Guitare en Scène jour 3 : Zucchero, Thorbjørn Risager & The Black Tornado, Christophe Godin’s Dirty Blues Band, Holophonics, The Mirrors

On serait tenté de vous parler de météo, du fait qu'on aura eu beau soleil et farniente au lieu de la pluie de la veille, mais jusqu'à preuve du contraire, on n'est pas deux mémés sur un banc qui n'ont rien à vous dire. Au lieu de ça, on va vous parler rock'n'roll, blues infaillible et chapeaux cylindriques. C'est bien mieux, non ?

 

Holophonics

Voilà en finale du tremplin du festival un groupe qu'on aime bien à La Grosse Radio. Leur dernier album, sorti en février cette année a été chroniqué dans nos colonnes. On les a voulu en festival, les voilà:

Les cinq gars (Steph Picot au chant, Ludo Chabert à la basse, Mike Pastorelli à la batterie, Yann Bojon et Greg Loviton à la guitare) nous servent un Rock bien lourd infusé de Metal efficace et sans détour. La corde de mi de la basse est particulièrement solicitée, pour un son rond et lourd, qui resonne dans l'occiput, pendant que de bien sentis coups de double pédale à la grosse caisse font trembler nos viscères.

Un type avec sa guitare, Yann Landry, Metal, T shirt Noir

Si le mix a eu pour défaut d'avoir mis la voix de Steph trop en arrière, défaut qui sera compensé quand il poussera fort sur sa voix pour des hurlements rugeux. Le set alterne des morceaux à forte influence Metal, aux sonorités très lourdes mais poussées en avant par les riffs de guitare en boucle d'arpèges rapides et par la batterie savament assassinée, avec d'autres plus enlevés, "Fast Forward" par exemple. Ses guitares en nappe, sa batterie plus joyeuse, le chant vocalisant soutenu par la guitare solo, qui se traduit dans le public par quelques headbangers joyeux! Sur les morceaux les plus lourds, vos serviteurs de la rédaction se lanceront dans un Wall Of Death de la mort, à deux... Ne vous y trompez pas, le public etait bien présent, et visiblement réceptif, mais depuis trois jours on a pu se rendre compte que le public genèvois est comme ça: attentif, studieux, généreux en applaudissements, mais pas très mobile.

#jeprendslapose, yann landry, metal, rock

Trève de digressions, Holophonics clôt le set avec d'abord un morceau de leurs débuts il y a 13 ans, tout en guitares harcelantes et batterie entêtante, qui monte en puissance. Le der' des der' sera bien Rock'n'Roll, avec des solos endiablés, accélérations et roulements de batterie!

 

 

Thorbjørn Risager & The Black Tornado

20 heures, c'est sous la tente de la scène Chapiteau que le public commence à se rassembler pour la première tête d'affiche du jour. Venus d'une contrée réputée pour la rudesse de ses hivers (et non pour les étés chauds propices à l'écriture de blues profonds), les danois Thorbjørn Risager et son groupe The Black Tornado investissent la scène pour présenter leur blues dansant. La sauce prend très rapidement et bien vite la foule se met à danser.

Mister SWAG, Throjbon, Yann Landry, Blues, Nord

Le septuor prend tout l'espace de la grande scène : la section des instruments à vent côté gauche (Peter W Kehl à la trompette et Hans Nybo au sax, qui nous gratifiera d'une fort belle danse érotique toute en subtilité) devant Emil Balsgaard aux claviers, les guitaristes côté droit (Peter Skjerning à la guitare électrique et Søren Bøjgaard à la basse) ; Thorbjørn au chant avec sa guitare au centre devant les fûts de Martin Seidelin. Plein de monde pour jouer et jammer sur du blues ouvert et joyeux à la croisée entre les Blues Brothers et le E Street Band de Bruce Springsteen, on ne va pas s'ennuyer !

Tout le monde s'amuse, The Black Tornado, section cuivres

Et effectivement, sur scène c'est vraiment super efficace : les membres jouent ensemble et échangent plein de regards complices et de sourires. Le rôle de soliste tourne comme dans une vraie formation Jazz, et à chaque départ en solo les membres se retournent vers celui qui s'exprime, on sent le groupe qui prend vraiment du plaisir à dévorer la scène. Tout le monde prend régulièrement la pose, des guitaristes qui posent le pied sur les amplis pour leurs solos à Peter et Hans qui se dandinent en rythme avec le groove en et n'hésitent pas à assurer les choeurs lorsqu'ils n'ont pas de lignes de sax et de trompette à jouer. Le spectacle est assuré.

