Les Gros Émergents de Février 2023

C'est le retour des Gros Émergents ! Notre rédaction y met à l’honneur quelques formations émergentes qui lui ont tapé dans l’œil (ou plutôt dans les oreilles). Nous espérons que cette mise en lumière permettra à des groupes passionnés et de qualité d’obtenir l’exposition qu’ils méritent, car ils sont la preuve de la richesse et la diversité de notre scène musicale. Bonnes découvertes !

Birdshot – Compress Monday (nu metal / prog)

L’EP 4 titres de Birdshot a beau être un premier album, le combo originaire d’Angers n’est pourtant pas composé de débutants. Les cinq musiciens, forts d’expériences sur les scènes noise, screamo, metal, mais aussi électro, proposent une fusion de ces différentes influences dans un disque qui fleure bon le nu metal des années 90 et 2000 assaisonné de hardcore et de prog moderne.

Nostalgie, quand tu nous tiens … Birdshot joue sur la corde pas si sensible à coups de refrains mélodiques efficaces et grungy à souhait ("The Signal"), tout en faisant preuve d’une puissance ravageuse par des riffs massifs et un groove impressionnant. L’énergie du quintette est palpable, et l’EP présente des moments particulièrement savoureux, des progressions rondement menées aux passages proggy fous sur lesquels des touches de djent et le cri hardcore s’allient pour le mieux ("Eyes of the Forest").

Les influences, de Soundgarden à Leprous en passant par Will Haven, se mêlent mais l’ensemble reste cohérent, doté d’une force et d’un groove imparable porté par la section rythmique et des lignes de basse bondissantes ("Silence In Us"). Le chant, souvent clair mais rauque, verse dans la distorsion pour des passages plus hardcore voire noise, et les lignes de guitares se révèlent aussi efficaces dans la force que dans des moments plus déstructurés. Une belle entrée en matière pour un groupe à suivre et à retrouver dès que possible sur scène !

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Chronique de Julie L

Hemeroplan – High Tide (post-rock / metal progressif)

La formation tourangelle Hemeroplan nous embarque dans son univers très prog avec les neuf titres du premier opus. L’ambiance de ce concept album se fait aquatique et immersive, bien adaptée à la thématique abordée, celle d’une plongée progressive d’un protagoniste dans les affres de l’addiction (à l’alcool, aux drogues mais aussi à la religion). High Tide est bâti sur une structure circulaire, les accords des pistes instrumentales d’introduction et de conclusion se faisant écho. Il y a bien un réel pouvoir narratif dans l’intensité et la pureté des lignes vocales, mais également dans l’intensité des compositions, invoquant des émotions conflictuelles.

La production est signée Fabien Devaux (Hacride, Step in Fluid) et Yann Ligner (Klone) pour les arrangements et enregistrements des voix. Ce n’est pas surprenant vu la clarté incroyable des lignes vocales proposées par Hemeroplan. Au chant, Jany Pacaud mène la barque avec son timbre cristallin accompagné pour les harmonies du batteur Yann Maury. Le voyage ne s’arrête pas au chant, puisque sur l’instrumental délicat "Amplitude", le saxophone remplace le chant pour une immersion totale.

Influencés par les tendances progressives entre The Ocean, Klone et Katatonia, les Français trouvent ici de la profondeur dans la lenteur et l’intensité, avec le chant aérien en première ligne ("Six Feet Over"), mais également un jeu subtil de riffs déconstruits et de solos complètement fous (comme sur "The Call" ou "Omniscience", piste plutôt prog rock pourtant agrémentée d’une fin rugueuse). Les compositions sont riches, complexes et dotées d’une puissance indéniable, que ce soit par des intros très lourdes ("These Walls"), des montées en puissance et des attaques plus dures, massives et extrêmement groovy portées notamment par d’excellentes lignes de basse (comme sur "Fears" ou le superbe single "Towards the Abyss"). L’ensemble, complexe mais accessible, se réécoute avec plaisir, et séduira les amateurs de prog moderne avides de bon son made in France.

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Chronique de Julie L

Leper Colony – Leper Colony (death)

Attention, voilà du lourd pour tout amateur de death, du genre comme du groupe légendaire. Rien que le nom du groupe semble déjà un hommage à Chuck : Leper Colony. La première impression donnée par l'ouverture - sans concessions - "The Human Paradox" va dans ce sens. Le son de batterie est très clair, très produit et avec une bonne couche de réverb; la basse est mise en avant et audible. Et cette vocalise en début de titre est parfaitement appropriée. Et le tout, en balançant des riffs bien accrocheurs et des compositions techniques. Souvent nerveux et explosif ("The Human Paradox", "Tar And Feathers"), le groupe sait aussi verser dans le death technique façon Death des derniers opus ("The Surgical Undeadvors", "Rapture Addict"), et propose même une facette plus melodeath dans ses solos. Clairement, si un tel niveau de maîtrise sur un premier album laisse perplexe, l'explication se trouve dans le line-up.

