comme les disques des Flamin’ Groovies à l’époque quand ils faisaient des "lives" à la radio. On ne veut pas mentir sur le disque mais ce sera vendu comme un live enregistré en studio. On s’en occupera quand on aura un peu de temps. Ca pourrait sortir aux Etats-Unis ou pour le Disquaire Day l’année prochaine.
L.G.R. : Les albums et le live chez Les Limiñanas, c’est quand même pas la même chose…
L.L. : Je ne trouve pas que ce soit totalement différent. C’est juste que les disques sont des trucs bricolés majoritairement à deux ou avec quelques amis mais ce n’est jamais plus de deux personnes qui jouent dans la même pièce. Forcement, il n’y a pas du tout une dynamique de groupe. Et moi, dans les enregistrements que nous faisons, je ne cherche pas vraiment l’énergie du « live ». On cherche plus à composer des chansons et à les arranger comme on en a envie. Mais par contre quand on les joue en concert, on est six sur scène. Quand tu prends, un gars comme Ivan Telefunken comme guitariste avec toi, tu imagines bien qu’il va y avoir une interprétation de ce que tu fais. C’est ça qui est intéressant. Et puis moi, ce qui me gonfle quand je vais voir un groupe sur scène, c’est qu’il t’interprète à la note ce qu’il fait sur son disque. Au tout début, on essayait de coller au disque mais on n’y arrivait pas, c’était pénible… Puis petit à petit, on s’est accordé de plus en plus de libertés puis comme c’est une musique qui tourne sur la répétition et le "riff", tu peux vraiment te permettre n’importe quoi. Tu peux faire durer les morceaux dix minutes si tu veux à partir du moment où tu respecte ce truc simple qui tient le morceau. Il y a quelques jours, on était au Havre. Il y avait une copine d’Ivan, danseuse de castagnettes qui est monté sur scène avec nous. Dès qu’elle a capté le beat, on pouvait laisser de la place pour quelle fasse des solos. La façon qu’on a d’interpréter notre musique permet ce genre de trucs. Nous adorons la musique répétitive comme Suicide et tout ce genre de trucs. On a essayé plusieurs choses mais c’est vraiment en jouant comme ça qu’on prend du plaisir sur scène. Sur scène, j’adore jouer de la guitare. C’est Nika qui prend quasiment toute les parties vocales même celles que je chante sur le disque. C’est pour ça qu’on obtient un résultat assez différent en live par rapport aux disques.
L.G.R. : C’est parfois assez déroutant de découvrir les parties chantées avec ta voix grave sur l’album réinterprétées par une jeune femme à la tessiture bien plus haute.
L.L. : Le chant, c’est franchement pas mon truc. Je pense que ca pourrait être pénible pour tout le monde. En studio, on prend le temps de le faire. Mais il faudrait vraiment que je le bosse pour arriver à le faire sur scène. Je ne me sens pas du tout chanteur même pour du "talk-over". Moi mon truc c’est la guitare !
L.G.R. : Peux-tu revenir un peu sur l’accueil fait à votre dernier album en date Malamore. La presse semble beaucoup l’apprécié. Aviez-vous des envies différentes que pour les précédents ?
L.L. : Tout d’abord, le label Because a fait une pub énorme. Mais nous on a fait comme d’habitude. On a enregistré dans les mêmes conditions dans notre garage comme on le fait depuis toujours. On l’a mixé avec Raph Dumas, notre camarade qui s’occupe de nos albums depuis le début (sauf le prochain). On a tout fait de la même manière. La grosse différence, c’est qu’on a pu faire un titre avec Peter Hook. C’était super cool. En plus je suis un gros fan de New Order (des débuts en tout cas) et de Joy Division, c’est un de mes héros. J’étais vraiment hyper content qu’on puisse faire ce disque avec lui et je pense que sans Because nous n’aurions pas pu. C’est eux qui nous ont présentés.
Pour le reste, on a continué dans l’idée de travailler autour d’une thématique un peu comme pour Costa Blanca, le précédent. Ce sont des disques avec une histoire qui commence et qui finit. Ce n’est pas forcement clair pour tout le monde parfois mais nous on s’y retrouve. C’est un peu raconté de la même manière. Mais encore une fois, Because a beaucoup bossé sur la promo du disque et a fait en sorte qu’il soit disponible partout, qu’il passe en radio…
L.G.R. : Et là, tu nous apprends que vous avez déjà un nouvel album fini…
L.L. : Il est fini. Il était initialement prévu pour septembre mais il sera un peu retardé tellement il devient compliqué aujourd’hui de faire presser un disque avec le revival du vinyle. Plutôt que « speeder », on devrait finalement le sortir en janvier. Malamore a à peine un an…
L.G.R. : On entend parler du groupe depuis quelques années mais on sent bien que votre expérience musicale remonte à bien plus loin… Un petit flashback ?
