Pour ceux qui n'ont pas suivi l'affaire ou qui n'ont pas bien saisi l'importance de cette polémique autour des quotas. La loi oblige les radios française à diffuser un pourcentage de 40% d'oeuvres chantées en français.
Cette loi, qu'on soit d'accord ou pas avec, qu'elle soit utile ou à aménager, est une réaction des autorités devant le manque d'entrain des radios à diffuser des oeuvres chantées dans la langue de Molière, pour éviter que les ondes soient totalement et à 100% au service de la musique anglo-saxonne, elle a été votée en 1994 pour une mise en place en 1996.
Des années plus tard, et pour faire simple, les autorités remarquent que les radios ne jouent pas le jeu franchement et qu'en général, elles se contentent de trouver quelques artistes francophones qui cartonnent pour les diffuser 10 ou 15 fois par jour. C'est ce qu'elles appellent respecter la loi. Effectivement, la loi est respectée (même si le CSA publie très régulièrement des mises en demeure concernant des opérateurs qui sont loin de respecter ce quota de 40%).
Il n'en reste pas moins qu'on en arrive à une situation insatisfaisante dans laquelle le SNEP annonce que : "10 titres représentent à eux seuls 75% des diffusions de nouveautés francophones". L'organisme rappelle aussi qu'entre 2007 et 2014, les programmations annuelles d'oeuvres francophone ont chuté de 24%, ce qui représente quelques 228 titres en moins. Pour en finir avec les chiffres, le SNEP rapporte un chiffre de 70% des auditeurs de 15 à 34 ans qui pensent que la programmation n’est pas assez diversifiée.
Dans le cadre de la loi "Liberté et Création", un amendement vient d'être adopté, il prévoit de ne plus comptabiliser les chansons lorsqu'elle représenteront plus de la moitié du quota légal.
Dans cette histoire, on demande donc aux radios de diffuser un tout petit peu plus de titres différents pour laisser un tout petit plus de place à d'autres.
Intolérable pour ces radios ! La rispote ne s'est pas fait attendre, un collectif s'est monté, faisant fi de leurs habituelles guéguerres sur les chiffres d'audience. Cette ronde enfantine constituée par l’ensemble des radios du groupe NRJ (NRJ, CHERIE FM, NOSTALGIE, RIRE & CHANSONS), le groupe RTL (RTL, RTL2, FUN RADIO) et les 140 radios indépendantes membres du SIRTI (Syndicat
Interprofessionnel des Radios et Télévisions Indépendantes) a lancé une grande campagne d'intimidation des autorités et de mobilisation des leurs auditeurs.
Jusqu'ici, rien à dire, Monsieur A n'est pas d'accord avec Monsieur B, donc Monsieur B dit qu'il n'est pas d'accord avec Monsieur A, qui, en général s'en tape.
Mais on se rend compte rapidement d'une divergence entre le problème que pose cet amendement aux radios et la manière dont les radios l'expliquent à ceux dont elles demandent le soutien, l'action et l'activisme.
"Appelez-le Ministre et dites-lui #alaradiojecoutecequejeveux"
Et c'est parti dans les larmes de crocodiles et les messages anxiogènes exagérés. Twittos et Facebookos sont sollicités sur les réseaux, les auditeurs sont alertés par des messages audio à l'antenne, le sujet entre même dans les flashs info, etc...
Exemples de tweets publiés par le collectif :
Un projet de loi menace vos radios & les titres français que vous aimez !! Les radios doivent rester libres !! #ALaRadioJecouteCeQueJeVeux
— NRJ (@NRJhitmusiconly) 25 Septembre 2015
Ne laissez personne vous dicter la musique que vous â¤ï¸ #ALaRadioJecouteCeQueJeVeux pic.twitter.com/WtRngYKmlG
— NRJ (@NRJhitmusiconly) 25 Septembre 2015
"A la radio j'écoute ce que je veux ?"
Vraiment ? Bien sûr que non, à la radio, par définition, on écoute ce qui passe. Si on aime on reste si on n'aime pas on bouge.
â–º Nous proposons plutôt : "A la radio, j'écoute ce que la radio veut que j'écoute"
"Ne laissez personne vous dicter la musique que vous aimez !"
On s'étranglerait bien de rire mais la consternation nous en empêche.
