Après la soirée du second jour, et avec le soleil qui est revenu, quoi de mieux qu'un bon décalaminage des feuilles pour démarrer ce troisième jour?
tRuKKs
Par Yannick kRockus
C'est la mission dévolue à Trukks, quatuor du coin, une bande de p'tits jeunes qui viennent tout juste de décrocher le bachot. Nourris au Grunge et à tout ce qui envoie de la saucisse de Morteau. Les quatre mômes ne font pas dans la dentelle. Son très gros, énergie puissance 50, les festivaliers qui arrivent sur le site sont servis d'emblée. Deux guitares, basse batterie, le micro qui circule, et les premiers pogos du jour. J3, ça commence bien.
La scène de la Loggia se confirme donc comme la scène des révélations Rock. Un set survitaminé, une rage et une envie pleine de fraîcheur, un jeu instinctif. Bref une prestation qui annonce du bon. Pas étonnant de les retrouver dans les mois à venir avec les Johnny Mafia ou les Pogo Car Crash Control... TRuKKs, à suivre.
BCUC
Par Yann Landry
Nous découvrons avec plaisir sous le chapiteau de la Greenroom, sept musiciens originaires de Soweto, Afrique du Sud, venus pour le Bantu Continua Huhuru Consciousness. Les percu, grosse caisse, tam tam, un tambour, en avant, en font, partout pour nous prendre d'emblée aux tripes, deux petites maracas pour le chanteur et la chanteuse qui servent une afro funk punk. Une fusion de style allant même jusqu'à de la techno transe sans electro, mais organique.
Les voix se répondent dans un appel à la transe. Le chanteur a un charisme fou, il habite la scène et son intensité nous attrape le regard à tous, en même temps, les bras écartés, il va nous enserrer avec force dans une danse dramatique. Derrière, un bassiste précis, rapide et métronomique à cinq cordes apporte groove et rondeur au piquant des percussions. La chanteuse armée d'un tambourin vocalise et nous enivre, chaleureuse.
Tout est là pour être pris de tremblements de danse transe. C'est un show musclé, intense, auquel le public adhère, répondant par hurlements et claquements de mains réguliers, comme un seul homme. Nous ne sommes pas prêts d'oublier la rage et la force du chanteur et globalement ces sept BCUC. Qui finissent avec un "That's the sound of da Police" (vous savez ce morceaux repris par Cut Killer avec son hallucination auditive "Assassins de la Police") aux sirènes faites bouche. Le public est hyper réactif, ce qui émeut le chanteur, ravi, et qui enchaîne avec encore plus de force.
"Don't stop the music !"
Touts
Par Yannick KRockus
Le Punk-rock vit encore. Pour preuve, le trio Irlandais Touts est venu partager leur envie d'en découdre. Basse, batterie, guitare, l'essentiel, pas de superflu. Direct dans la face, les festivaliers s'en prennent une tranche dès leur arrivée sur le site.
Une tentative avortée de communication avec le public, vite avortée, l'accent Irish n'y est sans doute pas étranger. Le mélange des accents franc-comtois et irlandais se fera à coups de guitare. Du coup, on regrettera un peu les blancs entre les morceaux, mais on se sera vite consolé par les titres joués. Ça va vite, Punk-rock canal historique. Efficace. Batterie à fond, guitare sans fioritures, basse bastonneuse. Tout y est, le pogo s'intensifie au fil du set, même si l'énergie déployée sur scène aurait pu s'achever par un embrasement plus général. Les Eurocks, un public sage...
Un dernier titre, reprise de "Gloria", rallongée à souhait, avec solo de batterie et slam de batteur intégré, comme un feu d'artifice... Touts nous aura fait revivre les Clash, sans nostalgie, mais avec une vraie envie. Touts, comme envie d'en reprendre un peu...
At The Drive In
Par Yannick KRockus
22h, Green Room. Le chapiteau est surchauffé, et attend les texans de At The Drive In. L'ambiance monte, ça crie, ça hurle... Et voilà la bande à Cedric Bixler qui s'avance. Intro musclée, on n'en attendait pas moins. Et là, c'est le drame...
Petit incident technique, un ampli en panne, ça peut arriver. Mais là n'est pas le point. Non, le souci est ailleurs. At The Drive In nous a délivré ce soir une bouillie sonore. Un son indigne. La batterie et la basse s'en sortent pas trop mal, même si la dose d'infrabasse a été prévue pour un éléphant. Pour le reste c'est un mélange suraiguë et inaudible, voire douloureux.
Franchement dommage, car sinon le show est là. Que ce soit en postures, jetés de pied de micro, qu'au niveau de la qualité du jeu, il y a vraiment matière à passer un bon concert. Pas mal d'anciens titres au répertoire, issus du fameux Relationship of Command, des titres plus récents aussi, mais surtout ces acouphènes qui menacent...
Queens Of the Stone Age
Par Yann Landry
L'équipe de Josh Homme débute son concert dans la fumée et les tubes néon flexibles dressés entre les musiciens. Pas de complication pour la setlist, Villains, le dernier opus est bien représenté dès le début et avec quatre titres présentés (quand ce sont cinq titres de Songs for the Deaf qui seront le plus représentés). La foule hyper compacte s'agite sur les singles du dernier album. Avec ses lumières blanches et rouges, le concert joue sur les ombres et lumières, laissant (trop) souvent les musiciens en contre-jour.
Au quatrième morceau, le batteur, John Theodore, déglingue un solo tout en percussion, assez lent et dense, qui claque, faisant hurler le public. Si Josh tente quelques "merci beaucoup", il nous en reste pas moins antipathique. Alors qu'il arrive du Mainsquare hier à Arras, Homme mène son show à l'Américaine, pro et carré, voire rigide. On ne sait plus où est le plaisir là-dedans. 19ème date en pile un mois en Europe dont cinq en six jours. C'est une machine de guerre très huilée mais vous pourrez lire le live report de La Grosse Radio du festival Mainsquare pour voir que le show était identique, enfin nous supposons, mais nous mettons une pièce sur un même show, millimètré.
Josh joue avec ses tubes néon, gigotte, tripote sa gratte en association avec Dan Fertita dont la maîtrise n'est plus à vérifier. Ça manque de vie, mais le public kiffe ce stoner rock décapant, sans temps mort. Après la claque BCUC cette après-midi, le côté robotique des Américains qui se sentent "so fuckin' alive" nous apparaît bien triste. C'est la grosse tête d'affiche rock du festival, on attend rien de moins qu'un show énorme, mais c'est peut-être trop, enchaîner les concerts de deux heures et plus en festival comme Foo Fighters est usant, ici ça passe bien, trop bien. Sont-ils bien vivants sur scène ? Sont-ils des hologrammes ? Dans cette lumière stroboscopique, on pourrait se demander. On ne sait pas, pas le temps de vérifier, ça passe vite, et derrière la batterie s'agite avec férocité, soutenu avec brio par Michael Shuman à la basse. C'est d'un professionnalisme fou. Mais est-ce encore bien ça le Rock ?
Toutes les photos de cette journée dans cet album complet
Crédits photos : Yann Landry
