Que va être l’après “Big Four” (Metallica, Megadeth, Slayer, Anthrax) ? Kerry King doit bien se poser cette question après 38 années au sommet avec Slayer (1981 - 2019). Est-ce qu’il prend un risque avec son premier album solo ?
Il faut bien le souligner : KK se trouve dans une situation délicate. En choisissant de remonter sur scène avec une nouvelle formation, il ne pourra pas éviter les comparaisons. Ce n’est pas agréable pour un musicien à la recherche d’un renouveau de s’entendre rabâcher sans cesse son passé. Car il sait que pour chaque interview, pour chaque écoute de son nouvel album, la discographie de Slayer va remonter à la surface.
Il a donc du courage notre guitariste à clous. Et il est plutôt malin. En s’entourant de Phil Demmel (Machine Head), un excellent soliste mais aussi de Mark Osegueda (Death Angel), ou en se rassurant sur le rythme avec Paul Bostaph (Slayer), il capitalise sur l’expérience et limite le risque de proposer des compositions qui ne seraient pas à la hauteur de nos attentes. Soyez rassurés. Le groupe Kerry King est une machine bien huilée. Le son est là, très jouissif, car épais, lourd et très thrash !
Cet album nous réserve de bonnes surprises. La galette débute avec "Diablo" et son intro magique qui ne tarde pas à déboucher sur des accords torturés. Le ton est donné. "Where I Reign", un riff comme on les aime, rapide, précis et tout simplement bien trouvé. Les solos percent les tympans et restituent malgré tout quelques mélodies intéressantes. Le rythme est irréprochable, le chant est hurlé mais reste dans un cadre metal/thrash. Ensuite arrivent "Residue" et "Idle Hands", deux excellents titres que vous avez peut-être déjà écouté sur Youtube.
Il est à souligner que la production est excellente. La présence est donnée aux guitares, ce qui n’est pas une surprise, au chant et à la batterie. Il faut vraiment tendre l’oreille pour entendre la basse. A priori, Kerry ne pense pas à cet instrument quand il compose. Il y a tout de même de petites nouveautés non slayeriennes dans ce KK. Quelques breaks mélodiques sont utilisés, aussi, il faut noter de rares superpositions harmoniques des deux guitares.
Concernant les riffs majeurs, "Crucifixation" vous défonce la tête et "Rage" en remet une couche. Mais tout n’est pas dans la puissance, il y a de l’ambiance aussi, écoutez "Tension". Kerry King est aussi capable d’explorer d’autres chemins sans se renier. Par contre, les très slayeriens "Toxic" et "Shrapnel" nous replongent dans le passé. Les 13 compositions se tiennent très bien et alternent l’ancien avec, parfois, un début de renaissance.
Que Kerry King se réjouisse ! Il a réussi la prouesse de faire du Slayer sans que l’on puisse lui reprocher de copier, car de fait, il entretient la flamme. Les éléments caractéristiques sont tous là, vitesse, précision, hurlements, breaks lourdingues, sons discordants : riffs avec demi-tons et tritons, le fameux “diabolus in musica”. Cet album n’est ni original, ni révolutionnaire, il ne va pas changer votre quotidien mais l’agrémenter, oui. Maintenant, éclatez-vous.
From Hell I Rise - Kerry King - Sortie le 17 mai chez Reigning Phoenix Music.
Kerry King : guitare
Mark Osegueda : chant
Paul Bostaph : batterie
Phil Demmel : guitare
Kyle Sanders : basse