Kob’, nouvel album d’Arkona, de plus en plus noir

Kob’, neuvième album du groupe de pagan metal russe Arkona, nous livre en grande messe un post black metal violent et acerbe, critique de notre société moderne.

Le neuvième album d’Arkona ne nous avait pas échappé. Sorti en juin 2023 chez Napalm Records, Khob’, littéralement “sorcellerie”, était attendu, et pour cause : cinq années se sont écoulées depuis la sortie de leur opus précédent, Khram, qui avait enflammé les enceintes des amateurs de pagan et de folk metal. La Bande à Masha revient, avec ce chef d’œuvre qui nous laisse pantois par sa maturité et sa violence.

Huit pistes composent cet album d’une heure, une introduction litanesque ("Izrechenie. Nachalo"), six longs morceaux ("Ydi" dure 11 minutes !), et une conclusion ("Izrechenie. Iskhod"). L’ouverture, avec ses murmures incessants, annonce l’ambiance ténébreuse et sale qui se révèlera dès le deuxième morceau, éponyme du disque, avec un black metal très assumé qui ne nous quitte plus un seul instant. Les montées en puissance et retombées mélodiques et atmosphériques alternent ensuite, saturant nos émotions et surprenant nos sens sans relâche. Mention spéciale pour le titre « Razryvaya plot' ot bezyskhodnosti bytiya» (Déchirer la chair à cause du désespoir de l'être), sans paroles, mais fort d’un solo déconcertant au clavier écrasé par la violence de ce qu’il précède.

La démonstration technique de la noirceur est là : Les growls de Scream (Masha), puissants et graves, sortent d’outre tombe et perdurent, répondant à des chants clairs, à des chuchotements, des chœurs et des cris. Cette chanteuse hors pair et sa palette de voix nous livre une performance incroyable et nous invite à la transe avec brio, soutenue par Lazar, à la guitare, avec des riffs simples et efficaces, répétés inlassablement, des trémolos inquiétants, une basse équilibrée (merci Kniaz !) mais pesante, des claviers entrainants et mélodieux … Pour les percussions, Alexander Smirnov alterne élégamment les phases de blast, et les percussions souples et suggestives du folk.

Kob’ est un album riche musicalement, mais c’est aussi une diatribe poétique, un regard accusateur sur le monde moderne, sur le désordre mondial, et sur l’Apocalypse inévitable provoquée par la Terre Mère en seule rédemption possible. Par ses poèmes, litanies, imprécations, Arkona nous entraîne dans une véritable introspection païenne, dans une réflexion mystique sur le sens de notre monde et de nos sociétés.

Surprise réussie pour Arkona ! L’invitation au voyage dans son metal ténébreux a été saisie, et c’est avec délectation qu’on suit le cheminement qu’ils nous proposent avec Kob', dans la continuité de Khram, encore plus loin, encore plus sombre. Et pour en profiter encore plus, les plus curieux pourront les écouter lors de quatre dates françaises début décembre aux côtés de Belphegor ! À ne pas manquer…