Et voici le sixième album de Battle Beast, le troisième depuis le départ d’Anton Kabanen pour Beast In Black. Après la semi-déception de No More Hollywood Endings en 2019, la formation finlandaise confirme pour de bon son virage à 90 degrés avec Circus Of Doom.
Le temps est bel et bien terminé pour les envolées lyriques sur fond de power-heavy metal saupoudrées de notes pop catchy. Le groupe tente de planter un nouveau décor autour du cirque qui n’est finalement que de la poudre aux yeux. Seules une ou deux compositions s’autorisent quelques notes à l’ambiance de chapiteau, sans convaincre.
Et pour cause, le titre "Circus Of Doom" à l’intro typée ne fait pas mouche. Il sonne d’ores et déjà le glas d’un album en manque d’inspiration. C’est plat et sans saveur, Noora Louhimo porte à elle seule l’ensemble des compositions, aucun soutien ne lui est prodigué. Adieu les guitares enflammées et les poussées vocales à décrocher les tympans. C’est à grand renfort de claviers que chaque titre se voit gratifié d’un ersatz de l’identité même de Battle Beast.
Bien que certains titres procurent une énergie folle, tels « Eye Of The Storm » ou « Wings Of Light », leur écriture d’une faiblesse déconcertante laisse assurément sur sa faim et la perplexité laisse peu à peu place au dégoût. Ceux-ci résonnent comme une vaine tentative de reproduire les meilleurs moments de Bringer Of Pain (2017) et de No More Hollywood Endings (2019) sans y parvenir.
Alors que nous connaissions un Battle Beast capable de produire plusieurs titres incroyablement chocs au sein d’un même opus, il est à contrario assez difficile d’en trouver un seul ici qui tire son épingle du jeu. Le morceau choisi en présentation et qui bénéficie de son clip, à savoir "Master Of Illusion", s’appuie sur un essai au piano qui s’efface rapidement pour laisser encore et toujours la place à la voix. Les intonations se répètent inlassablement et ce 'the game is over' lancé par Noora traduit à lui seul l’avenir de cet album. Un manque de férocité dans le propos qui déçoit une fois de plus.
Il y a désormais clairement un avant et un après l’ère Kabanen, la formation disposant à ce jour de trois albums de haut vol Steel (2011), Battle Beast (2013) et la pépite Unholy Savior (2015). Puis, les forces vives semblent abandonner peu à peu la formation dont le manque d’inventivité est comblé par ce filet de sécurité commercial permettant de perdurer sans performer. Au revoir le heavy, bonjour la pop où même les intros solistes de guitares électriques sont effacées par les claviers omniprésents. A l’image de "Where Angels Fear To Fly" qui lance une mélodie à la guitare intéressante pour finalement s’effacer complétement.
Et c’est précisément la même chose avec "Russian Roulette", la guitare n’est clairement plus un élément central et ne sert qu’à ponctuer légèrement des creux dans les compositions. On recommence avec "Freedom", qui sonne comme un essai infructueux d’établir un semblant de rythme soutenu. Cependant, la prédominance du chant commence à user l’écoute.
La faiblesse de composition et d’écriture se poursuit jusqu’à la fin de l’album, notamment avec "The Road To Avalon" et "Place That We Call Home" qui répètent encore et encore la même recette devenue inefficace. Le point de rupture est proche, et ces dix morceaux n’apportent rien. Le seul petit sursaut agréable arrive avec "Armageddon" qui se détache par son originalité, mesurée somme toute car elle existe uniquement par comparaison des autres titres de cet opus.
Avec Circus Of Doom, Battle Beast tente d’accrocher une nouvelle étoile à son palmarès, mais ces dix morceaux assez faibles viennent en réalité se noyer dans une discographie déjà riche. Il est à craindre qu’avec un album de plus, la balance ne finisse par pencher du mauvais côté. Le groupe s’enfonce d’avantage dans le plus commun des flux d’artistes metal, ayant perdu de sa superbe et toute son originalité.
Tracklist :
01 - Circus Of Doom
02 - Wings Of Light
03 - Master Of Illusion
04 - Where Angels Fear To Fly
05 - Eye Of The Storm
06 - Russian Roulette
07 - Freedom
08 - The Road To Avalon
09 - Armageddon
10 - Place That We Call Home
Sorti le 21/01/2022 chez Nuclear Blast