Le plus gros groupe de radios musicales de France, NRJ, le sacro-saint "number one", l'incontournable, qui nous irradie de ses choix musicaux selon la méthode de l'ultra matraquage depuis 30 ans, celui que des dizaines de radios suivent, celle qui fait la pluie et le beau temps vous met en garde contre ceux qui voudraient imposer leurs choix ! Mais qui impose quoi à qui si ce n'est ce mastodonte à l'icône de panthère ? Qui pilote NRJ, Chérie FM, Nostalgie, Rire et Chanson ? Qui truste l'offre avec son bouquet de 150 webradios ?
Qu'on ne se méprenne pas sur mes intentions, je ne remets pas en cause l'existence de radios commerciales en tenant ces propos, je m'étonne simplement que les plus gros prescripteurs de musique de France (j'ai pris NRJ en exemple parce que cette radio est une icône et emblématique du sujet qui nous occupe aujourd'hui) crie au scandale parce que l'industrie du disque et les autorités voudraient un peu plus de places pour d 'autres artistes !
â–º Nous proposons plutôt : "Ne laissez personne d'autres que nous vous dicter la musique que vous aimez"
"Atteinte à la liberté d'expression !"
Le terme magique, le sésame à levées de boucliers en plastique. On le sait, depuis les évènements qui troublent notre époque et qui sont autrement plus graves que le pré carré médiatique de quelques opérateurs, il suffit de prononcer la formule magique de "la liberté d'expression" pour recueillir en un tournemain compassions, soutiens et engagements.
En quoi la liberté d'expression serait-elle menacée ici ? Parce qu'on demande aux radios de diffuser un peu plus de chansons en français on baîllonerait un média ? Qui prive la liberté d'expression de centaines d'artistes en leurs refusant la moindre exposition médiatique dans ce secteur complètement verrouillé par ceux qui jouent la victimisation ?
Pour vous, car je doute que vous l'entendiez sur une des radios participantes à cette opération, un des spots de combat. Celui-ci nous laisse entendre que les radios ne pourront plus diffuser Christine & The Queen. Tu parles ! Clique et marre-toi.
â–º Nous proposons plutôt : "Je suis NRJ" ou "Je suis SIRTI" histoire de bien récupérer les drames récents.
Si cet amendement n'est pas retiré ça va chier, ce sont en substance les propos du big boss des antennes du groupe NRJ, qui prévient, et ses propos sont rapportés dans Télérama : « Si la mesure devait malgré tout être adoptée le 28 septembre, prévient enfin Gaël Sanquer, les radios envisagent une grève des quotas en ne remplissant plus leurs obligations légales en matière de diffusion ».
Donc, si je comprends bien, si la loi veut continuer à obliger les radios à diffuser plus d'artistes francophones différents, et bien elles feront la grève, empêchant de fait leurs auditeurs d'entendre ce qu'ils veulent à la radio, de diffuser la musique qu'ils défendent, le tout en se privant elles-mêmes d'une partie de leur liberté d'expression. On dirait du Pagny quand il gueule sur les impôts non ?
Notre indignation à nous, éditeurs associatifs du bouquet de webradios La Grosse Radio, c'est cette manipulation qui ne vise, et tout le monde l'aura compris, qu'à protéger le revenu publicitaire de ces chaînes qui n'ont pour seul dessein que le profit et la rentabilité.
C'est bien leur droit et nous sommes tout à fait enclin à comprendre qu'il faut des radios de tous styles, pour tous les publics, pour toutes les musiques. Nous, nous le comprenons, eux non. Ces radios, et quoi qu'on pense de leurs lignes éditoriales sont de belles réussites. Mais prendre en otage ses propres auditeurs, les hypnotiser pour qu'ils appellent le ministre en soutien à leur radio préférée en étant porteur d'un message qui n'a rien à voir avec le but recherché nous parait quand même un peu discutable.
Nous sommes pour la diversité culturelle, pour le pluralisme. Nous rappelons bien respectueusement à ces opérateurs que les fréquences qu'ils utilisent appartiennent au service public, donc à nous tous, citoyens, et que le législateur est tout à fait dans sa mission lorsqu'il veille au bon emploi de ce bien public.
Que les ondes soient privatisées (encore que la manière dont ces réseaux se sont constitués est plus que discutable) soient le moteur de grandes entreprises, d'emplois, aucun souci avec ça, mais qu'elles soient trustées pour le seul profit faisant abstraction de toute diversté et de culture ouverte nous est insuportable.
