Après avoir affronté une période plus que trouble avec, de façon consécutive, le départ du fondateur Tom Barber pour Chelsea Grin, l’éviction de son remplaçant CJ McCreery suite à des allégations d'agressions sexuelles portées à son encontre, le passage éclair d’Andrew O’Connor au micro et la pandémie mondiale, Lorna Shore sort enfin la tête de l’eau. Depuis, Will Ramos est au chant et met tout le monde d’accord depuis l’année dernière et l’excellent EP … And I Return To Nothingness. Surfant sur cette vague positive, Pain Remains sera le premier opus de Lorna Shore version 2.0.
Dès les premiers accords, on sait d’emblée que l’on est en face d’un concept album. Un de plus me direz-vous ? Certes, mais la qualité émotionnelle et sonore de ce dernier Lorna Shore dépasse tous ce que le combo natif du New Jersey a pu faire depuis sa création il y a une douzaine d’années. "Welcome Back, O’ Sleeping Dreamer" ouvre de façon magistrale la setlist. Nous sommes, à la première écoute, déstabilisé par cette introduction mêlant orchestre symphonique et chorale lyrique. Mais après 1:30, le quintet nous sort de l’expectative et nous délivre son puissant et percutant deathcore par les oreilles. Les riffs et blasts sont assassins, tandis que Will Ramos passe du growl guttural au scream le plus aigu avec une facilité déconcertante.
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A l’instar d’autres combos comme Rammstein avec "Zeig Dich" ou plus récemment Parkway Drive avec "The Greatest Fear" et "Darker Still", Lorna Shore décide de jouer volontairement la carte de la collision frontale entre l’univers brutal du deathcore et la douceur harmonique du classique. Pendant que les autres l’utilisent avec parcimonie, eux décident de s’en accommoder sur pratiquement la totalité de Pain Remains.
Les pistes sont longues mais très immersives. Certaines, comme l’enchainement "Sun//Eater" et "Cursed To Die", semblent avoir été volontairement coupées en deux lors du montage de l’album. A noter que Pain Remains a été enregistré aux Random Awesome Studios sous la direction de Josh Schroeder. En point d’orgue et mise en avant comme la pierre angulaire de ce dernier effort studio, "Apostheosis" se veut majestueuse et violente à la fois, se rapprochant de ce que peut faire Septicflesh.
N'en déplaise aux puristes, Lorna Shore ne perd rien de son identité. Les bons breakdowns core sont bel et bien de sortie et, pour sûr, animeront de façon brutale les pits du monde entier. Une chanson comme "Wrath", par exemple, est un classique du genre et, par son ancrage deathcore, nous permet de revenir aisément aux racines musicales du quintet américain. Toutefois, et au regard de l’ensemble de l’opus, ce classicisme joue en sa défaveur et ne lui permet pas d’être mise en relief, ce qui sera le seul point négatif notable. Malgré tout, les solos marquants de "Into The Earth" et "Cursed To Die" finissent d’apporter cette petite touche technique et harmonique à ce Pain Remains de grande qualité.
Pour finir en beauté, LS nous embarque dans une dernière scène décomposée en trois chapitres. Ne formant qu’une seule et unique chanson éponyme du titre de l’album, "Dancing Like Flames", "After All I’ve Done, I’ll Desappear" et "In a Sea of Fire" viennent clôturer de façon majestueuse Pain Remains. Deux d’entre elles ("Dancing Like Flames" et "After All I’ve Done, I’ll Desappear") ont eu le droit à un traitement de faveur avec deux clips vidéos dirigés par David Brodsky et produits par Allison Woest de MyGoodEye : Music Visuals.
Avec de gros moyens déployés, ces vidéos remplissent pleinement leur mission principale : nous délivrer un message lourd de sens. Abordant à tour de rôle les thèmes de la maladie, la mort, l’isolement, la peine, la douleur, la dépression et le suicide, le quintet a marqué les esprits et même choqué avec le second clip qui s’est vu censuré son final sur la plateforme Youtube. Malheureusement et, à l’heure où sortira cette chronique, nous n’avons pas eu le droit à une vidéo pour le titre final : "In a Sea of Fire".
Après les tumultes et les scandales qui ont touché de plein fouet Lorna Shore, le quintet revient plus fort que jamais. Réussissant à marier à la perfection l’énergie et la violence de leur son avec une bonne dose de mélodie et d’harmonie, les Américains signent l'une des meilleures et des plus grosses sorties metal de cette fin d’année. Espérons avoir le droit à une tournée européenne de la même envergure que celle qui passera prochainement en Amérique du Nord.
Tracklist
Welcome Back, O’ Sleeping Dreamer
Into The Earth
Sun//Eater
Cursed To Die
Soulless Existence
Apotheosis
Wrath
Pain Remains I: Dancing Like Flames
Pain Remains II: After All I’ve Done, I’ll Disappear
Pain Remains III: In a Sea of Fire
Sortie le 14/10/2022 chez Century Media Records