Scarecrow (+ Parade) – dB Narbonne – 3/06/2016

De retour au dB à Narbonne après le concert des Dizzy Brains pour passer une soirée mélant Rap, de Funk de Blues et de Rock & Roll.
A l'affice ce soir : Scarecrow, groupe toulousain explosif que la Grosse Radio a interviewé juste avant leur concert ce 3 juin, voir notre interview du groupe.
En première partie, Parade, un groupe audois, qui sort son premier EP Electric Funk.

Parade
 

Disons le tout de suite, ce trio avec Simzinho à la guitare et au chant, Mr Drummer à la batterie, samples et choeurs, et Don Mucho aux synthé bass, claviers, harmonica, choeurs (ouf je respire) peinera à me séduire, malgré toute la bonhommie du chanteur.
Si le set contient quelque morceux légers et festifs et que l'on prend plaisir à dégourdir ses guiboles au son de la pédale wawa et de la guitare Funk, il se perd malheureusement dans des registres trop variés pour construire une unité : parfois Rock Fusion ou Funk parfois hip hop, avec un essai pas très inspiré du coté du Slam, et une chanson à rallonge, étrange et fourre tout, qui commence par une marche millitaire à la batterie, pour chanter ensuite  " We are all friends in the sunshine"... Second degré ? Je n'en ai pas l'impression, tant la suite du morceau sombre dans une frénésie joyeuse un peu surjouée qui me laissera perplexe. 

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Après deux reprises qui manquent de corps, "Take the power back" de RATM et "I feel Good" de James Brown, en medley avec "Feel Good Inc" de Gorillaz, mon diagnostic tombe : j'ai l'impression qu'il leur manque une basse, une vraie, pour faire le liant de toutes leurs influences. La basse du synthé manque d'attaque, et l'ensemble sonne un peu creux.
Mais je fais ma boudeuse, pardonnez moi, le public quant à lui semble réceptif, et danse allègrement.

Scarecrow
 

Le changement de plateau sera LONG !  Il est presque minuit quand Scarecrow entre en scène. 
Le public est chaud bouillant et déja massé devant la scène pour assister au concert de ce groupe mêlant Blues et Hip Hop, veritables marathoniens de leur genre : ils ont déjà 500 concerts dans 15 pays à leur actif en 6 ans ! ils présentent leur nouvel album The Last sur les routes, avant sa sortie le 24 juin.

Lors de l'interview qu'ils nous ont accordé avant le concert, ils ont évoqué les deux sources qui nourissent leur style, toutes deux nées dans les ghettos américains avant d'acceder au mainstream et à la reconnaissance : le Blues et le Rap.
Scarecrow revendique cet aspect social et culturel. Le Rap d'Antibiotik Daw, quasiment toujours en français, annonce bravachement que face aux rappeurs qui regressent, ou qui passent "vite à travers le paf [...] Scarecrow, tu peux pas test". Je ne peux qu'acquiescer. Le groove est lourd et chaloupé, le flow mordant et affuté.

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Sur scène, pour vous les présenter enfin, se trouvent Antibiotik Daw au chant rap et à la platine scratch, Slim Paul au chant blues et aux guitares, à la batterie le Pap' et pour finir, l'inénarrable maître de cérémonie qui officie aussi à la basse : Jamo.
Les influences passent du gospel déchirant aux riffs de funk groovy. Le public, qui était déjà à point, goûte visiblement avec délectation ces rythmes et danse à tout va. Ca se secoue, du timide hochement de tête aux chaloupements plus prononcés.

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Représentant de cette diversité stylistique, le sixième morceau du set, introduit par Jamo, traite du sentiment qui habite le travailleur harassé loin de chez lui, quand la solitude est à son comble. Ce morceau de maître commence sous le signe du blues. C'est un orage qui s'abat sur le travailleur détaché. La guitare pleure quelques accords, accompagnée du scratch qui reprend ses riffs.
Après ce passage mélancolique, c'est plus d'entrain qui reprend ce morceau ( l'Espoir ?) porté par le groove Funk de la basse et de la batterie. Un optimisme qui se confirme avec quelques samples de cuivre appliqués par Antibiotik Daw.

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Après ce morceau maîtrisé, des lumières bleues inondent la scène. Aucun doute possible, c'est le Blues qui est à l'honneur avec la voix écorchée et rageuse de Slim Paul. C'est brut et cru. L'intensité de son interprétation se voit sur son visage, ses veines se gonflent, les traits se crispent, mais le Blues coule de source.

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De nouveau Jamo prend la parole : "Ladies and Gentlemen, it's time to move your body!"
Je me demande ce qu'on faisait depuis tout à l'heure ?  Le public est de plus en plus dense devant la scène, les danseurs sont nombreux mais visiblement on peut mieux faire !
Et nous le ferons : sur un groove de basse implacable, s'enchaînent des passages de Funk et de Rock rétro. L'appel à la danse n'est pas évident. Je veux dire par là que ce n'est pas un morceau outrageusement clubesque. Non, mais pourtant la danse s'infiltre, par les pieds d'abord, par les tripes ensuite et monte jusqu'aux épaules enfin. Ici pas de facilité bling bling, mais un groove auquel il serait stupide de résister. Mieux vaut se laisse emporter.

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Le groupe tient à prendre position en faveur de la défense des lieux de rassemblement et de culture. Comme ils l'ont déja évoqué, les concerts de musique vivante sont une alternative à a soupe dénaturée et prédigérée servie à la télévision et sur les ondes FM. Mais ils ont l'humilité de ne pas limiter le spectacle vivant aux artistes sous les feux de la rampe. Pour illustrer leur propos, les lumières de la salle s'éteignent, les micros se coupent, et c'est l'occasion pour eux de saluer leur équipe de techniciens intermitents du spectacle : Victor Perrin à la lumière, Simon Rubio au son et Dame Chocha à la régie !
Pour reprendre les mots de Jamo, un concert est une symbiose du public, du groupe et de la technique. Pas mieux.

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Après cette harangue, le public ne se sent plus de joie, le groupe non plus. La complicité est palpable entre les differents membres, Slim Paul et Antibiotik Daw lancent une battle de scratch et de guitare. Plus tard, Antibiotik Daw détache sa platine et vient s'assoir sur le devant de la scène et scratche sur ses genoux. 

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Je vous disais tout à l'heure que ces toulousains sont des marathoniens de la scène. Ils jouent ce soir à Marlboro, après avoir joué à New York hier, puis s'envolent pour la Belgique, reviennent en France, repartent vers les Pays Bas, la Grande Bretagne, l'Allemagne, la Slovaquie, la Suisse, l'Espagne, la République Tchèque... ce sont pas moins de trente-quatre concerts à venir avant le mois d'octobre, retrouvez-les sur leur site ici.

Retrouvez toutes les photos du concert sur La Tête de l'Artiste.

Live report : Laetitia Maciel
Crédits photos : Yann Landry / La Tête de l'Artiste



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