Découvrez notre sélection estivale des Gros Émergents Metal ! Notre rédaction y met à l’honneur quelques formations émergentes qui lui ont tapé dans l’œil (ou plutôt dans les oreilles). Nous espérons que cette mise en lumière permettra à des groupes passionnés et de qualité d’obtenir l’exposition qu’ils méritent, car ils sont la preuve de la richesse et la diversité de notre scène musicale. Bonnes découvertes !
Sempervivum - Despicable Being That You Are (thrash / death metal)
Bien que fondé dans la seconde moitié des années 90, Sempervivum ne délivre aujourd’hui que son second album, six ans après Death By Prescription, sa première offrande. Avec Despicable Being That You Are, le quatuor lorrain propose un thrash metal teinté de death de bonne facture, porté par le chant mi-growlé mi-hurlé de James Blosch.
En ayant fait le choix de l’autoproduction, l’album n’est bien sûr par exempt de défaut, à commencer par la présence d’une reverb sur la voix qui donne un côté old school un peu trop prononcé à la production. Mais l’énergie déployée par le combo à travers des riffs thrash nerveux transpire la sincérité et l’authenticité (« Evil Fate », « I Am », « Tin Soldier »), tout comme les quelques soli de guitare bien amenés (comme celui à la Wah-Wah de « Commander in Chief of the Armed » à 2 :58 que Kirk Hammett n’aurait probablement pas renié).
Le combo s’éloigne régulièrement du riffing thrash classique pour s’orienter vers des plans death mélodiques (« The Force of Nature », le pont de « I Am »), tout en conservant sa volonté d’efficacité à travers des titres courts. L’énergie brute est présente tout au long des neuf titres de l’album et Sempervivum propose une musique à mille lieues des styles trop léchés et agrémentés de dizaines de pistes et de prises en tout genre. L’optique derrière ce choix est indéniablement celle de sonner live, ce que le combo réussit parfaitement.
La formation ayant d’ailleurs déjà partagé les planches avec des combos tels que Mortuary, Depraved ou WILD, la scène semble être son terrain de prédilection, ce que ce second opus s’attache à prouver, le potard de volume sur 11 !
Chronique de Watchmaker
Supreme Void - End of Games (death metal)
Tout droit venu de Pologne, Supreme Void marche sur les traces d’Ulcerate, Ulsect ou encore Dodecahedron. En effet, à l’écoute des quatre titres de l’EP, End of Games (initialement sorti en 2021 mais aujourd'hui réédité sous le patronyme actuel du groupe), ces noms viennent immédiatement à l’esprit, tant le death metal du combo se veut malsain, torturé et labyrinthique.
Pourtant, loin d’être un simple ersatz des groupes sus-mentionnés, Supreme Void propose une musique cathartique, puissante et qui fait finalement preuve de beaucoup de personnalité. La dissonance propre au style popularisé par Ulcerate (et plus encore par Gorguts au cours de sa seconde moitié de carrière) est bien présente dès "Godevile" ou "Iter Purgatorium", tout en donnant des riffs lisibles et des leads de guitare soignés : c’est le cas sur la seconde moitié d’ "Irreversible Destruction", à la fois déchirante et à fleur de peau, prouvant qu’on peut sans problème amener de l’émotion et de la beauté dans une musique aussi exigeante et intransigeante.
Côté chant, les vocaux d’Exile (leader du groupe) lorgnent vers Ross Dolan (Immolation), à la fois particulièrement clairs et naturels, mais qui semblent tout de même directement issus des abîmes d’un précipice sans fond. En quatre titres seulement, Supreme Void envoie un parpaing monumental dans les gencives et se hisse sans soucis et presqu’avec insolence à la hauteur des références mentionnées. LA découverte de cette première moitié d’année !
Chronique de Watchmaker
Grain Of Pain - The Moon Lights Up The Way (doom/death)
Projet orchestré par l’artiste finlandais Timo Solonen (guitare, growls), Grain of Pain présente son tout premier album studio, qui n’a cependant rien d’un coup d’essai. Tout respire l’expérience dans les sept titres (plus deux bonus) de cet opus remarquable. Le maestro, qui s’est entouré pour l’enregistrement d’un sacré groupe de session, avec des membres de Swallow the Sun et Before the Dawn (Juho Räihä à la guitare, Juuso Raatikainen à la batterie et Lars Eikind à la basse et au chant clair), propose un death / doom captivant et mélancolique, intensément mélodique, et surtout assez moderne, enrichi de nombreuses influences.
Les compositions se font entêtantes, puissantes, et le désespoir surgit de complaintes sublimes ("Beneath"), mais certaines pistes sortent des sentiers battus. Le doom de Grain of Pain n’est pas si lent, agrémenté d’une multitude de couleurs musicales et du relief. L’ambiance est sombre, mais des passages réconfortants voire lumineux surgissent, parfois par surprise. Des passages de death s’ouvrent sur des moments plus feutrés ou des refrains plus accrocheurs. La rythmique est différente, inattendue, avec l’irruption de guitares acoustiques et de chuchotements présents sur l’envoûtante "The Witch", sublimée par la prestation de la vocaliste Sini Pajunen.
Difficile de ne pas être séduit par l’interprétation vocale aussi inspirée que différente. Les lignes vocales se multiplient, porteuses d’une certaine emphase sans en faire trop, de growls puissants, funestes, mais mesurés. Les parties au chant clair de Lars ressortent indéniablement, porteuses de moments de grâce, comme suspendues sur "The Moon Lights the Way", aux accents progressifs. Les harmonies et associations vocales sont dotées d’une charge émotionnelle indéniable, de superbes lignes claires sont associées à des growls profonds de Timo, portés par des riffs circulaires, de la puissance et de la lourdeur. Sur "Can’t Be Fallen", le death glisse vers le gothique, traînant, jusqu’à un refrain d’une intensité remarquable. Un premier opus de haut vol, profond, organique et captivant, qui s’écoute encore et encore avec une facilité déconcertante.
Chronique de Julie L