Sexy Hans avant le strip-tease, Sexy Dempsey, sax sex, Yann Landry, Blues , Jazz Denmark

Le groupe défend bien le dernier album en jouant pas mal de nouveaux titres et assure son set d'1h15 sans aucun souci, et prend régulièrement la parole entre les titres pour dire quelques mots en Français. On apprécie l'effort. On regrettera juste la tente assez loin d'être pleine même à la fin du show, et un mix pas très proprement rendu dans la tente (le sax et la trompette semblaient en retrait en dehors des passages en solo), alors que les écrans extérieurs sortaient, eux, un son parfait.

 

The Mirrors

Les malchanceux The Mirrors de la veille, qui avaient été annulés à cause du gros temps se trouvent reprogrammés aujourd'hui, entre les sets de Thorbjørn Risager & The Black Tornado et celui de Zucchero. Ils l'avaient bien mérité leur place en finale du Tremplin du festival, il aurait été dommage de finir hors course pour quelques gouttes. Le Duo Angevin, Sarah Nadifi au chant et à la guitare et Corentin Bossard à la batterie plantent le décor. Ici, c'est brut et sans détour. Une basse? Pourquoi faire? Tout se passe entre la voix ample de Sarah, secouée par sa guitare et l'attaque brutale de Corentin à la batterie.


#violence, #pasviolence, Faut pas chanter Corentin, Liam Gallagher, Yann Landry, Meg White

Nous les avions déja vu il y a un an et demi, et c'est un plaisir de voir que la mise en place de leur set ainsi que leur technique de jeu se sont notablement améliorés. Il y a encore quelques points à travailler (la voix de Corentin, qui supporte de ses choeurs Sarah, doit gagner en justesse) mais la densité du jeu, servie par des compositions assez sombres, parfois se rapprochant du Stoner sur "What's my Brain's Brain", aux mélodies lourdes et hypnotiques, rattrape largement ce défaut.

cheveux en l'air, Jack White, Popolopopopo, Yann Landry, Rock

Le duo nous offre leur energie, leurs compositions et textes tortueux, faisant de leur set une espèce de voyage interieur, évoluant entre balades grinçantes qui finissent mitraillées par la batterie décidément bien malmenée de Corentin (qui finira le set debout, fracassant ses fûts rageusement) ; et Rock de fin du monde, où la guitare de Sarah a l'air de vibrer pour la toute dernière fois. Vous l'avez bien compris,  The Mirrors est un duo à suivre, il promet encore une sacrément belle évolution, alors on leur dit à la  prochaine!

 

Zucchero


Sur la scène Chapiteau se tient le premier gros concert du festival. Gros dans le sens où pour la première fois depuis ces trois jours, il est beaucoup plus difficile de se mêler au public une fois les premiers morceaux commencés. On ne sait pas si l'affluence de la journée a affiché complet, mais une chose est sûre, le public est venu en masse pour accueillir Zucchero. Avec un set dépassant les deux heures, l'Italien saura leur rendre leur passion, malgré un côté peut-être un peu trop calme pour le genre représenté.

joli chapeau, #faislatronche, Yann Landry, POP

En effet, le répertoire de Zucchero ayant un caractère très dansant, il sera dommage de voir que tout le monde restera assez statique sur scène. Les musiciens sont tous fantastiques, il n'y a pas une note à côté et ça ne joue pas qu'un peu, mais le manque d'interactivité aura pour conséquence une prestation assez froide, où Zucchero est seul au seuil de la foule devant un pied de micro dont il ne se déloge jamais, les musiciens restant dans le fond de la scène. Il faudra attendre les trois quarts du concert pour avoir le premier vrai discours du chanteur et, étrangement, un véritable réveil. Le dernier quart du concert sera beaucoup plus énergique, les musiciens s'approchant du bord de scène, jouant avec le maître de cérémonie qui tout à coup danse, sautille, et prend un certain plaisir qui deviendra immédiatement communicatif, l'auditoire devenant peu à peu une salle de bal enjouée. Le concert que l'on aurait aimé voir pendant deux heures, en somme.

cow-girl au violon, country, Bud Spencer, Yann Landry, POP

Mais s'il n'y avait que peu à se mettre dans les pattes niveau énergie, l'interprétation n'est pas des moindres. Totalement en voix, Zucchero pourra autant monter dans les aigus sur son classique "Il volo" que jouer de son timbre éraillé, nuancer morceaux mid-tempos, entre pop et country music, et des balades douces. La chaleur italienne se ressent à cet instanté, où il suffit de fermer les yeux pour réellement sentir ce qui se passe dans les titres. Évidemment, lors de l'envolée finale où la scène entre enfin en transe, tout prend du relief, entre l'apparition sur écran et bande de Luciano Pavarotti pour "Miserere", où l'hommage attire de fortes émotions, ou le "Senza Una Donna" final, attendu par les fans, qui finit d'apporter une touche de joie faisant partir les festivaliers le sourire aux lèvres.

