Alors qu'il a fallu attendre onze ans pour que S.U.P donne un successeur à Hegemony (si l'on occulte le retour de Supuration pour Cu3e et Reveries), les Nordistes n'ont finalement mis que quatre années pour nous faire découvrir Octa, le bien-nommé huitième opus de la formation. Dissymmetry (2019) ayant connu un beau succès auprès des fans de Spherical Unit Provided, Octa a la lourde tâche de lui succéder, ce qu'il fait toutefois avec brio.
Il faut dire que dès « Pseudopodic Phantasm », tous les éléments caractéristiques de la musique de S.U.P sont présents, à commencer par ces rythmiques tranchées, ces sonorités froides et par le growl si personnel et puissant de Ludovic Loez (écoutez l'introduction de « tramentous Sea » pour vous en convaincre). Ce dernier nous propose tout de même un chant clair une fois de plus fort soigné (évoquant presque les lignes de chant de Tommy Rodgers de Between the Buried and Me sur la fin du premier titre), où l'accent français du chanteur se fait un peu moins présent que sur les premiers opus de S.U.P (ce que nous avions déjà souligné pour Dissymmetry).
Autre qualité de l'album, qui est une constante chez les Lillois, c'est cette facilité à proposer des mélodies facilement mémorisables (« Not Icarus », « Hebdmath », « Queen Quintessence » et sa ligne de chant à 3:59, jusqu'au ralentissement final), malgré des ambiances pesantes lorgnant vers la coldwave et le gothique, que ne renierait pas le Paradise Lost des années 90. Ce travail sur les ambiances est par ailleurs une fois de plus bien amené par les rythmiques de batterie de Thierry Berger, en apparence simples (la fin d'« Hebdomath »), mais qui apportent toujours ce charme si particulier à la musique du quatuor. Les arpèges en son clair de Fabrice Loez apportent ce climat polaire, parfois malaisant, alors que Ludovic assène parfois des riffs plombés (« Open Eye ») bien soutenu par la basse vrombissante de Frederic Fievez.
En effet, la complémentarité des lignes de guitare des frères Loez est bien mise en valeur par le mixage qui fait respirer l'ensemble et qui permet à chaque nouvelle écoute de déceler de nouveaux détails (« Toment »), preuve une fois de plus de tout le travail réalisé par Grégoire Saint-Maxin derrière la console. Car si S.U.P parvient une fois de plus à égaler ses meilleurs travaux (Chronophobia, Hegemony ou encore Dissymmetry), c'est bien car le combo a su s'entourer une fois de plus d'une équipe fidèle. Matthieu Carton, responsable des visuels depuis Imago, propose ce qui est probablement son artwork le plus abouti jusqu'à présent pour le quatuor. Ce dernier sert à merveille le propos du combo, et le concept développé par les frangins Loez, abordant un futur terrifiant où les cauchemars font office de prisons (« Torment » et ses hurlements de terreur en fond illustrent à merveille le concept).
C'est désormais une constante chez S.U.P, chaque nouvel album est un nouveau bijou à ajouter à l'excellente discographie du combo, et l'on regrette que ce dernier ne soit toujours pas reconnu à sa juste valeur. Certes, pour les fans de la formation, Octa ne présente pas de surprise majeure, on retrouve tout ce qui fait la personnalité si particulière du groupe, à commencer par une émotion à fleur de peau, des lignes mélodiques et un charme inégalé sur la scène tricolore.
Tracklist :
Pseudopodic Phantasm
Not Icarus
Atramentous Sea
The Lights of Eden
Queen Quintessence
Open Eye
Hebdomath
Torment
Photographie promo : DR // SUP