G3 – Bordeaux Metropole Arena – 17/04/2018


Quel bonheur de se retrouver enfin dans cette salle que Bordeaux attendait tant ! Fini la patinoire de Meriadeck et son acoustique exécrable, place à un Arena tout neuf inauguré il y a quelques semaines. Déjà foulés entre autres par Shaka Ponk, Depeche Mode ou Indochine, c'est le G3 de Joe Satriani qui prend possession des lieux ce soir. Petite configuration de salle avec fosse assise, et gradins fermés sur les côtés. Très peu d'attente vers 20h, le public est déjà largement en place et  prêt à recevoir le premier des trois virtuoses.

 

Uli Jon Roth


Si Ulirich John Roth n'était pas forcément le plus attendu pour faire partie de l'aventure G3 en 2018, c'est avec entrain que l'on reçoit le guitariste allemand. Groupe au complet avec deux guitaristes en support, clavier basse et batterie, la troupe s'installe sans aucun artifice lorsque les lumières s'éteignent. Rapide line-check avant l'arrivée d'Uli sous des acclamations encore discrètes, les poursuites s'allument et le logo pégase apparaît sur l'écran en fond de scène.
 

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La set-list est centrée sur des morceaux de Scorpions que le groupe ne joue plus vraiment à l'heure actuelle. Des riffs comme celui de ''The Sails of Charon'' très typés classique, presque flamenco détonneraient au milieu des productions récentes des Allemands. L'impression de revenir dans les années 70, plutôt flamboyantes pour Uli est palpable même si le bonhomme y paraît réellement bloqué. Bandeau sur la tête, plumes pendantes au bout de sa guitare et distorsion très mélodieuse, le réveil avec Petrucci ou Joe promet d'être brutal, on y reviendra. Il n'a pas changé dans sa manière de jouer : très stoïque, les yeux le plus souvent fermés, sa guitare atypique portée haute répond pourtant en douceur à l'avalanche de notes.
 

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Le son est assez correct et équilibré, même si l'écho d'une salle très en profondeur se fait entendre, le volume restant très correct pour ce premier set. La balance est par contre à revoir, la guitare d'Uli très en avant couvre complètement ses deux autres guitaristes, les claviers et basse étant également loin dans le mix. Une seule poursuite est d'ailleurs en fonction pour Uli, toute la bande restant dans l'obscurité, dommage. Malgré cela, les musiciens ont un rôle à jouer assez conséquent dans le set : Niklas Turmann récupère le chant sur quelques titres, le clavier répond aux solos d'Uli et Michael Erhé, habituel batteur de Gamma Ray, rehausse bien l'ensemble. Même si quelques décalages semblent apparaître par moment, l'ensemble est cohérent et c'est un plaisir de ré-entendre des arpèges mélodieux de ''Sun in my hand'' ou ''We'll burn the sky''.
 

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Les quarante minutes de set passent vite, entrecoupées de quelques mots d'Uli en français au micro, lorsqu'il ne chante pas lui-même quelques passages. Présentation de ses musiciens et salut rapide, le groupe quitte la scène sous les applaudissements d'une salle qui commence à se réveiller.

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Setlist:
Sky Overture
Sun in My Hand (Scorpions song)
We'll Burn the Sky (Scorpions song)
Air de Aranjuez (Joaquín Rodrigo cover)
Fly to the Rainbow (Scorpions song)
The Sails of Charon (Scorpions song)

 

John Petrucci


Grand ménage sur scène puisque John Petrucci se produit en trio sur la tournée, avec un strict minimum de matériel. C'est Mike Mangini lui même qui s'installe derrière les fûts (avec un set bien plus discret que lors des concerts de Dream Theater) ainsi que Dave LaRue à la basse. Malgré les circonstances, pas de Dream Theater ce soir mais des titres de l'album solo de John Suspended Animation sorti en 2005, et quelques inédits. Le grand écran s'illumine d'images spatiales lorsque le trio s'installe dans la pénombre.
 

