On savait depuis longtemps déjà qu'un service comme Spotify était une grosse carotte lancée à la face des musiciens. S'il est devenu un indispensable du fait de sa large utilisation, le site de streaming ne rémunère les artistes que TRES faiblement, à tel point que de nombreux groupes (The Black Keys, Anathema) refusent que leur musique y soit mise à disposition. Mais Spotify et Deezer ne sont que peu de choses face au champion toutes catégories de l'accès à la musique en ligne, à savoir Youtube , racheté par Skynet , pardon Google , il y a quelques temps maintenant.
D’après le bilan du SNEP de l’année 2012, 93% des 15-24 ans consomment de la musique en ligne. 57% accordent leur préférence au visionnage de vidéos, 25% à l’écoute de musique en streaming, et 11% au téléchargement légal. Ces pourcentages se retrouvent dans les services les plus consultés : Youtube est le site le plus populaire et cumule en moyenne 29 millions de visites mensuelles (ce qui représente une progression de 34% par rapport à l’année précédente), devant iTunes et Deezer, qui cumulent respectivement 7 millions (+ 7%) et 5 millions (+ 26%) de visites mensuelles. Pas de contestations possibles, Youtube est très loin devant, et profite assez logi quement de sa position pour créer son propre service payant : on le sait depuis déjà plusieurs mois, il sera bien tôt possible de zapper toutes les publicités via un service d'abonnement payant, pour celles et ceux qui ne connaissent pas les bloqueurs de pub (que nous vous invitons toutefois à désactiver quand vous allez sur des sites à qui vous souhaitez donner de l'argent, notamment ceux des créateurs indépendants).
Dès lors, Youtube , ou plutôt Google, entend imposer ses conditions, des conditions jugées inacceptables par plusieurs labels indépendants qui estiment que le pourcentage proposé est en dessous de tout ce qui s'est fait jusqu'à maintenant. Pas de chiffresà vous proposer, mais si la rémunération est encore inférieure à celle de Spotify, y a du record de profondeur en vue. Les labels indépendants ne représentent certes que 10% du catalogue musical de Youtube, mais ont quelques cartes dans leur manche, comme les Arctic Monkeys et surtout Adele. On peut penser ce qu'on veut de la chanteuse, reste qu'une star de son envergure ne soit pas présente constituerait un gros couac, nuancé par la présence des Rihanna, Beyoncé etc, voire par la décision de la chanteuse de changer de maison de disques à l'avenir pour être de nouveau sur Youtube ? Qui sait.
Surtout, depuis que Youtube a été racheté par Skynet , pardon Google (sans déconner, le jour ou Google rachète Monsanto on a vra iment du souci à se faire), les conditions y sont de plus en plus chiantes et on se rapproche d'une logique TF1. Les youtubeurs (qui publient des chroniques vidéo) doivent s'assurer que X% de leur vidéo est du contenu original, sous peine de voir leurs vidéos supprimées. A croire que bientôt, si vous publiez une vidéo de votre chat avec du AC/DC derrière, on va vous demander des royalties sous peine de supprimer la vidéo de votre félin adoré en train de dégommer votre vaisselle, voire de supprimer votre compte Youtube.
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Si on peut tout à fait comprendre que des ayants droits cherchent à se faire respecter, on en arrive à du fliquage pur et dur et ce genre de messages va se multiplier, à tort ou à raison.
Alors que le service vidéo va se faire des ronds avec son abonnement, il renégocie les tarifs à la baisse avec les musiciens. Sur ce dernier point, restons prudents : Dailymotion se plaignait également des majors du disque il y a quelques années, qui imposaient des tarifs très élevés pour mettre leur catalogue à disposition. Sans davantage de chiffres (forcément délicats à obtenir), il est difficile de savoir précisément qui encule qui et comment.
Reste que la morale de cette histoire est surtout que Youtube n'est pas la seule solution. A l'instar de TF1, la souris-télécommande permet de trouver d'autres réseaux, peut-être pas aussi performants mais pas loin. C'est une fois de plus à nous public de faire preuve d'intelligence et de savoir suivre les programmes que nous aimons sur d'autres plates-formes afin de ne pas donner un pouvoir excessif à certains, et de permettre aux créateurs qui refusent les conditions imposées (et qui deviennent excessives) de pouvoir poursuivre leurs activités ailleurs. Sous peine de voir d'ici quelques années l'Internet ressembler au paysage audiovisuel français. Ou dans 20 ans, de voir débarquer des terminators.