Les sorties d'album sont tellement nombreuses chaque année qu'il nous arrive de passer à côté de très beaux albums. Alors, pour commencer 2025, nous avons voulu, une semaine durant, faire un focus sur des albums de 2024 que nous n'avions pas eu le temps de traiter.
Toute la planète black metal attendait cette sortie avec une grande impatience ! Le 25 octobre dernier, le combo portugais Gaerea délivrait son quatrième album studio Coma via Season Of Mist. Faire suite à Limbo (2020) et surtout Mirage (2022) n’était pas chose facile mais, le combo lusitanien a réussi à prendre une nouvelle direction musicale sans toutefois renier son héritage.
Toute la composition et la création de Coma, quatrième opus de Gaerea, s’appuie indéniablement sur la dualité clair/obscur. Cela commence dès la découverte de l’artwork de la pochette signé de l'artiste Nathan Lorenzana. Le quintet, entièrement vêtu de noir, a cette fois-ci, opté pour une un design aux tons bleus, à contre-courant de ceux de Limbo ou même Mirage. Cet œil de la providence censé veiller sur l’humanité déverse tout son désespoir dans une cascade de larmes.
« The Poet’s Ballet » qui ouvre le bal développe pleinement cette philosophie. Après plus de deux minutes et demi avec Guilherme Henriques au chant clair, un déferlement de riffs et de blasts s’abat sur l'auditeur dans un véritable torrent de violence. Le chant du frontman bascule en un scream déchirant apportant son lot de douleur. La guitare rythmique distille toute sa noirceur par sa saturation tandis que la lead se veut plus mélodique avec des arpèges comme une sorte de lumière au bout du tunnel.
On retrouvera d’ailleurs le chant clair et mélancolique de Guilherme distillé avec parcimonie sur les break de « Suspended » et « Wiltred Flower ». Un peu plus ancré côté death, « Hope Shatters », second single de l’opus, marque indéniablement les esprits. La rythmique des trois quarts de la piste, où la double pédale et les blasts pleuvent, tout comme les riffs, se rompt lors du break de la lead dont le gimmick si particulier et harmonique est repris par la horde dans un ultime déchaînement de violence pure.
Cette structure se répète avec « World Ablaze » et « Unknown », sur lesquelles les refrains marquants frôlent littéralement l’entêtement. A noter également sur la majorité des pistes composant Coma la présence de chants grégoriens en arrière-plan, renforçant l’aspect mélodique et le contraste avec la brutalité du son black/death, tout en donnant du relief au chant du frontman. Un léger creux se fait ressentir avec « Coma » et « Wilted Flower » qui, jouées sur un rythme plus mid-tempo que les autres, marquent un peu le pas.
C’est une véritable ouverture vers de nouveaux horizons - et une nouvelle auditoire - qu’amorce Gaerea avec ce quatrième opus. Le quintet portugais glisse doucement mais sûrement vers un post-black teinté de blackened death qui réussira à la fois à conquérir de nouveaux adeptes mais aussi à garder les fans de la première heures qui affectionnaient la facette underground assumée par le groupe. Après une tournée américaine, les cinq démons lusitaniens encagoulés enchaîneront en 2025 avec quelques dates européennes, sans aucune date française au programme. Espérons qu’ils changeront d’avis et qu’ils viendront à la rencontre du public français à partir de l’été prochain...
Tracklist Coma :
- The Poet's Ballet
- Hope Shatters
- Suspended
- World Ablaze
- Coma
- Wilted Flower
- Reborn
- Shapeshifter
- Unknown
- Kingdom of Thorns