Une fois de plus nous estimons que plus la diversité musicale est maltraitée, plus les médias commerciaux s'annexent la culture pour leurs propres profits et plus, au final, ce sont les auditeurs et les artistes qui trinquent tout en enrichissant ces vecteurs de diffusion.
CONCLUSION
En France, on peut écrire et publier un article comme celui-ci, librement, parce qu'il exprime une opinion, une vision des choses et que son but n'est que d'amener à la réflexion et au débats d'idées, le tout sous la forme du billet d'humeur.
C'est ça la liberté d'expression, la vraie, celle qui est nécessaire et utile à toute société ouverte, curieuse et loyale. Cette liberté d'expression là n'a rien à voir avec celle qui est quémandée à l'Etat par des porte-drapeaux qui n'ont malheureusement pas bien compris ce qu'ils réclamaient au ministre.
Petite liste non exhaustive d'artistes francophones dans les domaines rock, metal et reggae.
Admiral T Aes Dana Aggressive Agricultor Alcest Aldebert Alex beaupain Alexis hk Alpha Blondy Amelie les crayons Amesoeurs Anais Ange Angmar Anis Anthemon Aqme As de trèfle Atomic Spliff Autour de Lucie Baby G Babylon circus Balbino medellin Beau dommage Belenos Belyscendre Bénabar Benighted Bernard Lavilliers Bérurier noir Blankass Blasphème Brahim Broussaï Café Bertrand Caire Lise Caldera Céleste Chair chant corp Claire Dit Terzi Colocks Daddy Yod Damien Saez Danakil Dark Sanctuary Datune DawJah Debout sur le zinc Détroit Deux Didier super Dub Inc Dolly Dyonisos EIFFEL Ellipse Enhancer Eros Necropsique Eths Fatals picard FFF Forbidden Site François Hadji-Lazaro Furia Furious Zoo Gaëtan Roussel Gogol 1er Gravity Gronibard Ultra Vomit Andreas & Nicolas Les 3 Fromages Guerilla Poubelle Guy'Al Mc Hadji Lazarro Imbert imbert Invocate the Butcher Jad Wio Jah Gaïa Jah Mic Jahill Jali JCFrog Johk Jules Juno Lips Kamana Kana Karaptt Killers L’affaire Louis Trio La chanson du dimanche La crevette d'acier La famille maestro La maison Tellier La ruda salska La rue Kétanou La tête à toto Lady City Le clandestin Le donjon de naheulbeuk Le Prince Miiaou Lenine Renaud Les amis d'ta femme Les barbarins fourchus Les blerots de Ravel Les chansons plus bifluorée Les cowboys fringants Les Discrets Les Fatals Picards Les hurlements de Léo Les Liminanas Les mômes du ce2 Les naufragés Les Nonnes Troppo Les ogres de barbach Les petites bourettes Les ramoneurs de menhirs Les têtes raides Les tit nassels Les tit's nassels Les Vieilles Salopes Les VRP Les Wampas Les wriggles Lise Little Francky Lofofora Tagada Jones Jimm Luke Loic lantoine Lord Bitum Lord Kossity Louise Attaque Ludwig Von 88 Maisman Manu Manu chao Marie Marie Modiano Mass Hysteria Massilia Sound System Mathilde MatindaMatmatah Mell Merlot Mes souliers sont rouges Mister Gang Mister Lezard Mon côté punk Monsieur Lezard Mysanthrop Nadj Narayana No Mad? Nuttee O.T.H Oldelaf Olen'K Orakle Original Uman Pablo Master Papa Style Parabellum Paradis Pascal mono Paul Personne Pep's Peste Noire Pestiferum PierPolJak Pigalle Plêum Pleymo Princess Erika Raggasonic Raspigaous Rastamytho Remingway Rikkha Saël SaïSaï (Ramses & Ricky) San'jyla Sanseverino Satan Jokers Shaman Culture Silmarils Subsonic L'esprit Du Clan Tagada Jones Sidilarsen Siméo Sinsemilia Sipping Sir Samuel Sista Jahan Skeleron Band Smash Hit Combo Sonith Sortilège Soul Mafia Click Soviet suprem Speaking Silence Stille Volk Stoufi the stouves Straika D Stupeflip Supa John Superbus Suzi Tagada jones Taïro Takana Zion Tess Tété Thiefaine Tiken Jah Fakoly Tit patapons Tiwony Tomawak Tonton David Trust Tryo Typical Féfé Ultra Orange Unleashing The Beast Valey Varsovie Watcha Yaniss Odua