Les sorties d'album sont tellement nombreuses chaque année qu'il nous arrive de passer à côté de très beaux albums. Alors, pour commencer 2024, nous avons voulu, deux semaines durant, faire un focus sur des albums de 2023 que nous n'avions pas eu le temps de traiter.
Aujourd'hui, retour sur Leprosario Lazareto du groupe chilien Thornafire, album death old school sans concession.
L’aventure Thornafire débute en 1998 sous l’impulsion de Victor Mac-Namara avec pour unique but de jouer du death metal. Les débuts du groupe sont très prometteurs avec l’enregistrement de sa démo Granded for all Somberness et son maxi CD Mortus Tenebrae Surrectus en 2001. Avec ce dernier, il se place comme valeur montante de la scène extrême chilienne. C’est en 2005 que Thornafire enregistre son premier album intitulé Exacerbated Gnostic Manisfestation chez Ibex Moon Records.
Ce véritable concentré de brutalité et de haine ne le quittera plus jamais et animera ses musiques et ses textes avec Vorex Decontruction, puis Eclipse Nox Coagula, Magnaa après une signature chez FDA Records et enfin Rituales Acusticos une fois passé chez Umbrium Records. Enregistré à quatre occasions de 2018 à 2022 au Cofla Estudios, puis au Panzon Estudios, finalisé au Metalowa Demancja (Pologne) et à l’Estudio Arrebol de Talagante au Chili par Felipe Cuevas, Leprosario Lazareto sort enfin le 23 juin dernier chez Great Dane Records, six mois après son prédécesseur.
« El Coro de los Hambrientos en tus oidos conchetumadre ! » qui ouvre l’album est le plus bel exemple de ce qu’est l’univers et la philosophie de Thornafire. Sur fond de colère sociale en décrivant la vie du Chilien ordinaire qui se déchire au travail et doit tolérer l’intolérable au quotidien tout en n’ayant aucune voix pour s’exprimer et se défendre, Thornafire s’exprime avec grossièreté mais puissance sur un son vraiment typé death. La double pédale et les blast beats de Tomas Garcia ainsi que les riffs tantôt saturés, tantôt mélodiques de Victor et de Christian Cardenas s’en donnent à cœur joie. La haine et l’indignation prennent tout leur sens quand Alexis Munoz et son plus beau timbre guttural nous délivre ses sessions de growls dans la langue de Cervantes.
L’opus est entrecoupé à trois reprises de pistes sortant totalement de l’univers pré-établi par la bande à Victor. La première, « La red que nos mantiene unidos » mêle tout simplement harmoniques de guitare acoustique hispanique et voix mélodieuse de Fuza, la chanteuse du groupe Halezin. La seconde est « Diogenes de Sinope » où le chant d’un tenor et le rythme philharmonique (violon, contrebasse et clavecin) épousent le son de l’aiguisage d’un couteau de boucher. Enfin la dernière piste « Gracias por entregarnos 37 minutos de tu vida » est quant à elle plus contemporaine, avec une dominance du son électronique saturé par Victor derrière son synthé et sa prog. Utilisés avec parcimonie et surtout bien positionnés dans la tracklist, ces trois OVNI imposent une variation de rythme et une belle mise en relief.
Pour le reste de l’album, « The great deceiver » marque les esprits par le fait qu’elle est la seule en anglais mais aussi par la vitesse ahurissante du rythme ayant comme fer de lance la double et les blasts de Tomas. « Saturno » se structure autour du son groovy et profond de la basse d’Alexis ainsi que de l’aspect harmonique que donne le synthétiseur de Victor. Même avec son rythme plus mid-tempo que les autres, « Fuego » fait son petit effet grâce à la voix rocailleuse et gutturale à la fois d’Alexis. Si nous ajoutons à tout cela l’artwork macabre puisant son inspiration dans les vestiges de la civilisation Maya, nous pouvons dire que nous sommes en face d’un des albums death les plus aboutis et réussis de l’année 2023.
Tracklist
El Coro de los Hambrientos en tus oidos conchetumadre !
Leprosario Lazareto
La red que nos mantiene unidos
The great deceiver
Saturno
Renati in Se
Diogenes de Sinope
Megalos Christos
Fuego
Thornavatras Quintaesencia
Gracias por entregarnos 37 minutos de tu vida
Sorti le 23 juin 2023 chez Great Dane Records
