Rover – Théâtre de la Croisette (Cannes) – 11.03.2016

Rover, c’est l’artiste que le public a généralement découvert à un festival l’été, en 2013, au milieu d’autres noms plus confirmés à l’époque, tandis que lui sortait son premier album, éponyme.
Là, pour les salles, c’était la grosse claque. Tu voyais entrer en scène un type à la carrure imposante, blouson et lunettes noirs, plutôt introverti, pas tellement sûr de lui mais sans doute bien conscient du son qu’il avait à partager. Quelques riffs de guitare plus tard et une ouverture de bouche de 4 secondes et c’est la salle toute entière qui était conquise.

Depuis, logiquement, on suit le bonhomme de près.

Et c’est avec un deuxième album, Let It Glow, qu’il séduit désormais les plateaux de télé, un plus « large public » comme on dit, des salles bien remplies partout en province mais aussi en capitale (l’Olympia signait complet le 24 mars). Nous sommes allés découvrir ce nouvel opus en live à Cannes, Théâtre de la Croisette, loin du bling-bling, tapis rouge et autres paillettes factices, en sous-sol, fauteuils de cinéma tout de même, public assis (du moins au début) et juste quelques lumières pour décorer sobrement la scène, comme toujours.

Rover, Cannes, mars 2016

Premier élément important : plus de lunettes sombres. Timothée montre ses yeux. Regarde fixement même. Parcourt la salle. Sourit. C’est un nouveau Rover qui pointe le bout de son nez. Plus à l’aise, assuré, drôle, serein, tentant des vannes entre les titres, charmant les spectateurs avec sa personnalité également.
Ce n’est pas comme si on en avait besoin, sa musique et sa voix faisant déjà tout le boulot, mais tout de même, le bonus est agréable à recevoir.

Le public est majoritairement jeune, 30-40. Sage au début, participant par des applaudissements, chœurs, petits cris d’encouragements. Puis possédé, rapidement, avec les yeux qui brillent, sourires aux lèvres, échanges de regards entre inconnus, contents de connaître et de partager ces mêmes fascinations.

Rover, Théâtre de la Croisette, Timothée Régnier

Accompagné de 3 musiciens (mellotron, guitare/basse, batterie), il assure les lignes de sa Strato blanche au « Fender » masqué et nous emporte dans les méandres de sa voix sinueuse. Chair de poule garantie dès le premier morceau.

Bien sûr, tous les titres de ce dernier album seront joués. Parfois à l’identique, parfois légèrement revisités, selon l’humeur du jour, sans doute.

La recherche du son parfait est palpable en live également. Rien n’est laissé au hasard. Tout est cadré, structuré, bossé, et à la fois, l’adrénaline de l’impro (dans la voix surtout) reprend le dessus par de petites touches bien dosées. On a le cœur qui danse et le corps qui écoute.
Big up pour les titres phares « Some Needs » et « Call my Name » mais aussi « In The End » et puis « Aqualast » (du premier album).

Toute petite déception sur la note haut perchée de « Let it Glow » version studio, qui restera à l’octave d’en dessous sur cette date (au rappel). Tu m’as enlevé la cerise sur le gâteau ! Mais enfin, régalade tout de même !

Rover, musiciens, live, tournée

Rover, il faut l’écouter les yeux fermés. Au moins sur les titres cités plus haut. C’est le genre de musique qui te décolle les fesses du siège ou les pieds du sol, avec l'estomac et le foie qui flottent au dessus du cerveau (et promis, on ne fume pas !). Il se passe un truc étrange dans la saccade des basses et la tenue, l’écho de certaines notes aigues qui procure ce sentiment de décollage.

Et puis, tu rouvres les yeux et le vois lui, paupières closes, concentré, tellement imprégné du son qu’il fabrique que ça aussi ça te transporte un peu. Les gens impliqués, ça a tendance à te concerner à ton tour.

Du premier opus, on retrouvera tout le meilleur, avec un pont spécial sur « Full of Grace » qui rend hommage à son mentor irréfutable, David Bowie, reprenant juste le refrain de « Heroes », un RIP. On n’ira pas jusqu’à dire que Rover pourra le remplacer, le monsieur ayant pris une telle place dans la musique, le cinéma, la mode et nos cœurs, mais tout de même, côté sonorités, recherche, voix, la relève est joliment assurée. Chapeau bas pour ce tour de force monsieur.

Rover, Call My Name, Let It Glow

La tournée continue, si vous n’avez pas encore vu l’artiste en live, c’est le moment d’acheter vos places (s’il en reste) ! Foncez, les yeux fermés ! 😉

Crédit photos : Flora Doin

Flora Doin



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