Derrière Leper Colony se cachent en fait deux pointures du genre: le suédois Rogga Johansson aux guitares (électrique plus basse), architecte de Paganizer, et surtout Marc Grewe ! Le vocaliste historique de Morgoth, groupe parmi les pionniers du death allemand dont l'existence remonte à presque 40 ans, qui est sans surprise parfaitement à l'aise dans cet exercice. Jon Skäre termine ce trio derrière les fûts, et notons que si son CV est nettement moins long que celui de ses compères, ce n'est pas non plus un inconnu. Les incollables du genre l'ont déjà croisé sur les albums de plusieurs formations depuis 2010.

Line-up de pointures ou pas, cela n'enlève rien à la performance que constitue ce Leper Colony. Exécuté avec précision et rapidité (à peine plus d'une demi-heure en tout), ce premier album est impressionnant. Indéniablement old-school sans pour autant se contenter de copier les références, Death et Asphyx en tête, grâce au remarquable travail de composition de Rogga et la prestation vocale de Marc.

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Chronique de Félix Darricau

Vahrzaw - In The Shallows Of A Starlit Lake (black metal atmosphérique)

Vahrzaw, c'est un groupe australien pas si émergent que ça, surtout dans le sacro saint milieu du black metal ! Ce groupe composé de Scott Williams, Brandon Gawith, George Van Doorntt s'est formé dans les années 90 dans la région de Victoria, pendant "la grande époque" du black.

Aussi, il n'est pas étonnant de trouver dans In The Shallows Of A Starlit Lake, sorti chez Bitter Loss Records, tous les grands codes propres au purisme si cher à ce genre musical. Du son saturé, du cri, mature et bien posé, de la batterie en veux-tu en voilà, de la distorsion bien placée, des ambiances et atmosphères à en faire growler les grenouilles... Tout est là pour qu'on savoure comme on l'aime un bon gros black classique.

Les fans de Gorgoroth, Carpathian Forest, Mayhem et des débuts de Satyricon et Emperor devraient retrouver dans ce cinquième opus des Australiens une madeleine de Proust de qualité, et une technique très appréciable.

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Chronique de Fri

Phoebus The Knight – Ferrum Fero Ferro Feror (power sympho / opera)

1792. Alors que Paris s'apprête à sombrer dans la Terreur, le chevalier alchimiste Phoebus et ses compagnons des Chevaliers d'Heliopolis sont investis d'une quête de la plus haute importance : retrouver et occire la Bête, source des guerres éternelles. Fabuleux programme, n'est-ce pas ? C'est ce que propose le groupe Phoebus The Knight dans son premier album studio, intitulé Ferrum Fero Ferro Feror ! Si c'est indéniablement le registre épique et symphonique qui domine, le spectre musical s'avère très varié. Au gré des titres et du morceau d'histoire à raconter, on s'aventure parfois dans du nettement plus calme et théâtral. D'autres occasions voient au contraire le groupe partir dans un esprit black façon Cradle Of Filth, voire même death mélodique.

Avec une telle palette d'ambiances différentes et de styles mélangés, il faut assurer derrière avec une équipe solide de musiciens. Nous retrouvons ainsi notamment Adrien Djouadou à la guitare, par ailleurs compositeur principal (et chanteur d'opéra). Les textes sont écrits et chantés par Axel de Montalembert. Ce dernier impressionne par son registre vocal, sa tessiture très riche dans les graves et utilise aussi le scream. C'est d'ailleurs un marqueur clair pour séparer les interventions de Phoebus de celle de la Bête. Majoritairement en anglais, sauf lorsque l'aventure raccroche avec les évènements de la Révolution (les "Massacres de Septembre"). On apprécie l'emploi de la langue française, qui fonctionne très bien dans ce contexte. Et naturellement, on retrouve le fil rouge de cette aventure, avec ce thème évoqué dès "Antelux" et régulièrement présent.

Impressionnant premier album que ce Ferrum Fero Ferro Feror. Si le style symphonique devrait beaucoup parler aux amateurs de Nightwish ou Rhapsody, le metal extrême est aussi représenté. Arrivés au bout, on a envie de le relancer et surtout hâte de voir ce que la formation proposera ensuite.

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Chronique de Félix Darricau



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