On avait quitté Threshold en excellente forme en 2017 avec l'album Legends of the Shires. Heureusement car l'histoire du groupe a toujours été compliquée : un line-up changeant tous les deux-trois albums, la disparition tragique du chanteur Andrew McDermott et cette incapacité à percer dans le monde du prog malgré un talent indéniable. Néanmoins Threshold a toujours su garder son style, son identité et a su se reposer sur des compositions solides, assez faciles d'accès tout en restant complexes. Le 18 novembre dernier, le groupe nous livrait son nouvel opus intitulé Dividing Lines.
Continuité et sécurité sont les maîtres mots de cet album. Après une grosse prise de risque couronnée de succès avec Legends of the Shires, on sent que le groupe a voulu revenu à des choses plus classiques qui ont fait son succès en première partie d'autres grands groupes de prog.
On retrouve donc cet univers prog metal des années 90, teinté de références aux années 80. Pour preuve, le morceau très catchy "Lost Along the Way" pourrait largement figurer dans une setlist du groupe Europe. On est dans le plaisir coupable sans grande originalité mais on se surprend à hocher la tête au rythme des accords plaqués de synthétiseurs. Autre morceau très classique : "Complex" avec ses arpèges de synthés en arrière plan et sa construction typique des hymnes hard rock des années 80. Néanmoins la voix puissante de Glynn Morgan fait basculer le morceau dans un registre proche de celui de Damian Wilson (autre chanteur emblématique du groupe). On jurerait que la chanson a été composée au sein du projet Star One (groupe créé par Arjen Lucassen dans lequel Damian a un rôle principal).
Le groupe ne s'arrête pas là et revisite aussi la décennie phare du metal prog : les années 90. Malheureusement, l'ensemble peut parfois sembler suranné et un peu kitsch, comme le chant doublé par les vocoders dans "Silenced". L'ensemble est cohérent, bien ficelé, mais le temps a passé et Threshold peine à insuffler un vent de modernité sur certains passages.
Heureusement, l'album compte quand même quelques morceaux qui montrent la diversité du groupe. En effet, Threshold se permet quelques incursions dans le nu metal sur "Run" et surtout sur "King of Nothing" avec un riff au piano doublé d'une guitare rythmique plus lourde. C'est bien fait, cela change certes, mais Evanescence et Linkin Park sont déjà passés par là.
"Dividing Lines" compte quand même deux morceaux de bravoure dont notamment "The Domino Effect". Même s'il rappelle beaucoup Symphony X dans la structure et dans les sons employés, le morceau fleuve d'une dizaine de minutes est bien construit et passe comme une lettre à la poste. Le solo de guitare de Karl Groom, bien qu'inspiré de David Gilmour et John Petrucci, mixe technicité et émotion et relève la composition.
"Defence Condition", qui termine l'album, est un peu moins inspiré même si encore une fois, Karl montre tout son talent. La structure du morceau est cohérente, on se surprend à découvrir des thèmes développés ou cachés. Mais là encore, cela reste du Threshold classique, habituel.
Threshold nous livre donc un album bien produit, bien composé, avec des morceaux qui sont largement meilleurs que n'importe quelle soupe pop actuelle. Néanmoins lorsqu'on compare Dividing Lines avec le reste de sa discographie, on se rend compte que le groupe est en terrain connu et l'ensemble ne brille pas autant que certains albums. Espérons quand même que cet opus permette à Threshold de se hisser plus haut dans les charts et qu'il permette au public de découvrir ce groupe en live.
Tracklist
1.Haunted
2.Hall Of Echoes
3.Let It Burn
4.Silenced
5.The Domino Effect
6.Complex
7.King Of Nothing
8.Lost Along The Way
9.Run
10.Defence Condition
Album disponible depuis le 18 novembre sur le label Nuclear Blast