Message d'un artiste-producteur indépendant, auteur de chansons francophones et travaillant depuis plus de 12 ans sur les FM musicales.
L'appel des radios contre le projet de loi du gouvernement (renforcement du quota) me choque. Il est maladroit, malhonnête et méprisant pour tous ceux qui font vivre la musique en France. Bien sûr, on ne devrait pas obliger une entreprise privée à faire autre chose que ce qu'elle décide de vendre, c'est son choix et son droit.
Mais ces radios ont obtenu des fréquences publiques (qu'elles ont acheté, certes) pour promouvoir une seule attitude commerciale. Elles n'ont pas pour vocation d'éduquer, et encore moins de soutenir la créativité et la liberté d'expression. On y parle peu (mais on y rit beaucoup), on y est apolitique et désengagé, et on sert aux auditeurs un divertissement amusant et confortable sur la base de recettes établies et testées par des consultants bien payés. Bref, tout roule.
Pendant ce temps, beaucoup d'artistes écrivent, rencontrent d'autres musiciens, enregistrent et jouent pour unifier les gens autour d'une valeur précieuse : La Musique. Ceux qui l'écrivent en français, en France ou ailleurs, ont à coeur d'être écoutés doublement : pour le texte et le son.
Les textes, des plus idiots aux plus savants, ne sont pas anodins. Ils s'apprennent, ils se retiennent, ils se transmettent. Ils font rire ou pleurer, ils fédèrent ou énervent. Les valoriser avec une mélodie ou un rythme leur donne une portée plus importante. A valeur musicale égale, une chanson en français aura plus d'impact sur nos concitoyens qu'avec un texte anglais (les rapeurs l'ont bien compris).
C'est cette valeur que le gouvernement veut sans doute défendre, si j'ose leur prêter un peu d'altruisme et de vision... et peut être que je me trompe, mais les FM musicales devraient se poser cette question : si leurs auditeurs se sentent concernés par leurs radios préférées, c'est parce qu'ils y attendent de la proximité, de l'attention. C'est exactement le même but qu'ont tous ces bons auteurs, chanteurs et producteurs francophones si peu entendus sur ces ondes aux milliers de fréquences qui balaient la campagne (encore faut-il sortir du studio).
Si j'étais patron de radio, je me moquerais de cette loi en passant (ne serait-ce qu'une semaine) ... allez ... 60% de chansons francophones ! Ca, ce serait rock n' roll (en français : bouge et remue) !
ZEBRA
