Retour sur le Printemps de Bourges 2017

De prime abord, la programmation du festival printanier, ne s'annonçait pas vraiment "rock n'roll"… Le cocktail habituel d'électro, hip-hop et chanson française mainstream. Un eclétisme de bon aloi donc, marque de fabrique du Printemps. Hormis Placebo et les jeunes turcs bien connus de la Grosse Radio que sont Last Train ou Lysistrata… Allions-nous devoir cette année encore chercher bohneur dans le off ? Nan, Born Bad Records avait fort heureusement choisi de fêter son dixième anniversaire au Nadir et le 21 avril au 22, la poudre a parlé ! Des frenchy, des british et des ricains, des jeunes et des vieux, tous unis par la fraternité du wak n'roll. Côté off, les activitistes garageux que sont Les Frères Beat nous avaient concocté une saturday night live vintage dans les nombreux bars du centre-ville qui font le Printemps off.

JB Guillot le boss du label parisien Born Bad a dû se sentir comme un poisson dans l'eau au Nadir, "la" scène alternative berruyère gérée par le collectif Emmetrop. "Gensses du métier" comme amateurs éclairés, rockeuses et rockers dans l'âme se devaient d'être présents à sa birthday party le 20 avril dans cette friche industrielle reconvertie en spot artistique. Si les échevelés de Cheveu et les "post punk" de Frustation - les étalons indomptables de l'écurie parisienne - ne se sont pas révélés une surprise notable, Cannibale le groupe de Nicolas Camus et Manuel Laisné, qui a introduit la soirée est une véritable petite bombe. La raison de ce jugement impartial ? Leur audace parbleu ! Car il en faut pour oser cannibaliser sans vergogne autant de styles différents - de la Cumbia en passant par l'afro beat et les rythmes antillais, le tout savamment dilué dans le rock… Et réussir avec brio un tel pari ! Ils tentent même des choeurs sixties où les voix de nos deux lascars font merveille. Une large place est également laissée au clavier qui livre de belles plages électro, saturées juste ce qu'il faut, lesquelles s'intègrent étonnament bien à l'ensemble…

Il aurait sans doute été préférable de ne pas rater les anglais The Jacques qui passaient le lendemain sur la scène Pression Live plutôt que les belges Moutain bike, présents eux sur la grande scène Séraucourt. Du rock honnête mais sans saveur véritable… Arrivé pour le dernier morceau au 22, il nous est difficile de juger la prestation de Part Company par lesquels on débute cette soirée du 21. Aucun problème en revanche avec les lads de Bristol The Idles, qui enchainent dans la salle d'à côté (eh oui, deux salles pour le prix d'une au 22 !). Ils annoncent la couleur avec leur album "Brutalism" ; c'est bel et bien du brutal, à vous enfoncer direct les bouchons à oreille dans la boîte cranienne. Joe Talbot, chevelure péroxydée hurle avec conviction sa colère tout en dansant une gige, tandis que Mark Bowen, la moustache atteinte de folie en fait des caisses à la guitare. Jouissif pour qui aime le post-punk !

Idles_© Antoine MoneÌgier du Sorbier
Photo © Antoine MoneÌgier du Sorbier

Tout aussi efficaces et revendicatifs mais en mode sarcastique, Ben Hopkins et Liv Bruce, alias les new-yorkais de PWR BTTM - prononcez power bottom ! - en remontrent aux anglais côté humour provoc. Ben, des paillettes partout, du visage à sa guitare, jupe longue hideuse, laissant apparaître chaussettes hautes et gambettes poilues. Liv Bruce et sa robe blanche victorienne, que nous pouvons admirer lorsqu'il échange sa batterie avec son alter ego, pour prendre chant lead et guitare. Un authentique délire queer core, qui ferait paraître les New York Dolls pour des scouts endimanchés… Mais PWR BTTM, s'ils ont la punk attitude, n'en sont pas moins d'excellents musiciens et leurs morceaux pop garage dépotent sur scène !

