Sâver – From Ember and Rust

Les sorties d'album sont tellement nombreuses chaque année qu'il nous arrive de passer à côté de très beaux albums. Alors, pour commencer 2024, nous avons voulu, une semaine durant, faire un focus sur des albums de 2023 que nous n'avions pas eu le temps de traiter.

Le trio norvégien Sâver revient pour son premier album solo depuis 2019, From Ember and Rust, toujours chez Pelagic Records. Une pépite technique de sludge metal futuriste et torturé.

Les trois compères d'Oslo Ole Ulvik Rokseth , Markus Støle (Tombstone) et Ole Christian Helstad (Tombstone) avait bercé nos oreilles ces dernières années de deux projets collaboratifs avec Psychonaut (chroniqué ici) et Frøkedal, navigant entre doom, post black, et dark folk. Sâver revient à un sludge plus fondamental dans un album assez court (43 minutes) mais puissant et intense où l'expérience se fait sentir, et surtout écouter.

Dans From Ember and Rust, Sâver met le paquet sur l'atmosphère, qui se doit d'être lourde, inquiétante et torturée. De longues montées en puissance et une basse omniprésente amorcent les riffs qui finissent par éclater, puis les voix, alternant entre cris et hurlements, du grave à l'aigu...  Pas de doute, cet album sera progressif ou ne sera pas.

Chacun des sept longs morceaux qui composent cet opus, est une nouvelle escalade, revêtant les bottes lourdes d'un tempo lent et d'une ambiance sale. Des intermèdes contemplatifs sont placés ça et là, et permettent à notre spleen de ne pas trop s'installer : il ne faudrait pas oublier la beauté de la chose savoureuse.

L'ambiance particulière est grandement aidée par une des caractéristiques évidentes du groupe sur From Ember And Rust : l'omniprésence du clavier de Rokseth. Le groupe a souhaité faire honneur à la science-fiction, à ce son évoquant autant le futurisme que les films d'anticipation des décennies passées ; la connotation cinématographique de certains morceaux ("Primal One", "The Object", "All in Disarray") est évidente. Les boucles phoniques et introductions épurées annonciatrices d'une dystopie musicale à venir sont merveilleusement mises en avant par une production optimale, un son travaillé, épuré, où aucune fioriture superflue n'a sa place.

Peut être annoncé par la fausse simplicité de leur artwork, il est évident que les trois vétérans ont eu le désir d'explorer de manière plus aboutie une esthétique complète, imaginant un demain en musique, pas forcément joyeux, mais d'une beauté surnaturelle. Seul bémol à l'album, trop d'atmosphère peut étouffer le caractère unique de chaque morceau, et la technique bien que remarquable peut parfois laisser une impression d'un travail peut être un peu lisse sur l'ensemble... Un groupe à suivre !