Le Gibus, salle mythique. Anciennement haut lieu du Punk et de l'underground parisien, la salle, aujourd'hui transformée en discothèque, accueille cependant toujours des concerts. En ce mercredi soir, le Gibus nous propose un voyage dans le temps. Retour en 1977, retour au Punk primitif, les UK Subs viennent faire vibrer Paris. Duel de légendes en perspective, Arno Futur, ex-chanteur des Sales Majestés, ouvre le bal.
Arno Futur
Il est 20 heures lorsque Arno Futur monte sur scène, accompagné de sa troupe. Belle troupe d'ailleurs, quelques ganaches bien connues du monde du Rock'n'roll : Zebra à la basse, Luc Robène et Benji aux guitares, il y a du lourd. Batterie samplée, pas de problème, ça pulse quand même. Un an que la formation est rodée, ça tourne rond. Les titres, pour la plupart issu de Cannibale, les choses qui nous dérangent, défilent à la vitesse de la lumière. "Bog Brother", "Garage Band", "Un Samedi Soir"...
Pour chaque morceau, Arno Futur nous gratifie de quelques mots d'introduction. Le public aime, se presse devant. Le Gibus, c'est convivial, forcément... Plus rock, plus réfléchi que ce qu'il chantait avec les Sales Majestés, Arno Futur a gardé sa rage. Mais il l'exprime différemment, avec plus de subtilité. Avec plus d'ouverture aussi, avec une place au rap, et une intervention de Ham Rek, pour un "Universal Douleur", bien senti, aux croisement de toutes les colères urbaines.
Le Arno Futur cru 2018 est prometteur. Le set fait la part belle à toutes les musiques, les mélanges et influences apportent leur lot de surprises, avec des petites touches funky par moments. Le concert s'achève évidemment avec "Camarade", hymne au partage, qui verra Arno Futur traverser le Gibus sans toucher terre.
Envie de continuer la fête, ça tombe bien, le carnet de bal se garnit bien. Arno Futur partage ses dates sur Facebook. Va voir, il y a aussi pas mal d'extraits du concert.
UK Subs
UK Subs, since 1977. Pas vraiment des jeunots, les Londonniens. Pionniers du Punk-Rock, UK Subs a eu la bonne idée de ne pas splitter. Façon de dire bien sûr, tant les musiciens se sont succédés tout au long de la vie du groupe. Aujourd'hui, on retrouve Charlie Harper au chant, dans le groupe depuis le début. Et Alvin Gibbs à la basse, lui aussi un ancien. Tout comme Jamie Oliver, plus de 10 ans de bucheronnage sauvage derrière les fûts. Steve Straughan, à la guitare, n'est arrivé qu'en 2016.
Ne nous méprenons donc pas, UK Subs, c'est avant tout Charlie Harper. À 74 ans, le leader a donné sa vie au Punk. Le résultat est malheureusement un peu inégal. Si la voix est toujours là, le corps, lui, est usé. Certes le monsieur tient encore la baraque d'une main, et une bière de l'autre. Signe de bonne santé. Tout comme les quelques vannes et autres amabilités lancées à un public conquis d'avance, tant les tee-shirts et blousons tagués/cloutés au nom du groupe sont partout dans la salle. La voix, la tête sont donc là. Tant mieux, parce que le corps... L'expression "papy du rock" n'a jamais aussi bien porté son nom.
Hormis ce sentiment un peu dérangeant, sorte de voyeurisme autour d'un vieillard qui ne veut pas vieillir, la prestation est de qualité. D'aord parce que les UK Subs, c'est 40 ans de Punk sans s'arrêter. Alors forcément, ils maîtrisent leur sujet, ils savent envoyer la sauce comme il faut. 40 ans sans discontinuer, avec une discographie qui ferait pâlir Barbelivien par le nombre d'albums sortis (la comparaison s'arrêtera là, ne t'inquiète pas). Si les purs, les durs, ceux qui portent le perfecto clouté UK Subs, connaissent par coeur le moindre riff de guitare et se jettent avec folie dans le pogo, c'est un peu plus compliqué à suivre pour les néophytes.
Ceux qui disent qu'on n'a pas besoin d'être musicien pour jouer du Punk ont raison. Mais il faut bien avouer que, quand c'est bien fait, c'est quand même meilleur. C'est aussi une des qualités de UK Subs, la maîtrise individuelle de l'instrument. Derrière le tempo binaire agressif, les lignes de basses de Alvin Gibbs aèrent grandement l'ensemble. Idem pour la guitare de Steve Straughan, malheureusement pas très gâté par un son qu'on qualifiera pudiquement de "ça aurait pû être mieux". Et la batterie... Jamie Oliver, le gamin de la bande, a eu récemment son diplôme de bûcheron, option "ça claque". Une frappe sèche, puissante, des breaks nerveux, une machine à rythme keupon qui déboîte tout sur son passage.
Alors que retenir de ce concert, hormis l'absence de pression au bar (tant pis, on prendra des canettes): D'abord que le Punk se porte toujours bien, et qu'on a vu une des légendes ce soir. Que les UK Subs ont fait le boulot, plutôt bien même, et qu'on s'est pris notre tartine de keupon brut, sans Nutella, mais de toutes façons le Nutella c'est pas bon. Mais aussi que malgré les 40 ans de carrière, les UK Subs ont quand même un peu tourné en rond, et que le concert, dont la setlist pioche allégrement dans les différentes périodes du groupe, reste néanmoins très homogène. Et enfin, un léger sentiment contrasté, de voir Charlie Harper en papy keupon... Chassons vite cette pensée, et revenons à l'essentiel : On était venu voir et entendre du Punk, mission accomplie. Et bien, même.
Toute l'actualité de UK Subs est sur leur site web.
Photos: Alice de Bonnechose