PwrBttm© Jean-Philippe Robin
Photo © Jean-Philippe Robin

Back to Britannia avec Jordan Cardy aka Rat boy, qui se "limite" lui à mixer hip-hop et rock. Et avec ces deux seuls ingrédients, la sauce prend tout autant qu'avec Cannibale et sa fusion surmultipliée. Son flow est tout sauf agressif et se combine parfaitement à ses mélodies, parfois plus pop que rock il est vrai. Le garçon est friand d'images et de son : chaque morceau est introduit par un extrait audio, tout droit sorti d'annonces TV vintage. D'aucuns outre-manche, le compare à un Beck des débuts. La référence n'est pas si osé que cela…

RatBoy_ © Jean-Philippe Robin
Photo © Jean-Philippe Robin

Après le kid de Chelmsford, Essex, place aux vétérans de la soirée : les géants du rock garage made in USA, The Sonics ! Certainement le groupe le plus attendu. On se tient bien chaud au mètre carré et l'âge moyen festivalier a grimpé lui aussi… De la formation créée en 1965, ne reste que Rob Limb, le saxophoniste. Et encore, il se limite désormais à vanter les mérites de leur dernier album ou à faire chanter le public… On n'entendra que peu et bien mal le son de son ténor. Qu'importe, les autres membres du groupe - dont Freddie Denis, ex-Kingsmen au chant et à la basse et Jake Cavaliere des Lords of Altamont - assurent le show. Evan Foster, le benjamin - 45 ans - ne démérite de son qualificatif de Guitar machine attribué lors d'une récente interview avec ses soli virtuoses. The Sonics ont conquis sans peine le public, tant leurs nouvelles compos comme "Sugaree" parviennent à le faire autant bouger que leurs classiques "Strychnine", "Psycho" en passant par "The Witch"…

Sonics_© Jean-Philippe Robin
Photo © Jean-Philippe Robin

Puisque l'on évoque le rock n'roll classique mais pas chic, le spot où il fallait être le lendemain, c'était le bar l'enclos des Jacobins, au Printemps off donc. Pour la soirée organisée par l'activiste rock garage local, le grand Mike Turner la moitié des Frères Beat ! Celui-ci avait convié le combo tourangeau, Bad chili and the crabbs et les surfers parisiens The Wave Chargers à la fiesta berruyère. Sont quoi comme sous-sous-genre les Bad chili and the crabbs ? Chili Con Bonobo Beat, M'sieur ! Autrement dit du pur rock garage savamment relevé, à déguster avec un p'tit vin de Touraine. Des garçons fort élégants, au look "glasses & bald skulls" pour trois d'entre eux. Freddy "Bad Chili" le chanteur tombera vite son blouson blanc et soutenu par ses compères, donnera un set d'enfer. Parmi leurs titres, on retiendra "Vierzon", parce que définitivement, Vesoul, Honfleur ou Hambourg, c'était quand même pas la porte à côté !

Bad Chili & the Crabbs

The Wave Chargers écument depuis quelques temps les scènes rock parisiennes et londonnienes mais tout comme Bad chili and the crabbs, c'était leur premier Printemps de Bourges. Et à l'instar des tourangeaux, ils n'ont pas démérité ! Alternant compos essentiellement instrumentales et reprises - de "What I say" de qui vous savez à "Destinazione Rocapina" des Bikini Machine - le quator parisien a porté fort et clair la bonne parole de la surf music. Le vibrato de Hey Francis a fait merveille tout du long du set, tout comme la basse de plomb de Samy The kay et la rythmique infernale de Claude. Lucas guitariste des Howlin'jaws avait accepté de jouer les stagiaires de luxe en remplacement de Anne, la titulaire du poste. Et force est de constater qu'il atteignait sans forcer la ferveur mystique de Hey Francis !. Gageons qu'ils reviendront à Bourges, pour le Cosmic Trip Festival peut-être ?

The Wave Chargers - Printemps de Bourges

Vous prendrez bien quelques courts extraits des sets des groupes cités dans ce live report ? Allez ! Juste histoire de vous rendre compte...


 



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