Gojira - Week-end 1 - Main Stage 1 - Dimanche 19 - 23h15
Quelle progression spectaculaire ! Trois ans après la position en clôture Main Stage du vendredi, Gojira a aujourd'hui la place de la tête d'affiche officielle. Qui plus est pour le dernier jour du festival, du moins, du premier week-end. C'est à la fois énorme et mérité, notamment au vu du monument que constitue Fortitude. On va voir qu'en trois ans Gojira a encore changé de dimension.
Chez Gojira, on aime désormais voir les choses en grand, très grand, et ça commence dès le décompte avant concert. Trois minutes, rien que ça, et avec des battements de cœur pour bien faire monter la pression. Jusqu'où ? Jusqu'au démarrage impérial sur la rythmique de "Born For One Thing", évidemment ! On constate immédiatement la puissance, phénoménale, du son de batterie de Mario. C'est simple, il est tellement imposant qu'il couvre bien le reste du groupe, guitares comme voix. Il va falloir attendre plusieurs dizaines de minutes pour que le mix s'améliore. Reconnaissons toutefois que si ce problème de son a été maintes fois relevé, il est beaucoup moins marqué à l'endroit précis où on se situe. On a surtout la sensation d'un son très intense, puissant, laissant seulement la voix en léger retrait. Un son de tête d'affiche, oserait-on presque.
Si l'attaque du concert se fait sur "Born For One Thing", Gojira propose un retour en arrière immédiatement après. Évidemment, c'est bien Fortitude qui a la part belle dans la setlist jouée pour Clisson ce soir, mais il faut presque attendre la second moitié du set pour en découvrir le reste. Entre temps, les quatre landais nous proposent des classiques, "Backbone" ou "Flying Whales", autant que des surprises. En l'occurence "Space Time", tout droit issu de Terra Incognita, que le groupe n'avait plus joué depuis 2012. Les guitares hurlantes de "Stranded" sont aussi de la partie, titre qui est toujours autant un hymne au Hellfest. Mais cette fois, un cap est encore passé au niveau du jeu de scène ! L'habillage scénique était déjà remarquable en 2019, avec un usage impressionnant des nouveaux écrans pour habiller la musique avec beaucoup d'effets. Tout est maintenant décuplé, de la pyrotechnie omniprésente aux écrans. Ceux-ci servent autant pour des effets noir en noir et blanc ou monochromes (comme cette pause toute rouge pendant "Backbone", avant un "comment ça va ? !") qu'à la diffusion de vidéos. Comme pour "Love", dont le final est associé à "Remembrance" dans un medley de fou. On se régale !
Parlons d'ailleurs de la pyro ! Gojira se retrouve être la seule tête d'affiche à en utiliser sur ce premier week-end, pour cause de canicule. Et ils n'y vont pas de main morte : les lance-flammes sont nombreux et déclenchés en rythme sur les plus gros riffs, régulièrement secondés par des fumées ou des canons à confettis. Avec la scène imposante sur plusieurs étages et les écrans encore plus travaillés qu'avant, on en prend plein les mirettes ! Gojira a désormais la carrure des groupes de stade, clairement. Même le feu d'artifice, initialement prévu samedi après Ghost et également interdit, sera finalement de la partie. Indirectement, cette presque surenchère de pyrotechnie a une saveur particulière lorsqu'elle est utilisée sur certains titres. "Another World" par exemple ("another place... to burn"), interprété juste après "Silvera" dont le final regorge de flammes. Encore plus marquant : "Amazonia", sur lequel Mario termine le set entouré par six brasiers. Comme au cœur de la forêt qui brûle, sujet tristement d'actualité.
Après des excursions passionnantes et parfois surprenantes dans les anciens albums du groupe, il est temps de revenir sur Fortitude. Une chose est claire, Gojira entend bien défendre son dernier opus. À part "Sphinx", que l'on pouvait imaginer dans le set vu sa place parmi les singles, tous les titres attendus sont présents. Et même plus, bien plus. On a déjà cité "Born For One Thing", "Amazonia" et "Another World", avec son clip diffusé sur les écrans. Tout en haut, au troisième étage de la scène, Joe lance l'intro façon vocoder de "Hold On". "The Chant" est également de la partie, toute la fosse étant invitée à entonner les chœurs caractéristiques du titre, coachée par Mario à l'aide de ses pancartes "plus fort" et "c'est mieux". Ce ne sont pas celles d'Insanity Alert, mais le groupe garde une touche d'humour et reste proche du public. On retrouve également dans la sélection choisie pour ce soir l'immense "Grind", son intro épique, son énergie et ce final en apothéose. En fin de set, le quatuor nous réserve une dernière surprise avec la toute première sortie de "New Found". Ils annoncent l'avoir répété juste avant le concert, et ça se voit. L'exécution n'est pas totalement maitrisée (Joe et même Mario ne sont pas parfaitement carrés), mais n'empêche pas le titre et son groove puissant d'embarquer la foule.
Un des temps forts les plus marquants de la prestation du groupe en 2019 était clairement "The Gift Of Guilt". On le retrouve, avec son riff lancinant et mélancolique, et ce clip référençant le mythe de Pandore qui lui sied si bien. La dimension stade qu'a pris le groupe pouvait nous faire craindre son absence, mais heureusement il n'en est rien. Les vrais absents notables de cette setlist sont les pépites de The Way Of All Flesh. On aurait aimé retrouver "Toxic Garbage Island", mais il est vrai qu'aucun moment de la setlist n'y aurait été propice, à part en remplacement de "Space Time". Autant mettre en avant le titre de Terra Incognita, rareté fort appréciable pour ceux qui suivent le quatuor depuis longtemps.
Gojira fait partie des très grands, c'est indéniable, et la prestation de ce soir en est une nouvelle preuve éclatante. Setlist remarquable, pyrotechnie sans équivalent sur ce premier week-end et comme en 2016, la date coïncide avec l'anniversaire de Mario. À l'exception de ce mix pas optimal en début de set, c'était un formidable set de tête d'affiche. On voit mal quel changement de dimension attend encore le groupe, sinon une fausse fusée qui décollerait en synchro avec celle du clip d'"Another World".
Setlist
Born For One Thing
Space Time
Backbone
Stranded
Flying Whales
The Cell
Love / Remembrance
Hold On
Grind
Silvera
Another World
L'Enfant Sauvage
The Chant
The Gift Of Guilt
New Found
Amazonia
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