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Si le volume était contenu lors du premier set, on passe clairement la seconde avec l'arrivée de Petrucci. Les gros riffs ne tardent pas avec ''Wrath of the Amazons'', arrangement d'une pièce classique servant de thème au dernier Wonder Woman. Malgré le côté guitar hero indéniable, on a réellement l'impression d'écouter des morceaux construits et pas forcément uniquement démonstratifs ou dégueulant de technique. Beaucoup de titres tiennent sur des riffs simples mais très efficaces (''Damage Control'', ou ''Jaws of Life'') ou des mélodies surprenantes (''Glasgow Kiss'). John nous fait voyager en quelques secondes, avec un petit côté progressif toujours présent et des sons de guitare dont lui seul a le secret. De la distorsion granuleuse ultra solide aux harmonies mélodieuses, c'est un réel bonheur de voir le barbu américain marteler sa guitare, toujours avec le sourire.
 

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La cohésion de groupe se ressent bien plus ici. John et Dave se baladent et se taquinent, pendant que Mike s'éclate derrière sa batterie. Quelques impros ou changements inopinés de ce dernier feront se retourner ses collègues, pour un départ de fou rire général. Plus de poursuite centrée uniquement sur le front man, ici tout le monde est au même niveau avec solo de basse et de batterie inclus. Quelques interventions au micro de John histoire de briser la glace, et pour rappeler que c'est son tout premier passage dans la jolie ville de Bordeaux.

 


Si son album solo sonne vraiment bien en live, deux titres sont à part et inédits en plus de l'intro : The ''Happy Song'' et ''Glassy-Eyed Zombies'', un futur nouvel album solo en vue ? L'écran géant est de plus en plus utilisé avec des décors dynamiques et calés sur la musique. On voyage dans l'espace ou à travers des villes ravagées à la mode post-apocalyptiques, le tout accompagné d'un son plus net, tranchant et puissant, mais avec, il semblerait, encore une petite réserve de volume disponible.

Le set de cinquante minutes passe en un claquement de doigts, et il est déjà temps pour le trio de quitter la scène sous un tonnerre d'applaudissements. Nul doute que malgré la machine énorme qu'est Dream Theater, John Petrucci en a encore énormément sous le pied pour régaler un public avide de folles montées chromatiques, et qu'il a indéniablement sa place dans ce G3 2018. Mais voilà que le maestro de la soirée s'avance...

Setlist:
Wrath of the Amazons (Rupert Gregson-Williams cover)
Jaws of Life
The Happy Song
Damage Control
Glassy-Eyed Zombies
Glasgow Kiss

 

Joe Satriani


Assez peu de changement sur scène depuis son dernier passage au théâtre Femina il y a deux ans, si ce n'est le cadre et le changement de batteur: Marco Minnemann laisse sa place à Joe Travers, et sera sûrement le seul point négatif de la soirée. Si Minnemann savait rehausser et marquer les morceaux du guitariste, Joe Travers s'efface pour se fondre dans les compositions, avec un petit manque de relief ou de folie palpable avec la formation précédente. Brian Beller est toujours à la basse et le dieu vivant Mike Keneally alterne entre claviers et guitare.
 

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Le show monte encore en intensité comme en volume, volume qui a bien dû doubler entre le set d'Uli et de Joe. Si le début du show était plutôt tranquille avec Uli Jon Roth, le set de Joe Satriani n'a pas été conçu dans le même objectif. L'écran géant est exploité à chaque morceau, les éclairages dynamiques tournent à plein régime en anticipant la position des musiciens, les flashs aveuglent la foule... Le matériel est à la hauteur de la salle et de l’événement sans aucun doute, avec un superbe rendu global à chaque instant.
 

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Le maître est donc bien là, armé de ses lunettes habituelles, de son stack Marshall et de ses guitares prêtes au combat. C'est le dernier album ''What Happens Next'' qui sera clairement mis en avant, sans passer par de traditionnels hits du monsieur, car seuls ''Summer Song'' ou ''Satch Boogie'' seront de la partie. Pas de ''Ice 9'', ''Crowd Chant'' ou ''Crystal Planet'', mais pas de quoi décourager le public bordelais qui n'attendait que lui.
 

