Si vous trainez sur Youtube, vous n'avez pas pu rater Dealer 2 Metal. En plus d'être un créateur de contenu rock metal, Aziz est aussi le guitariste et chanteur du groupe Bad Situation aux côtés de son pote Lucas à la batterie. Le duo francilien, originaire du Val d'Oise, a sorti depuis le covid un EP (en 2022), ainsi qu'un premier album éponyme cette année. Nous avons pu leur poser quelques questions la veille de leur prestation mémorable du dimanche matin au Hellfest.
Salut Bad Situation, pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter, pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas ?
Aziz : Bien sûr ! Alors nous c’est Bad Situation, avec Lucas le batteur, et puis Aziz, guitariste et chanteur, mais aussi Youtubeur metal. On fait principalement du rock assez moderne. En fait j’aime bien dire que pour nous décrire, il suffit de prendre tous les groupes qui jouent sur la Main Stage ce dimanche (Corey Taylor, Royal Blood, Foo Fighters…), en faire une sorte de salade, et tu obtiens Bad Situation. On aime vraiment faire le show et s’inspirer notamment de ces performances américaines.
Comment avez-vous vécu le fait d’apprendre que vous alliez jouer au Hellfest ce dimanche ?
Lucas : Comme des fous, c’est vraiment un grand accomplissement dans notre carrière de jouer ici, un vrai rêve qui se réalise. Et, cerise sur le gâteau, on ne savait même pas au début qu’on était le seul groupe français du week-end à jouer sur les Main Stages. Et ça, on ne l’a appris que le jour où on a découvert l’affiche du festival.
Quelle est la question qu’on vous pose qui vous énerve le plus ?
Aziz : Ah, celle qui revient souvent c’est : “Pourquoi il n'y a pas de bassiste dans le groupe ?” C’est vrai qu’on n’a pas de bassiste, mais ça fait partie de notre son unique. On a trouvé d’autres manières de remplir cet espace sonore, donc ce n’est vraiment pas un problème pour nous. Et je ne vois pas pourquoi on changerait. (Ndlr : nous sommes d’ailleurs revenus un peu plus longuement dans notre live report sur comment Bad Situation fait pour jouer avec seulement deux musiciens).
C’est vrai que votre son est à la fois lourd (comme Slipknot) mais aussi pas mal mélodique et entraînant/mainstream (à la Foo Fighters). Aziz, est-ce que tu as des conseils à donner à des guitaristes sur comment trouver leur son ?
Aziz : Le son, c’est quelque chose qui se développe au fil du temps. Pour moi, ça a été un processus très réfléchi, étape par étape. À chaque fois que j’avais un besoin ou que je me heurtais à un problème, je cherchais une solution spécifique. C’est vraiment une démarche procédurale, où chaque élément du son a été choisi pour répondre à une nécessité précise. Mon conseil serait de ne pas avoir peur de prendre le temps de bien comprendre ce que vous voulez et d'expérimenter jusqu'à ce que vous trouviez ce qui vous correspond.
Est-ce que vous avez le temps de profiter du Hellfest cette année, même en tant que musicien ?
Aziz : Moins qu’on le voudrait, malheureusement. On est extrêmement sollicités avec les nombreuses interviews et toute l’organisation autour du concert. Mais on a vraiment hâte de jouer dimanche et de profiter du festival ce jour là autant que possible.
Vous allez beaucoup dormir ce samedi soir ?
Aziz : On préfère ne pas répondre à cette question ! (rires)
Comment pensez-vous que le Hellfest va réussir à perdurer dans le temps, avec aujourd’hui quasiment toutes les plus grosses têtes d’affiche déjà présentes sur le festival ?
Lucas : Je pense que le Hellfest n'a pas trop à s'inquiéter pour son avenir. C'est devenu une institution, une référence pour les fans de metal du monde entier. Le festival a su évoluer et s’adapter aux tendances tout en restant fidèle à ses racines. Même si certaines grandes légendes du metal ne seront peut-être plus là dans quelques années, il y aura toujours de nouveaux talents et des groupes émergents prêts à prendre la relève.
Le Hellfest a une base solide et une communauté passionnée qui le soutient, donc je ne vois pas pourquoi ça ne continuerait pas comme ça. Surtout que la programmation est d’ailleurs toujours plus généraliste, comme par exemple ce dimanche. Ce qui permet de maintenir une sorte de “hype” autour du festival.
Une question pour Aziz : en tant que Youtubeur, comment vas-tu cette année couvrir le festival sur Youtube ?