L.L. : Nous, d’abord, on sort ensemble euh… depuis les années 20… (Ils se marrent). On sort ensemble depuis qu’on à seize balais… Et on s’en éloigne de plus en plus ... (Rires). On a toujours été même avant de se connaitre des fans de musique et particulièrement de garage punk et de musiques primitives américaines comme ce qu’on trouve sur toutes les compils Back From The Grave puis après des revivals successifs qui ont concerné ce style. D’abord, celui des années 80 avec les Fleshtones, les Fuzztones, les Cramps qu’on a adoré. Puis après les Gories, tous les groupes Crypt comme les Oblivians. Puis aussi les Stooges, Suicide, New Order... Mais tout ça avec une obsession quand on était mômes (et encore aujourd’hui) pour les touts petits groupes des années soixante qu’on trouvait sur toutes les compils Peebles et Nuggets. Nous, on vient de là. Après dès qu’on a pu, on a monté un magasin de disques. Ca a été un échec financier assez sérieux mais, grâce à ça, on a découvert beaucoup de groupes. Avec le magasin, on en a profité pour organiser des concerts. On jouait nous même dans des groupes. Moi, je jouais dans les Beach Bitches qui étaient un groupe de garage punk dans les années 90. Avec Marie, on a monté les Bellas. On n’a jamais arrêté de faire des trucs comme ça. Entre les disques qu’on recevait pour le magasin, ceux qu’on enregistrait pour nous, les groupes qu’on accueillait en tournée, on baignait vraiment dans cette culture. C’était les débuts, on arrivait à monter les concerts avec rien du tout, les groupes dormaient chez nous, ça nous a permis de tisser des relations hyper cools et durables avec des groupes comme les New Bomb Turks, les Bellrays ou encore des tas de groupes américains. Et même si on se voit moins aujourd’hui, on continue à être amis.
Puis à un moment tout ça s’est arrêté. Plus de magasin. Plus vraiment de groupe. Du coup, on a fait deux titres tous les deux qu’on a mis sur le net. On n’avait pas de nom de groupe donc on a choisi notre nom de famille. On trouvait ça crétin et on s’est dit que ça ferait rire mon frère. (Il se marre). On a pris ce nom là et on a signé la même semaine avec Trouble In Mind de Chicago et Hozac qui nous ont tous les deux sans se concerter proposé de faire des disques. On a menti en disant qu’on avait plein de morceaux ce qui était entièrement faux. On n’avait rien du tout et on n’avait pas de thunes. Alors avec un petit studio portable, on a commencé à bricoler des trucs dans notre salon. On a fait « Je Ne Suis Pas Très Drogue ». C’est sorti en 45 tours. Puis ils nous ont commandé un album. On l’a fait avec Raph Dumas qui nous a toujours filé un coup de main pour le mixage. Et en fait, on n’a jamais arrêté. Le label nous a invités à jouer. Comme on n’avait pas de groupe, on a du faire venir des potes pour jouer. Là arrive le délire humain. Tout devient plus compliqué. On ne gère plus les choses à deux. On était six ou sept en tournée avec des niveaux de motivation différents. Il a fallu qu’on apprenne à gérer tout cela. Il y a plein de monde qui est passé dans le groupe jusqu’à a la formation que tu vas voir aujourd’hui qui est la plus stable depuis longtemps. On bosse vraiment et c’est la formation qu’on espère définitive ou tout au moins durable pour les prochaines années. Voila un peu l’histoire des Limiñanas.
L.G.R. : Quand on pense à votre musique du coté de La Grosse Radio, des images de Melody Nelson nous reviennent constamment. Dans quelle mesure ce chef-d’oeuvre de Serge Gainsbourg et Jane Birkin a-t-il pu vous influencer ?
L.L. : C’est en effet un de mes disques préférés. Et à Marie aussi. Mais tu sais, on n’est jamais très lucide sur notre propre travail quand on enregistre. L’album Melody Nelson, on l’a tellement écouté (comme quelques albums et groupes) que forcement il nous a imprégnés. Pour ma part je ne suis pas bassiste de formation mais quand je prends une basse pour enregistrer, je me base sur des choses que j’ai déjà entendues. Et en jouant de la basse au médiator, je me suis vite aperçu que je pouvais choper un son comme le « tu-duh » de Melody Nelson. Du coup on s’en inspire, on reprend quelques gimmicks en les arrangeant à notre sauce.
