Fichtre, que le temps passe vite ! La dernière fois qu’une tournée Sepultura / Sacred Reich est passée en France c’était en… 1991 ! Il y a donc 31 ans. Et cette tournée-là avait été un véritable carton tant les deux groupes étaient en forme à cette époque. En effet, ils avaient le vent en poupe et défendaient respectivement les albums (maintenant devenus des classiques) : Arise et The American Way...
En ce mardi 8 novembre 2022, 31 ans après avoir joué dans la salle des fêtes de St Loup Cammas, une petite commune du nord-est toulousain, voilà que Sepultura et Sacred Reich sont de retour dans la ville rose dans l’antre du Bikini, sous la houlette de SPM Prod. Certes, depuis trois décennies, les line-ups ont été remaniés mais l’envie d’en découdre est, elle, toujours belle et bien présente ! Qui plus est, la salle du Bikini fait salle comble et les fans sont déjà prêts à accueillir les héros de ce soir, comme il se doit…
Crowbar
Mais pour l’heure c’est aux Américains de Crowbar que revient la lourde charge de lancer les hostilités dans un Bikini bien fourni mais pas encore plein. Qu’importe ! Kirk Windstein et les siens comptent bien envoyer du lourd avec leur sludge qui tâche et défendre leur dernier album en date, Zero and Below sorti en mars dernier. Très vite, le groupe délivre un metal lourd tout droit issu du bayou et qui fleure bon la sueur dès l’opener « Conquering » qui met l’audience dans l’ambiance. Mais après quelques titres comme « I Feel The Burning Sun », « To Build A Mountain » ou « The Cemetery Angel », on s’étonne que Zero And Below ne soit pas mis à l’honneur dans ce set. Ainsi, mis à part le très bon « Bleeding From Every Hole », la setlist laisse la part belle aux anciens titres comme « All I Had (I Gave) » de 1993, « Like Broken Glass » (1996) ou « Planets Collide » (1998) qui font plaisir à tous les fans de la première heure.
Cependant, bien que Crowbar maîtrise son sujet à merveille, on a l’impression que le père Windstein et ses comparses sont un peu en pilotage automatique puisque le groupe enchaîne les (très bons) morceaux mais sans une énergie débordante. C’est un peu dommage car l’ensemble tourne bien, le son est bon, le groupe est bien en place mais il manque ce petit supplément d’âme qui fait la différence…
Au final, Crowbar a mis en place un set ronronnant mais ô combien redoutable qui a bien préparé les esgourdes de l’assemblée toulousaine pour la suite des opérations. Une belle entrée en matière en quelque sorte…
Setlist Crowbar
- Conquering
- I Feel The Burning Sun
- Bleeding From Every Hole
- To Build A Mountain
- The Cemetery Angels
- Chemical Godz
- All I Had (I Gave)
- Planets Collide
- Like Broken Glass
Sacred Reich
Après un rapide changement de plateau, c’est au tour des américains de Sacred Reich de monter sur les planches du Bikini. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ça fait vraiment plaisir de revoir ces vieux briscards sur scène, suite à leur reformation de 2006. En effet, après avoir tutoyé les sommets dès le début des années 1990, le groupe a splitté en 2000 avant de se reformer 6 ans plus tard et depuis, la bande au bassiste / chanteur Phil Rind semble jouer pour le plaisir ici et là (on s’en souvient notamment au Hellfest en 2009 et 2016) sans se prendre la tête sur son éventuel plan de carrière. Ainsi, le groupe n’a sorti qu’un album en 2019 (Awakening) depuis sa reformation de 2006 et ne semble pas être pressé pour mettre sur pied son successeur. Bref, on sent bien que Sacred Reich est revenu sur le devant de la scène pour se faire plaisir et bénéficie à ce titre, d’un énorme capital sympathie… D’ailleurs, dès son entrée sur scène le groupe est le sourire jusqu’au oreilles et l’ami Phil Rind n’en finit pas de remercier le public d’être venu avant d’attaquer sur un « Divide & Conquer » des familles histoire de faire bouger le pit.
