Longue tournée française pour l'Américaine et son groupe, avec une étape bordelaise très attendue. Le Théâtre Femina est au bord du sold-out malgré un dernier album solo sorti il y a deux ans, et donc l'occasion de varier ses titres et ainsi proposer un gros best-of bien plus rock que sur galette. Le public est plus qu'impatient de rencontrer la belle, mais avant cela, rendez-vous avec la montagne Kris Barras...
Kris Barras Band
L'ancien combattant anglais de MMA accompagne Beth Hart depuis sa précédente tournée, et la configuration acoustique permet de découvrir l'univers du bonhomme en douceur. Ses titres teintés de blues adaptés pour deux guitares folk et percussions résonnent dans le théâtre Femina avec beaucoup de puissance, et c'est un accueil très chaleureux dès le premier titre qui est offert au trio.
La cible est parfaite pour les compos mélodieuses, chargées d'harmonies vocales et de relief de Kris Barras qui n'aura pourtant le temps de jouer que six titres. Bien assez pour voir une partie du public repartir avec un album sous le bras, dédicacé à la sortie du théâtre. Des riffs accessibles comme celui de ''Hail Mary'', taillés pour le live, n'ont besoin que de quelques secondes pour accrocher un public qui ne verra absolument pas passer cette demi-heure.
Sous ses airs de mauvais garçon, Kris sur scène n'est pourtant pas le plus méchant des musiciens. Ses solos de guitare acoustique, son chant bien en place et un jeu de batterie doux (aux balais le plus souvent) détonent avec le côté visuel plus bourrin qu'il n'y paraît. Votre serviteur ayant été conquis sur album, c'est une bonne surprise sur tous les plans en live, et on vous encourage à jeter une oreille. Quelques remerciements au public français pour son accueil sur toute la tournée, et la scène se dégage pour accueillir Beth Hart.
Setlist:
Heart on Your Sleeve
I Got Time
Hail Mary
I’m Gone
Rock ’n’ Roll Running Through My Veins
All Along the Watchtower (Bob Dylan cover)
Beth Hart
La récréation peut désormais commencer. C'est l'effet ressenti lorsque Beth sort des coulisses, grand sourire collé au visage, sourire qui reviendra entre chaque titre devant l'ovation tant prévisible. Elle a décidé de s'amuser, de tout donner, quitte à bousculer la setlist et des musiciens qui vont devoir suivre une cadence infernale. Si le côté jazz plutôt tranquille prévaut largement sur album, cette tournée met l'accent sur le côté rock des compos avec un groupe guitare - basse - batterie uniquement, complété par une Beth pianiste des grands jours. Et même sans connaître une once de répertoire, on ne pourra que rester pantois devant la performance délivrée.
C'est un vrai terrain de jeu qui s'offre à Beth Hart ce soir, avec une avant scène collée aux premiers rangs, un public aux anges et une bonne humeur palpable. Chaque titre est prétexte à une petite histoire, quelques circonstances d'écritures ou confessions, avec une énergie dont beaucoup de groupes bien plus bourrins auraient besoin. L'Américaine gère la distance avec son micro, motive ses musiciens et arpente la scène sans relâche, parfois à genoux ou assise sur le rebord de la scène, cherchant du regard au maximum une foule tapie dans l'ombre, captivée à chaque montée vocale parfaitement maîtrisée.
Car l'essentiel est là: une voix cassée, chaude, présente et prenante, envoyée à un volume conséquent, et magnifiée avec la réverbération naturelle de la salle. L'impact n'a plus rien à voir avec un album, et il est difficile de résister devant tant de puissance et d'émotions. La salle entière se lève pour le titre ''Let's Get Together'' motivée par une chanteuse au plus près des gens, signant un vinyle qui passait par là au passage.
Si c'est évidemment Beth Hart qui mène la barque, on ne peut pas oublier le groupe qui l'accompagne. Même en l'absence de Joe Bonamassa qui l'aide sur une bonne partie de ses titres, le trio présent ce soir pose les bases qui permettent à la belle de s'exprimer, avec de belles heures mais aussi tous les aléas que peut connaître un groupe. En l'absence de claviers, c'est une guitare chargée de chorus et de delay qui s'occupe de nappes mélodiques pour un rendu surprenant. Le duo basse – batterie fonctionne très bien, assez en retrait tout de même. Rien à signaler jusqu'à ''l'accident'' de la soirée... Lorsque Beth récupère une guitare pour le titre ''Boogieman'', quelques moments gênants se font sentir. Tout le monde se décale, se regarde, hésite, et termine le titre à bout de souffle en grimaçant, de quoi sortir un peu du concert malheureusement.
Passé cela il faut admettre que la soirée est proche de la perfection. Le rappel à capela sur ''As Long As I Have a Song'' et le final tiré du dernier album ''Love is a Lie'' achèvent une foule qui en aura eu pour son argent. Beth salue avec ses musiciens une foule debout et bruyante, et rester encore quelques minutes au pied de la scène donnera droit à quelques baguettes de batterie, médiators et setlist distribués par les techniciens qui s'affairent à ranger le matériel.
Une excellente soirée passée avec une chanteuse toujours très crédible, qui joue avec son répertoire d'une manière différente chaque soir, qui prend beaucoup de plaisir sur scène et sait le montrer. Une nouvelle tournée avec Joe Bonamassa en guest serait un bonheur... On dit ça...
Setlist:
Don't Explain
Better Man
Let's Get Together
Swing My Thing Back Around
Baddest Blues
Might As Well Smile
One Eyed Chicken
Mama
Why Don't You Do Right?
Lifts You Up
Waterfalls
Lullaby of the Leaves
The Ugliest House on the Block
Boogieman
Tell Her You Belong to Me
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As Long as I Have a Song
Chocolate Jesus
Picture in a Frame
Love Is a Lie
Crédit photo: Draksmoon - Julie Warnier
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