Le son de guitare de Melody Nelson, c‘est en gros le son de tous les groupes anglais de l’époque que nous aimons beaucoup. A l’époque, ils ont enregistré l’album en Angleterre. On ne s’est jamais dit qu’on voulait faire un disque hommage, ce n’est pas ça du tout. C’est juste un conglomérat de tous les trucs qu’on aime. On mélange un peu tout ça sur les disques y compris avec des trucs inavouables comme les Cults, des groupes des années 80 qu’on écoutait à mort… notamment l’album noir Love avec "Rain". C’est pour ça, que tu trouves ce type de références là. En tout ca, rien n’est jamais vraiment calculé. On ne sait jouer que comme ça. On adore les trucs à trois accords. Les basses, c’est moi qui les fais sur le disque avec mon style. On les enregistre avec un tout petit ampli Vox 2 watts parce qu’on s’est aperçu que c’était le moyen de les faire sonner comme sur les disques des sixties plutôt que d’avoir un gros HP énorme ave un son baveux. C’est des amplis à transistors donc on n’a pas la chaleur des lampes mais en revanche une espèce de précision. Tout ca on s’en est aperçu en enregistrant tous les deux.
M.L. : On aime bien utiliser tous les instruments qui nous passent sous la main…
L.L. : Oui, le prochain disque, on l’a fait en utilisant un Microkorg Korg. C’est un petit synthétiseur polyphonique. On a commencé à bidouiller avec et à enregistrer des boucles et puis en fait on a monté tout le prochain disque à partir de ça. Bien sur après, il a des couches de "fuzz" qui se rajoutent.
L.G.R. : Donc votre démarche est très spontanée, en fonction de ce que vous avez dans les mains. Vous n’aimez pas calculer à l’avance ce que va être votre musique.
L.L. : C’est vrai qu’on s’adapte à notre outil de travail. Comme on travaille à la maison, on se sert du studio comme d’un atelier. Selon l’humeur du matin, on peut choper une idée de riff, éventuellement l’enregistrer sur un téléphone puis on descend au studio et on l’essaye soit à la basse soit a la guitare, soit avec une basse marocaine ou n’importe quoi puis ça devient le départ d’un truc.
L.G.R. : Que peut-on vous souhaiter les Limiñanas ?
L.L. : Franchement, rien de plus. On est très heureux. Que ca continue ! A priori, nous tant qu’on prendra du plaisir à enregistrer et à tourner, on continuera. Cette année, ça a été particulièrement cool la dessus. Notamment avec les plans en Australie. On s’est fait pote avec Bertrand Belin qui a été dans la même galère que nous pour arriver en Australie. On a mis quatre jours à faire le voyage. On est resté coincés dans les aéroports avec lui et son groupe. C’est un super gars et musicalement c’est mortel. On est devenu potes. Il a écrit un texte et il l’a enregistré avec nous pour le prochain album. Quand on a croisé Anton Newcombe (nda : de The Brian Jonestown Massacre) , on a fait de trucs avec lui aussi. Cette année a vraiment été une année pleine, farcie de rencontre comme celles dont je viens de te parler. C’était vraiment bien.
L.G.R. : Il a encore des artistes avec qui tu aimerais vraiment travailler ?
L.L. : Ouais, il y a Warren Ellis (nda : de Nick Cave and The Bad Seeds). Je vais commencer le harcèlement là bientôt ! (Ils se marrent tous les deux) ! Le prochain disque, j’aimerais vraiment qu’il le produise…
L.G.R. : C’est un rapprochement capillaire ?
Warren Ellis, Lionel Limiñana, qui est qui ?
L.L. : Non (Il se marre). Je n’ai pas fait exprès. J’ai arrêté de me raser quand j‘ai quitté mon boulot parce que je n’avais plus de patron. Donc si un jour je dois reprendre le boulot, je me raserai de nouveau. C’est la seule raison. Pour revenir à ta question, Warren Ellis, on aimerait vraiment beaucoup. Bertrand Belin aussi. On va certainement retravailler sur un disque d’instrumentaux avec Pascal Comelade parce qu’on en a très envie et qu’on a plein de plans. Nous avons vraiment beaucoup de projets de disques. C’est cool !!!
Propos recueillis par Jérôme Agier et Eric Jorda