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Égal à lui-même, Joe Satriani n'est toujours pas décidé à faire de fausses notes. Tout y passe, du tapping au jeu avec les dents, la maîtrise est totale et sans concession pour lui comme pour ses musiciens. Car si les titres du dernier album passent bien l'épreuve du live sans avoir encore l'impact des grands classiques de notre alien chauve, tout l’intérêt de voir Joe Satriani réside également dans l'improvisation de son équipe autour des titres. Quel bonheur de voir Bryan Beller headbanguer en haranguant la foule, mais Joe peut surtout se reposer sur quelqu'un qui pourrait largement ''valoir'' autant que lui, le grand Mike Keneally: véritable couteau suisse, c'est lorsqu'il lâche ses claviers pour s'avancer guitare en main que l'on se rend compte du potentiel monstrueux du bonhomme. Les duels acharnés entre lui et Joe relèvent de l'épique, comme hors du temps, et nous avions déjà été soufflés lors de leurs précédente date à Bordeaux. Rebelote, sur le titre bien nommé ''Super Funky Badass'' rallongé pour l'occasion. Un temps fort qu'il ne fallait rater sous aucun prétexte...
 

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Le public se soulève à chaque fin de morceau, réservant un accueil apparemment inattendu par l'équipe qui applaudit le public bordelais à son tour. Les harmonies de ''Thunder High on the Mountain'', le décor vidéo japonais en fond durant ''Cherry Blossoms'', la fin allongée de ''Satch Boogie'' suivie des présentations des musiciens par Joe lui-même, l'ensemble du show est remarquable pour les fans de longue date du guitariste comme pour les néophytes. Et voilà que les roadies s'approchent de la scène avec quelques amplis de plus...

Setlist:
Energy
Catbot
Satch Boogie
Cherry Blossoms
Thunder High on the Mountain
Super Funky Badass
Circles
Always With Me, Always With You
Summer Song

 

Jam Final


Que serait une tournée du G3 sans le traditionnel bœuf final ? Le groupe de Joe se recule pour le retour de John Petrucci et d'Uli John Roth, pour quelques minutes de plus de démonstration. Le trio se tient maintenant face au public girondin avec trois derniers classiques du rock comme final, piochés chez Deep Purple, Hendrix et Led Zeppelin. Le chant est tenu le plus souvent par le chanteur guitariste d'Uli, Niklas Turmann, avec un timbre qui colle de suite bien plus à ces titres-là d'ailleurs.
 

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Il est amusant de contempler en direct trois visions différentes d'un même morceau, plus ou moins de trois époques différentes, avec des sons de guitare correspondants. De la distorsion ronde et chaude d'Uli à celle tranchante et agressive de Petrucci, on voyage dans le temps en changeant de guitariste. La bonne humeur est de mise avec de beaux clichés à la clef, et des solos à l'unisson entre les trois musiciens. Seul l'ex-Scorpions semble parfois détaché de tout cela et un peu plus dans son coin, avec une grosse différence de volume entre lui et les deux autres.
 

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''Immigrant Song'' s'éternise pour accueillir le groupe d'Uli John Roth au complet, Joe Satriani prêtant volontiers sa guitare pour quelques notes. Dernière standing ovation pour tous les musiciens et un salut général, les premiers rangs s'arrachant les rares médiators restants.

Setlist:
Highway Star (Deep Purple)
All Along the Watchtower (Bob Dylan / Jimi Hendrix)
Immigrant Song (Led Zeppelin)

Ce plateau pouvait intriguer, mais il en valait la peine. Trois époques, trois styles vraiment différents, pour une tournée inédite qui aura gâtée la France. Le public bordelais aura répondu présent malgré une date le lendemain à Toulouse, une manière de dire que les guitaristes auront encore bien du travail dans nos contrées...

Crédit photo: Draksmoon Julie Warnier
Utilisation interdite sans accord du photographe.

 

 



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