Une fois n’est pas coutume, arrêtons-nous quelques instants sur un jeune homme dont le métier officiel est imitateur/humoriste mais dont la prestation est, en grande partie, sacrément rock’n’roll.
Michael Gregorio, 30 ans, et déjà trois spectacles à son actif. Le dernier, « Michael Gregorio en concertS », remplit les grandes salles de France, comme vendredi dernier au Palais Nikaïa (Nice), seulement quelques mois après son passage au Théâtre de Verdure avec un public toujours au rendez-vous.
Généralement, les spectateurs découvrent Michael à travers la petite lucarne, dans des émissions de Sébastien, Nagui, Ruquier, un jeune homme à l’humour propre, généralement vêtu d’un costume-cravatte sobre et de bouclettes soignées. On tombe principalement sur ses performances d’imitateur en chanson française (Balavoine, Brel, Piaf, Johnny…) et là, déjà, on est bluffé. Mais ce qu’on découvre en live, c’est que l’artiste est une véritable rockstar, finissant toutes les dates de sa tournée en slam sur un public déchaîné qui porte du bout des doigts ces 54 kg de talent.
Côté rock donc, premier frisson sur du Depeche Mode : « Personal Jesus ». Tu as en face de toi ce petit gars, chemise blanche et col serré, qui te sort les mêmes sons que le baryton Dave Gahan pour enchaîner la minute d’après sur la voix de Matthew Bellamy qui piègerait sa propre mère. Et en plus de ce piratage impeccable, l’attitude est également travaillée. On retrouve les mimiques des chanteurs au sourcil près.
Même tour de force sur du U2 jusqu’aux soupirs de Bono retranscrits, sur du Queen où il laisse Freddy Mercury chanter en fond d’écran pour lui rendre un hommage complet avant d’enchaîner à sa place, sur du Michael Jackson prenant la même posture et te filant la chair de poule en le ressucitant un instant, sur les Clash et Rage Against the Machine en fin de spectacle… Oui Michael Gregorio est un rocker et n’a pas fini de nous faire rêver !
C’est sur un solo de Gary Moore (« Parisienne Walkways ») qu’il relève le pari incroyable d’imiter le son d’une guitare électrique, sans pédale de disto, juste avec ses cordes vocales, son nez et son palais, sans instru dans les mains mais en simulant tout de même les notes façon Air Guitar.
Et d’ailleurs, les notes, il les connait vraiment, puisque lorsqu’on lui met une 6 cordes entre les mains, là encore, Michael assure.
Aussi bien sur une élec’ que sur guitare classique et même au ukulélé (imitiation de Julien Doré oblige), l’artiste propose dans ce nouveau spectacle de bons riffs, quelques arpèges mais aussi des solo, parfois volontairement faux pour se moquer des BB Brunes en train d’apprendre du Santana ou façon Hendrix avec les dents, coinçant leurs appareils dentaires.
Et on continue ! Sur du Michel Berger derrière son piano ou du Phil Collins derrière une batterie, « c’est vraiment lui qui joue ? », oui madame, c’est vraiment lui. Un surdoué, un génie, réussir avec autant de finesse à assurer sur tous ces plans, ça force le respect.
Big up, au passage, à son équipe d’excellents musiciens autour desquels plusieurs numéros sont montés, créant un bel échange avec chacun d’entre eux :
- Nicolas Caumon à la guitare
- Étienne Guéreau au piano
- Franck Ridacker à la batterie
- Sylvio Marie à la basse
Et, bonne nouvelle, si vous n’y êtes pas encore allés, il reste pas mal de dates jusqu’en février 2015.
Attention, seul bémol, ça rend accro. On vous aura prévenus…
Flora Doin