Aziz : Cette année, je vais axer ma production sur le côté artiste. L’année dernière, j’avais fait un vlog plus en mode festivalier, et l’année précédente, un vlog backstage pour montrer ce qu’on ne voit pas. Cette fois, je veux vraiment montrer ce que c’est que de jouer ici, avec tout ce que cela implique en termes de préparation, de stress, et de joie. Ce sera un contenu beaucoup plus introspectif, je dirais.
Vous êtes originaires de Vauréal dans le Val d'Oise (95), que pensez-vous du nouveau Forum ? A-t-on besoin de plus de salles comme celle-ci en banlieue pour éviter que l’offre de concert soit uniquement concentrée à Paris ?
Lucas : Le nouveau Forum de Vauréal est un excellent ajout à la scène musicale locale. C’est super de voir des infrastructures comme ça se développer en banlieue. Et la nouvelle configuration fait penser vraiment à l’Olympia. Je pense qu’on a définitivement besoin de plus de salles de ce type pour que la culture musicale ne soit pas centrée uniquement sur Paris. Ça permet de rendre la musique live accessible à plus de monde et de soutenir des scènes locales qui en ont vraiment besoin. Et avec la nouvelle configuration ça permet aussi de faire revenir de plus gros groupes. D'ailleurs on a même gardé une pierre de l'ancien Forum lors qu'il a été détruit (rires).
Aziz : On a même d’ailleurs pu y jouer il y’a quelques jours en première partie de Fear Factory. Un groupe qui se produit d’ailleurs cette année sur le festival. Et c’était hyper cool, mais aussi un peu impressionnant de les voir nous regarder depuis le balcon avec un air un peu approbateur.
Quels sont les retours, d’ailleurs, sur votre album, et sur vos shows ?
Aziz : Vraiment très bons, le public et les commentaires sur nos vidéos sont quasiment tout le temps très positifs, et on a d’ailleurs eu de nombreux retours très positifs de la part d’autres artistes. Et notamment d’un groupe français très, très connu que je ne citerai pas. Ça nous donne envie de continuer et ça montre aussi, je l’espère, qu’on va dans la bonne direction.
Aziz, tu dis souvent dans tes vidéos que tu te considères un peu comme un passeur de témoin, notamment pour la jeunesse. Est-ce que c’est ta première raison d’être en tant qu’artiste ?
Aziz : C’est une grande partie de ce qui me motive, oui. Je pense que la musique, c’est plus qu’un simple moyen d’expression, c’est un moyen de connecter les gens, de partager des expériences et d’inspirer les générations futures. Pour moi, c’est important de donner aux jeunes les outils et l’inspiration pour qu’ils puissent, eux aussi, s’exprimer à travers la musique.
Je leur dirais de ne jamais laisser personne leur dire qu’ils ne peuvent pas réussir. J’ai eu un prof qui m’a dit d’arrêter la musique parce qu’il pensait que je n’avais pas le talent nécessaire. Heureusement, je ne l’ai pas écouté. La musique, c’est avant tout une question de passion et de persévérance. Peu importe d’où vous venez ou ce que les autres disent, si vous y croyez et que vous travaillez dur, vous pouvez accomplir de grandes choses.
Vous n’êtes que deux dans le groupe, et il y a aussi forcément le fait qu’être Youtubeur ça vous expose un peu plus. Comment gérez-vous les périodes de doutes ? Quand vous êtes dans un “Bad Mood” ?
Lucas : Bien souvent, Aziz est, paradoxalement peut-être, la figure de force tranquille, et je pense qu’on se connait parfaitement. On a grandi ensemble depuis le lycée et on se complète vraiment bien. Dès que j’ai un doute, je me réfère vraiment à Aziz.
Aziz : On essaie vraiment de rester positifs et concentrés sur nos objectifs le plus possible et comme pour notre son, de trouver à chaque problème des solutions.
Pour finir, ça serait quoi selon vous une “Bad Situation” ?
Aziz : Eh bien, une “Bad Situation” (rires) c’est un peu comme quand tu arrives au Hellfest pour y jouer et qu’on te dit que tu ne peux pas passer. Bon en fait c’est juste de notre faute car on s’est trompé d’entrée (Rires). En fait, le groupe s’est formé pendant la pandémie, donc on a dû surmonter pas mal de situations compliquées. C’est vraiment de là que vient l’inspiration pour notre nom.
Remerciements à Klonosphere pour avoir permis la réalisation de l'interview.
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