Moins de deux ans après la salle Pleyel, Robert Fripp et sa bande posent à nouveau leurs valises en terre parisienne, cette fois-ci à l'Olympia. Le fait que l'Hexagone les apprécie n'est pas passé inaperçu, et ce ne sont pas moins de trois dates qui sont programmées dans la salle idyllique.
Percussions à l'honneur avec les trois batteries de Pat Mastelotto, Jeremy Stacey et Gavin Harrison sur l'avant-scène. Sur l'estrade arrière, attirail d'instruments : le Chapman Stick de Tony Levin, les saxophones de Mel Collins, les claviers de Bill Rieflin ou les guitares de Fripp. Une salutation discrète, puis place à la musique, introduite par des questions/réponses aux batteries, introduction fortement accueillie avant que les premiers accords ne laissent place au jazz, au rock teinté de folie, au psychédélisme ambiant.
Avec King Crimson, inutile de s'attendre à un quelconque spectacle visuel. Personne ne bouge, tous restent concentrés sur leurs parties, toutes très techniques à interpréter quel que soit l'intervenant. Jakko Jakszyk, officiant à la voix, n'adresse aucun mot à son auditoire. Le seul dialogue prononcé est sur bande, avant le spectacle, pour nous demander de ne pas prendre de photos. Tout est orchestré pour conserver le mystique, et c'est donc dans la musique que le groupe communique avec nous. Il suffit alors de fermer les yeux, se laisser transporter, et il devient impossible de ressentir le moindre ennui.
D'autant que l'interprétation est à ce stade d'une perfection rare. Faisant fi des années (Fripp, Levin et Collins ont tous trois dépassé leurs soixante-dix printemps), chaque musicien se démarque par sa précision infaillible et sa capacité à reproduire ces partitions pourtant si complexes. Les amateurs peuvent alors se délecter de ce rock progressif unique, teinté de jazz et aux nombreux passages ambiants qui ont marqué, et influencent encore cinq décennies de musique moderne.
Prestation séparée en deux sets distincts, les 3h20 de concert [au total] permettent à King Crimson d'étoffer sa sélection de titres, et d'allier piocher à des endroits plus improbables. Ainsi se mêlent aux indétrônables "The Court Of The Crimson King", "Starless" ou encore "Lark's Tongues In Aspic" des titres issus de Beat, de The Power To Believe, d'albums live ou de leur dernier box-set en date, Radical Action To Unseat The Hold Of Monkey Mind. En les mélangeant savamment dans un set qui, s'il change tous les soirs, reste très travaillé, le groupe mêle ses classiques réarrangés pour sa formation actuelle à son idée de la musique moderne. Preuve que si aucun "réel" album n'est sorti depuis 2003, les réarrangements et nouvelles compositions plus rares montrent un groupe tourné vers son évolution, en constant changement.
Peu de surprises. Parce qu'il n'y a jamais de déception dès que le nom King Crimson entre en jeu. Ceux qui les ont vus à Pleyel se laissent à nouveau emporter par des musiciens chez qui les années n'ont aucun impact sur leurs capacités, et ceux venus découvrir prennent une grande leçon de musique par ceux qui encore aujourd'hui sont des références pour de nombreuses nouvelles formations.
Hell Hounds Of Krim
Neurotica
Suitable Ground For The Blues
Indiscipline
Cirkus
Lizard
Epitah
Radical Action (To Unseat The Hold Of The Monkey Mind)
Radical Action III
Meltdown
Radical Action II
Level Five
Devil Dogs At Tessellation Row
Islands
Discipline
One More Red Nightmare
Moonchild
The Court Of The Crimson King
Easy Money
Lark's Tongues In Aspic, Part Two
Starless
21st Century Schizoid man