Depuis la sortie en 2020 de Where Only Gods May Tread, Ingested enchaîne les sorties d’album à un rythme effréné (pratiquement un par an) , même lorsque la pandémie de la Covid19 s’est invitée bien malgré nous dans chacune de nos vies. Seulement deux ans après la sortie de Ashes Lie Still, le combo natif de Manchester nous a gratifiés d’un The Tide Of Death And Fractured Dreams, disponible depuis le 5 avril dernier chez Metal Blade Records.
Après les départs coup sur coup de leur bassiste Brad Fuller en 2019 et de leur guitariste Sam Yates, Ingested se retrouve depuis lors à l’état d’un simple trio. Composé de Jason Evans au chant, Sean Hynes à la guitare et Lyn Jeffs à la batterie, le combo mancunien a profité de la disparition de toutes les tensions pour travailler au meilleur de ses possibilités et, finalement, d’accoucher d’Ashes Lie Still. Véritable concentré des difficultés et du mal-être ressenti par tous les membres du groupe britannique durant cette période pandémique d’enregistrement, ce septième album studio s’orientait vers un univers plus sombre et mélancolique qu’à l’accoutumée. Écrit et composé en parallèle et dans les coulisses de leur précédente tournée, The Tide Of Death And Fractured Dreams laisse de côté le ton dépressif de son prédécesseur tout en gardant la brutalité et le mélodisme avec une touche énergique supplémentaire.
Premier single lancé dans l’arène le 18 janvier dernier, « Paragon Of Purity » ouvre magistralement le bal. Sans l’ombre de la moindre introduction, les chevaux sont lâchés dès les premières notes. La saturation des riffs de Sean est à son maximum, contrebalancée par le caractère mélodique de ses accords. Les blast-beats et salves de double pédale pleuvent littéralement sur un Jason usant et abusant de tout la puissance et profondeur de son growl guttural. C’est de l’Ingested pur jus, de par la lourdeur du son mais aussi des nombreux changements de rythme qui l’animent. Une véritable piste taillée pour le live, quel début ! Issue du même moule, « Pantheon », le second single, déchaînera à coup sûr les passions mais surtout les moshs dans tous les pits visités. Ce véritable concentré d’énergie ravage tout sur son passage. Les metalheads reprendront à tue tête « Violence, Begets » avec Jason tout en secouant énergiquement leur voisin de droite.
On retrouve la rythmique hallucinante de Lyn à la batterie avec « Endless Machine ». Durant la plus grosse de ces salves, Sean en profite pour nous livrer un splendide solo mélodique rendant ce break tout simplement dantesque. Les growls et autres pig-squeals de Jason terminent le travail dans une efficacité redoutable. Josh Middelton de Sylosis et Mark Hunter de Chimaira ont apporté chacun à leur tour leur contribution à ce huitième opus. Le premier officie sur « Expect To Fail », donnant la réplique à Jason, pour une quatrième piste qui est, de loin, la plus brutale de toutes. Quant au second, il intervient sur « In Nothingness », résolument plus groovy et mid tempo, apportant une touche harmonique sur les refrains dominés par le growl rocailleux de Jason.
Deux titres sortent assurément du lot de par la touche mélodique qui les habite. « Numinous », située en plein centre de l’album, est une piste instrumentale cristalline, très harmonieuse avant que les riffs et blasts ravageurs ne prennent place et finissent le travail dans un ouragan de violence. « A Path Once Lost », qui clôt les débats, commence par la voix douce et mélodique de Jason sur une instrumentale nous rappelant étrangement celle de « Numinous » non pas par le rythme ou le gimmick mais par sa structure. Bien entendu, on glisse progressivement vers un son beaucoup plus teinté de death, tout en lourdeur et en saturation.
The Tide Of Death And Fractured Dreams est, une fois de plus, une sortie magistrale d’Ingested, ne faisant que confirmer la qualité de ce combo qui, ne l’oublions pas, a déjà dix-huit ans d'âge.
Tracklist
Paragon Of Purity
Endless Machine
Where No Light Shines
Expect To Fail (feat Josh Middelton)
Starve The Fire
Numinous
In Nothingness (feat Mark Hunter)
Pantheon
Kingdoms Of Sand
A Path Once Lost