Les Gros Émergents de Mai 2023

Découvrez les Gros Émergents Metal du joli mois de mai ! Notre rédaction y met à l’honneur quelques formations émergentes qui lui ont tapé dans l’œil (ou plutôt dans les oreilles). Nous espérons que cette mise en lumière permettra à des groupes passionnés et de qualité d’obtenir l’exposition qu’ils méritent, car ils sont la preuve de la richesse et la diversité de notre scène musicale. Bonnes découvertes !

Black Oak - Egolution (post metal progressif)

Adeptes des ambiances obscures et planantes, cette jeune formation est faite pour vous... à condition que vous aimiez aussi les sons qui incitent à la bagarre ! Black Oak signe un premier album qui condense chant clair tour à tour plaintif et très dynamique, mélodies nostalgiques, cris écorchés, riffs énervés et rythmiques hypnotiques. Durant cinquante minutes, le combo suédois nous fait voyager au pays de la douleur lancinante et éthérée, avec des plages planantes et d’autres obscures, mais aussi dans une agressivité rentre-dedans que ne renieraient pas des formations de metalcore.

L'équilibre entre douceur, violence et dépression est à point. D’autant qu’en plus de cet alliance des contraires, plutôt classique chez de nombreuses formations post-metal (Cult Of Luna n’est pas loin) s’enrichit d’une sensibilité sinon pop, du moins beaucoup plus directe. La voix de la chanteuse Samuéla Burenstrand, très modulable, offre en effet des passages en voix claire très accrocheurs, qui éloignent du post metal. Des cordes et des sonorités electro se font même discrètement entendre. L’intro très douce de "Conflict" tout en voix cristalline et en arpèges de guitares clairs évoque même vaguement certaines ballades d’Epica, avant que des screams ravageurs ne viennent prendre le dessus.

Les influences du quintette sont nombreuses, du prog au hardcore, et se mêlent de façon suffisamment fluide pour ne pas donner l’impression d’une surcharge ou d’un ovni. Avec un tel mélange, les Suédois devraient susciter l’intérêt chez les adeptes de nombreux courants du metal.

Chronique de Aude D

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Dronte (post metal acoustique)  + Grind-O-Matic (grindcore progressif) - Dés-Astres [Split] 

Étrange objet que ce split album conceptuel rassemblant quatre artistes ou groupes français, officiant dans des styles différents, autour d’un thème mélodique commun et de textes – en français – écrits par un parolier extérieur, Jopil Lastec. Un projet artistique atypique qui a de quoi intriguer, par cette union étonnamment efficace de groupes que l’on n’aurait pas forcément attendus ensemble. On y trouve ainsi des morceaux courts d’électro indus par Thomas Augier, et un titre noise à la basse ronflante et aux accords dissonants signé Royal McBee Corporation ("Ikejime").

Mais ce sont surtout deux morceaux particulièrement réussis qui ont retenu notre attention. Le premier, "Réactionnaire", n’est pas vraiment l’œuvre d’un groupe émergent, puisque le collectif Grind-O-Matic écume en effet les scènes françaises depuis deux décennies. Le groupe propose un grindcore progressif – si, si – et la rage du morceau accompagne bien le propos révolté. Les passages rapides alternent avec des ralentissements plus mélodiques, et l’ensemble laisse entrevoir un beau potentiel live fiévreux. Grind-O-Matic a par ailleurs sorti en début d’année un EP, Influencing Machine, dont le single "The Cyclop’s Eye" est à retrouver par ici.

Le second morceau à nous avoir séduits est le surprenant "Fukuyama", par le jeune groupe Dronte. Le post metal acoustique – si, si – du combo se révèle terriblement efficace et chargé d’une dimension poétique. La belle mélodie et le texte, tantôt parlé, tantôt hurlé, confèrent à l’ensemble une cohérence presque inattendue, tant il est peu habituel de trouver autant de puissance et de texture avec l’accompagnement de guitares acoustiques. Le premier album de Dronte, Quelque Part Entre la Guerre et la Lâcheté, est sorti en 2019 et déjà on y retrouvait la force si particulière de compositions metal impressionnantes portées par les guitares et de nombreux autres instruments joués en acoustique. Une esthétique singulière à découvrir d’urgence !

Wazzara - Ombreine [EP] (moongaze)

Le jeune groupe suisse Wazzara s’est formé autour de Barbara Brawand, chanteuse, guitariste et compositrice, et propose une plongée dans un univers mystique et éthéré déjà solidement mis en place sur son premier album Cycles en 2021. Le quintette propose aujourd’hui un EP de trois titres pour 18 minutes de post metal entre blackgaze, folk et doom atmosphérique, à la croisée de chemins entre Alcest, Agalloch et Paradise Lost.

Chaque instant de l’EP Ombreine est chargé d’une dimension onirique et enchanteresse, dans l’union des instrumentations lentes mais variées et la clarté du chant aérien de Barbara. L’ensemble se fait hypnotique, comme hors du temps, sur la réécriture de la chanson suisse traditionnelle "Guggisberglied", jusqu’à des passages black sombres et impressionnants.

La vocaliste virevolte entre screams et chant clair, et le groupe semble exceller dans les variations et l’art des transitions imperceptibles. C’est le cas dans l’alternance entre lenteur et accélérations redoutables sur l’excellente "Visiûne", pièce féminine et évocatrice, mais également dans le contraste entre les passages lourds et les instants éthérés du morceau de conclusion "What Lies Beneath". On ressort ensorcelé par l’ambiance singulière créée en si peu de titres par les Helvètes, tout en souhaitant que ce voyage entre émotions et imagination se poursuive un peu plus longtemps.

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Chronique de Julie L



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