Appel au peuple, je vous ai compris, Yann Landry, les poux les poux, POP

Un manque d'énergie certain, qui repousse malheureusement ceux qui ne connaissent pas bien l'artiste, qui pour sa part a étudié son set pour un public qui lui est acquis et qu'il n'a pas besoin de convaincre. Dommage tant l'interprétation est toujours aussi puissante, et mérite largement sa place en tête d'affiche de festival. On commence à se diriger vers la scène Plug And Play, observant ceux venus juste admirer la star se diriger tranquillement vers la sortie. Dommage pour eux, la claque Godin était clairement à voir.

 

Christophe Godin's Dirty Blues Band

Banquier, Société Générale, placement de produit shampooing, Yann Landry, Dirty Blues

Quand la bande de potes monte sur scène et commence à chauffer le public, on sait qu'on va passer un super moment. Christophe Godin et ses acolytes (dont Ivan Rougny, son bassiste de toujours) ne répètent ensemble que depuis peu, pourtant l'alchimie est clairement palpable : Henry Sérafini et Christophe se partagent les solos et les parties vocales, avec une section rythmique endiablée, composée des lignes de basse qui tabassent d'Ivan et du jeu particulièrement technique du batteur Maxence Sibille (prof de batterie à l'ETM de Genève). La guitare de Godin est dorée et brillante, une de celle d'Henry est de couleur vert pomme. Les chantres du bon goût sont dans la place !

coucou Dieu, ça va là -haut ?, pourtant j'y crois pas, Yann Landry, placement de produit opticien, Blues

Au menu de ce set : du blues, des compos et des reprises, le tout dans une formidable bonne humeur (pas étonnant quand on connaît les interventions de Christophe). Homme présent dans le festival pratiquement depuis le début, Christophe ne tarit pas d'éloges pour l'équipe organisatrice de Guitare En Scène. Sur le plan musical, on alterne entre les titres énergiques, rythmés et dansants, et quelques-uns plus lents et posés, systématiquement prétextes à la prise de pose "Godin fait la moue" et aux solos techniques et rapides.

héhé je suis content, bande de chauves, placement de produit Steradent, basse, Blues, Yann Landry

S'il faudrait probablement compter chaque frette appuyée pour en être sûr et certain, il y a fort à parier que toute la guitare de Christophe a été utilisée ce soir. Un vrai régal pour tout amoureux de la guitare qui se respecte, avec harmoniques et groove. La bande fait honneur à Frank Marino, bluesman canadien injustement peu connu en reprenant "Maybe It's Time" de son album Juggernaut, et finira son set principal sur une reprise grasse et lourde du "Mistreated" de Deep Purple, qui trouvera un certain écho dans le public. Jusqu'à la fin du set, l'ambiance est là sur scène et dans la foule, finalement encore assez nombreuse à cette heure avancée. C'est avec bien vingt minutes que le set se termine pour laisser place à la Jam.

tag à  mettre, tagada tsoin tsouin, gutten tag, ta gueule, Yann Landry, Tagada Jones

"Bon, on sort et vous nous rappelez ou on enchaîne ?" Et hop, c'est parti pour la surprise. On ne peut pas vraiment dire qu'on ne s'y attendait pas, puisque c'est encore Uli Jon Roth qui vient investir la scène pour deux morceaux. Comme l'avant-veille avec Satriani, c'est premièrement "All Along The Watchtower" qui sera interprété, cette fois-ci dans une mise en place plus improvisée puisqu'Uli donnera la grille d'accord oralement aux musiciens et fera des signes de tête à Maxence pour lui annoncer l'arrivée des breaks.

plus de bandana, il va aller uli, pépé, ouhlalahilévieu, Scorpions, Blues, Christophe Godin, Yann Landry

Sauf que contrairement à la jam annoncée en premier lieu, on assiste plus au "Uli Jon Roth show" qu'autre chose, le guitariste allemand étant le seul à accaparer tout l'espace musical et à balancer des solos interminables. Et si c'est un véritable plaisir de l'entendre jouer du Hendrix, le deuxième morceau choisi étant "Little Wing", on se dit que c'est dommage de relayer Christophe Godin et Henri Sérafini aux rangs de guitaristes rythmiques, là où de belles improvisations auraient pu avoir lieu.

tu vas prendre ce soir, je suis possédé, Yann Landry, Blues

La jam espérée aura finalement lieu avec le second invité, autre membre emblématique du festival puisqu'il s'agit de Franck Graziano, qui a entre autres composé l'hymne de Guitare en Scène. "Always On The Run" sera jouée, laissera place à beaucoup d'instants emblématiques, de solos iconiques et autres moments qui nous feront nous envoler sur un final qui nous laisse un des meilleurs souvenirs de ce festival.

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Toutes les photos du jour 3 sont dans notre gros album ici
Et un gros album spécial dédié à The Mirrors ici

Texte : Laetitia Maciel, Félix Darricau et Thierry de Pinsun
Photos : Yann Landry



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