Chaque nouvelle sortie de While She Sleeps est un véritable évènement dans l’univers metalcore qui grandit de plus en plus au fil des années. Initialement prévu le 15 mars dernier, c’est finalement ce 29 mars que Self Hell est sorti dans les bacs. Fruit de la collaboration de leur propre label Sleep Brothers avec Spinefarm Records mais aussi de Carl Brown avec Sean Long dans le propre studio du groupe, ce sixième album est-il un nouveau tournant pour le quintet britannique ?
While She Sleeps est rapidement entré dans le cercle fermé des grands noms du metalcore. Avec un line up inchangée depuis l’arrivée derrière le micro de Lawrence Taylor en 2009, les cinq natifs de Sheffield enchaînent les sorties remarquées. Avec l’EP The North Stands For Nothing et leur premier album studio This Is The Six, ils ont posé les bases de leur metalcore qui, bien qu'assez classique, s’est démarqué par sa brutalité incisive. Brainwashed a atteint le summum de cette période de leur vie musicale avant que You Are We amorce un véritable virage dans leur carrière. Avec plus de chœurs de Mat Welsh apportant pas mal de mélodies à un son brut, While She Sleeps prend sa fanbase à contre-pied. So What? et Sleeps Society surfent sur cette même philosophie, touchant un panel plus large de metalheads. Self Hell en est-il le digne successeur ?
A l’instar de l’artwork de la pochette, Self Hell brise un peu plus les codes du son des cinq Anglais. Et ça commence dès l’introduction avec « Peace Of Mind », sur laquelle le son électronique nous envahit au rythme des percussions tribales d’Adam Savage. Le chant rappé de Loz est ponctué par le chant mélodique d’une chorale. Les riffs saturés claquent en final avant un « Are you afraid of it » qui annonce du lourd pour la suite.
Sortant de son carcan, le groupe apporte largement plus de mélodie à son œuvre avec deux autres morceaux fonctionnant comme des intermèdes. Le premier est « No Feeling Is Final » tout en douceur électronique en duo avec Aether. « Out Of The Blue », quant à elle, semble s’inspirer de ce que faisait Mr Hann avec Linkin Park notamment avec « Cure Of The Itch », « Session » ou de façon plus générale sur l’entièreté de A Thousand Suns.
En plus de l’instrumentale « No Feeling Is Final », deux autres featurings sont présents sur Self Hell. « Dopesick » explore une partie plus rock de While She Sleeps grâce au duo avec Fin Power, le vocaliste et guitariste du groupe de rock natif de Liverpool Stone. La puissance du son est bien contrebalancée par le solo de guitare du break très typé rock.
Le dernier quant à lui est une collaboration avec Alex Taylor de Malevolence. Pour ce second single, « Down », While She Sleeps fait la part belle au metalcore originel du combo de Sheffield. Avec leur compatriote au micro, la brutalité des riffs additionnée à la violence des blasts et des voix des deux frontmen font mouche. Véritable « clef de voûte » de l’album selon Sean Long, ce titre s’ouvre sur une note d’électro par l’utilisation du synthétiseur MS-20. On retrouvera son utilisation à maintes reprises sur la majorité de la douzaine de titre formant ce sixième opus.
La première réelle piste qu’est « Leave Me Alone » pose d’entrée les bases de ce Self Hell. On y retrouve les riffs incisifs et saturés, véritable signature de WSS, accompagnant tantôt le chant rappé tantôt les screams déchirants de Lawrence. Le refrain « Leave me the fuck alone ! » est entêtant tout comme le « Let’s praise the love inside of us ! » du premier single « Self Hell ». Ces deux pistes sont de véritables hymnes qui seront certainement repris en chœur par les pits du monde entier.
Mention spéciale pour « Self Hell » où le groove de la basse d’Aaran Mckenzie accentue la similitude acoustique avec ce que pouvait faire la bande à Fred Durst dans les années 2000. Un véritable flashback qui ravira les trentenaires d’aujourd’hui. Enfin, « To The Flowers », avec les accords reconnaissables et techniques à souhait de Sean Long, nous envoûte et nous emporte dès le début.
Avec ce sixième opus, While She Sleeps repousse encore un peu plus les limites de son univers. Sans pousser l’utilisation à outrance des sonorités électroniques comme peuvent le faire des groupes de metalcore tels que Electric Callboy ou même Enter Shikari, le quintet britannique en use avec parcimonie, tout en apportant une nouvelle touche mélodique mais surtout de modernité à ses compositions. Les puristes du genre ou même quelques fans de la première heure de While She Sleeps risquent d’être perdus en route mais qu'à cela ne tienne : allant au bout de sa philosophie, la bande à Loz livre ici une pièce maîtresse qui remuera à coup sûr les pits des festivals et des salles du monde entier. Du côté de l'Hexagone, rendez-vous en juin à Lyon, Strasbourg et sur la Main Stage 2 du Hellfest ...
Tracklist
Peace Of Mind
Leave Me Alone
Rainbows
Self Hell
Wildfire
No Fealing Is Final
Dopesick
Down
To The Flowers
Out Of The Blue
Enemy Mentality
Radical Hatred / Radical Love
SELF HELL est déjà disponible via While She Sleeps / Volca Media