Réguliers comme à leur habitude, les Floridiens de Cannibal Corpse sont de retour deux ans à peine après un Violence Unimagined très plaisant pour lequel l’arrivée d’Erik Rutan à la six-cordes avait soufflé un petit vent de fraicheur (quoique forcément un peu vicié). En effet, même si Cannibal Corpse ne surprend plus et que l’on sait toujours à peu près à quoi s’attendre à chaque album, les dernières sorties discographiques du combo (depuis Torture) sont toujours d’une qualité exemplaire.
Une fois n’est pas coutume, c’est sur un riff de basse bien gras du membre fondateur Alex Webster que s’ouvre ce nouvel opus studio, comme un clin d’œil à « Coffinfeeder » (sur Bloodthirst) ou « Mutation of the Cadaver » (sur Gore Obsessed). Cette ouverture nous offre ainsi l’opportunité de constater que la basse est une fois de plus bien présente dans le mix, une constante chez les Floridiens au moins depuis Tomb of the Mutilated.
Et bien que l’on sache à l’avance à quoi s’attendre avec Cannibal Corpse, il est toujours plaisant de retrouver la formation américaine qui nous offre toujours une succession de riffs bien efficaces (« Summoned for Sacrifice » à 1:15) et de soli jouissifs de la part de la paire Rutan / Barrett (« Overlords of Violence », « Pitchfork Impalement » à 2:47, « Frendzied Feeding », les guitares harmonisées de « Drain You Empty » et de « Summoned for Sacrifice » à 2:43).
S’il y en a un qui tire son épingle du jeu, c’est George « Corpsgrinder » Fischer, toujours capable du growl le plus violent à 53 ans (« Blood Blind »), et dont le souffle n’a rien à envier à celui qui était le sien sur Vile, près de 25 ans auparavant. Et du côté de la batterie, le jeu de Paul Mazurkiewicz relativement direct et simpliste comporte toujours ces petites imperfections qui lui confère un rendu naturel, humain et chaleureux (« Pestilential Rictus »), à mille lieux des productions parfois froides et impersonnelles d’autres combos de brutal death.
Si le combo ne joue désormais que plus rarement pied au plancher, quand il décide d’accélérer la cadence d’exécution, c’est pour toujours plus d’efficacité (« Chaos Horrific », « Fracture and Refracture »). Pour autant, les riffs down tempo presque doom apportent une jolie diversité à l’ensemble comme sur la première moitié et le final de « Drain You Empty ». Pour le reste on est toujours en terrain connu et tous les codes du combo sont présents, avec cette signature sonore qui lui est propre. Il faut dire qu’en tant que membre désormais permanent et producteur de longue date du quintette, Erik Rutan sait parfaitement comment faire sonner la bête. En outre, on retrouve comme à l’accoutumée un artwork tirant sur le gore (quoique moins impactant que celui de Tomb of the Mutilated, qui bien que sorti en 1992 reste d’ailleurs toujours aussi irrévérencieuse en 2023) et des thématiques toujours bien choisies.
Comme ses prédécesseurs, ce Chaos Horrific ne déroge pas à la règle. A l’image d’un bon vieux slasher des familles qui n’apporte pas toujours grand-chose au genre cinématographique, un nouveau Canniboule doit s’apprécier pour ce qu’il est, à savoir un grand défouloir, peu surprenant, mais toujours bien fichu et qui colle toujours une furieuse envie de headbanger. Une valeur sûre du genre !
Tracklist :
Overlords of Violence
Frenzied Feeding
Summoned for Sacrifice
Blood Blind
Vengeful Invasion
Chaos Horrific
Fracture and Refracture
Pitchfork Impalement
Pestilential Rictus
Drain You Empty
Disponible le 22 septembre 2023 chez Metalblade Records
Photographie promotionnelle : DR