Saxon – Hell, Fire and Damnation

Fer de lance du heavy metal britannique depuis la fin des années 70, Saxon a publié rien de moins que son 26e album studio, Hell, Fire And Damnation. Alors, que vaut aujourd'hui le quintette de Barnsley ?

Saxon est un des fleurons de la NWOBHM (new wave of British heavy metal). Cela se passait fin des années 70, début des années 80. Si le premier album mérite de n’avoir pas de nom car il est sans intérêt, le deuxième opus Wheels of Steel (1980) est à l’époque un brûlot dont il est difficile de se remettre. Pour les non-connaisseurs, faites un saut dans le passé, le voyage vaut le déplacement. Cette pépite est suivie de Strong Arm of The Law (1980) qui est dans la même veine et marque l'apogée du groupe. Mais qu’en est-il aujourd’hui ?

Pour ce nouvel album, le 26ème, sorti en janvier 2024 et qui se nomme Hell, Fire and Damnation, de la formation initiale, il ne reste que la voix du groupe. “Biff” Byford. Un solide gaillard de 1m85, 73 ans, avec un chant sans pareil. Si sa démarche était souple et sa voix médium aigüe, forte et fine, son attitude est maintenant rigide. Aujourd’hui, son instrument est plus épais, il est devenu plus puissant que tranchant. Bref, en plus de 40 ans, il est passé du sabre au marteau.

Le groupe est toujours en quintet, avec l’habituel duel de guitariste du hard-rock des années 80. Les guitaristes Brian Tatler et Doug Scarratt sont expérimentés. Il faut souligner que Brian a officié chez Diamond Head, un autre groupe marquant de la NWOBHM. Tous deux maîtrisent parfaitement leurs deux tronçonneuses. Le bassiste, Timothy “Nibbs” Carter a une bonne présence avec un jeu fluide et un son rond. La présentation des musiciens s’achève avec un batteur à l’incontournable double grosse caisse au son énorme. Nigel Glockler tape fort et depuis longtemps car il a rejoint le groupe en 1982.

Saxon est le groupe qui aime composer des hymnes. Ne cherchez pas, l’hymne est presque toujours le titre de l’album, reportez-vous à “Strong Arm of The Law” par exemple. Donc, en ce qui nous concerne, “Fire, Hell and Damnation” est l’hymne de cette galette. Si cet album était un échiquier, ce titre en serait le Roi, la pièce principale du jeu mais pas la pièce la plus puissante, ni la plus intéressante d’ailleurs.

Notre “Biff” Byford aime voyager dans le temps. Avec "1066", nous retournons à la bataille d’Hastings. Guillaume le Conquérant, cela vous dit quelque chose. Il est logique que ce titre puissant, dévastateur, destructeur même, se trouve sur l’album car cette bataille marque la défaite des (nous vous laissons quelques secondes pour trouver)… Saxons ! Biff revient aussi sur Roswell, “There’s Someting in Roswell”. Bon, là, on vous arrête tout de suite. Le mystère n’en est pas vraiment un. Si vous cherchez un peu, vous trouverez qu’il n’y a pas d’extra terrestre là-dessous. Le riff, quant à lui, vous vrille les tympans et y reste soudé. Avec “Witches Of Salem”, nous sommes dans le déjà entendu. Mais Saxon n’en reste pas là au niveau de l’exploration historique avec “Kubla Khan And The Merchant Of Venice” qui est surprenant. Il y a du Maiden dans ce titre, que ce soit au niveau des mélodies, du chant ou des phrases de guitares. Terminons le voyage historique avec “Madame Guillotine”, qui est la “ballade hard” comme sait très bien le faire le combo britannique. Une réussite. Pour l’ensemble de cet album, il est important de souligner le son, une très bonne production qui met en valeur toutes les compositions par la puissance et la précision.

Le hard rockeur est fidèle, il ne verra pas le vide dans le verre à moitié plein. Quand il s’agit d’un groupe incontournable et vieillissant, il vantera ces musiciens de plus de 60 ans qui jouent haut et fort, plutôt que de les dénigrer en dénonçant l’inspiration usée ou le manque de spontanéité. Vous aussi, vous continuez certainement à acheter la baguette quotidienne chez votre boulanger au coin de la rue. Cela même si la boutique est vieillissante et que le pain a le même goût depuis des dizaines d’années. Vive le hard-rock, Vive Saxon !