Les sorties d'album sont tellement nombreuses chaque année qu'il nous arrive de passer à côté de très beaux albums. Alors, pour commencer 2024, nous avons voulu, une semaine durant, faire un focus sur des albums de 2023 que nous n'avions pas eu le temps de traiter.
Aujourd'hui, nous revenons sur Hymns From the Apocrypha, neuvième album de Suffocation, disponible depuis le 3 novembre chez Nuclear Blast.
Depuis la sortie de Of the Dark Light, le précédent opus du groupe américain de brutal death metal, on peut dire qu’il y a eu du changement au sein de la formation. En effet, le vocaliste historique de Suffocation, Frank Mullen, lassé des tournées et de la scène (et ce depuis déjà plusieurs années) a laissé sa place au micro de façon officielle à Ricky Myers (batteur de Disgorge). Mullen ayant laissé une empreinte particulièrement forte sur la scène brutal death, à travers un style de chant immédiatement reconnaissable, il y avait fort à craindre quant à la qualité des vocaux de son successeur. Pourtant, Myers relève avec brio l’exploit avec un chant qui n’a rien à envier à Mullen. Ce dernier est par ailleurs présent sur « Ignorant Deprivation » en guest (à savoir la traditionnelle reprise de Breeding the Spawn que le groupe réenregistre titre par titre à chaque opus, étant peu satisfait de la production de l’album d’origine), et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y apparait presque à bout de souffle et à mille lieues de son timbre habituel.
Du côté des instruments, Suffocation nous propose les montagnes russes dont Terrence Hobbs (guitare), dernier gardien du Temple et désormais seul membre d’origine, a le secret. Comme toujours avec Suffo, ça riffe sévère, le groupe semblant aussi à l’aise sur les accélérations que les titres plus lourds et mid-tempo. Cerise sur le gâteau, l’inspiration est bel et bien là, Hymns for the Apocrypha rappelant notamment l’époque Pinnacle of Bedlam, avec des titres qui sont bien construits et suffisamment diversifiés tout en gardant l’empreinte Suffo. En effet, les compositions sont efficaces, peut-être plus inspirées que sur Of the Dark Light, précédent effort des Américains qui enregistrait une légère baisse de régime (à l’exception notable de « Clarity Through Depravation », l’un des meilleurs titres du groupe selon votre serviteur).
Derek Boyer, fidèle bassiste depuis 2004, est bien mis en valeur, sa quatre-cordes bénéficie d’un son claquant qui est désormais sa signature sonore. Et du côté des derniers intronisés, le batteur Eric Morotti et le guitariste Charlie Erringo ont une seconde fois su se fondre dans le collectif de façon naturelle (ce dernier a écrit à lui seul les deux bons titres que sont « Perpetual Deception » et « Immortal Execration » qui sonnent comme du Suffocation pure souche).
Alors certes, il y a peu de surprises pour ce nouvel album, la principale étant finalement la qualité du chant de Ricky Myers qui remplace brillamment Frank Mullen. Mais à l’heure de faire le bilan, ce nouveau Suffocation est définitivement un bon cru, à ranger aux côtés de l’éponyme (sorti en 2005)
et de Pinnacle of Bedlam (2013). Moins chaotique que Effigy of the Forgotten, moins technique que Pierced From Within, Suffocation a évolué avec l’intégration des nouveaux membres et semble plus en forme que jamais.
Tracklist:
1. Hymns From The Apocrypha
2. Perpetual Deception
3. Dim Veil Of Obscurity
4. Immortal Execration
5. Seraphim Enslavement
6. Descendants
7. Embrace The Suffering
8. Delusions Of Mortality
9. Ignorant Deprivation
Hymns From the Apocrypha est sorti le 3 novembre 2023 chez Nuclear Blast Records
Photo promotionnelle : DR