Comme on pouvait s’y attendre, Sacred Reich met en place une setlist qui met en avant le dernier album en date, Awakening, au travers de 5 nouveaux morceaux qui passent très bien l’épreuve du live (« Divide & Conquer », « Salvation », « Killing Machine », « Awakening », « Manifest Reality ») ainsi que des anciens titres de la belle époque. Et même si les compositions les plus récentes trouvent un écho de la part du public, force est de constater que c’est sur les classiques « Who’s To Blame », « Independant » ou le puissant « The American Way » que l’audience se déchaîne dans la fosse ! Sur scène, Sacred Reich a toujours le sourire aux lèvres mais la précision est implacable au niveau de la section rythmique tenue par le batteur Dave McClain (ex Machine Head) et le très bon Phil Rind aussi très en voix. À ce titre, l’homme communique beaucoup avec le public au fil de discours positifs et engageants entre les morceaux et mène à la baguette la machine Sacred Reich. À sa droite, son vieux compère Wiley Arnett à la guitare est lui aussi très efficace et délivre des soli plutôt bien exécutés (« Killing Machine », « The American Way ») à côté du jeune guitariste Joey Radziwill. Après une petite heure d’un concert de haute volée, les p’tit gars de l’Arizona finissent en apothéose sur le mythique diptyques « Death Squad » et « Surf In Nicaragua » qui termineront d’achever l’audience. Quel grand moment !
En fin de comptes, Sacred Reich a délivré un très bon set de thrash à l’ancienne avec énormément de communication et d’envie. Phil Rind et sa bande ont fait le bonheur de tous les fans présents… et même des autres ! Quel plaisir d’avoir en face d’un soi un groupe proche de son public et souriant de bout en bout…
Setlist Sacred Reich
- Divide & Conquer
- The American Way
- Manifest Reality
- Who’s To Blame
- Killing Machine
- Awakening
- Independant
- Salvation
- Death Squad
- Surf Nicaragua
Sepultura
Ça ne fait pas loin de 40 ans que les Brésiliens de Belo Horizonte sillonnent les scènes metal du monde entier et 40 ans que le succès est au rendez-vous au travers d’albums classiques qui ont façonné le genre. Et même si les frères Cavalera s’en sont allés (avec pertes et fracas) vers de nouvelles aventures, il faut bien avouer que le Sepultura mené par Andreas Kisser et Paulo Jr. a su se relever et aller de l’avant avec le hurleur en chef, le géant vert, Derrick Green. À ce titre, les nombreuses tournées du groupe chez nous ont souvent fait salle comble. Le dernier passage de Sepultura à Toulouse date de 2017 et le moins que l’on puisse dire c’est que les fans sont toujours aussi nombreux en 2022 !
L’attente est longue avant l’entrée en scène des Brésiliens et le public est déjà prêt à en découdre. Et dès son entrée en scène sur un puissant « Isolation » on sent que le groupe compte mettre la barre haut… très haut, même ! En effet, tout comme Sacred Reich quelques temps auparavant, les gars de Sepultura sont aussi tout sourire et visiblement contents de voir que les fans ont répondu à l’appel. De fait, le groupe va dérouler « tranquillement » un set qui fait à la fois la part belle aux titres du nouvel album en date, Quadra (« Isolation », « Means To An End », « Capital Enslavement », « Last Time », « Guardians Of Earth », « Agony Of Defeat ») ainsi qu’à des brûlots d’antan à l’instar de « Territory », « Cut-Throat » ou même « Dead Embryonic Cells » qui récoltent tous les suffrages.
Au fil d’un set généreux et ô combien incisif, le chanteur Derrick Green communique beaucoup avec le public entre les morceaux (ce qui lui permet aussi de reprendre son souffle dans la fournaise du Bikini), tout comme Andreas Kisser. Les deux hommes ne s’attendaient pas à recevoir un tel accueil de la part de l’assemblée et n’hésitent pas à dire que le concert de Toulouse est l’une des meilleures dates de la tournée en cours. Et ce n’est pas Phil Rind et Dave McClain de Sacred Reich postés sur le côté de la scène pour le set de Sepultura qui diront le contraire ! En effet, les Brésiliens ont encore pas mal de morceaux dans leur besace et comptent bien les envoyer à la manière d’un parpaing jeté au visage d’un CRS dans une manif de black blocs… Ainsi, le groupe va prendre un malin plaisir à alterner compositions anciennes (« Dead Embryonic Cells », « Infected Voices ») et plus récentes (« Last Time », « Machine Messiah ») histoire de varier les plaisirs et de contenter les fans jeunes et moins jeunes. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ça marche plutôt bien puisque le public toulousain reprend comme un seul homme les refrains de chaque morceau. Quelle osmose !
Sur scène, la machine Sepultura tourne à plein régime, menée par un Derrick Green très en voix et un Andreas Kisser lui aussi très en forme, malgré le drame qui l’a touché au mois de juin. L’homme délivre des riffs incisifs et des soli qui tapent là où ça fait mal. Derrière, le discret bassiste Paulo Jr. n’est jamais pris en défaut tout comme le virevoltant Eloy Casagrande, lui aussi dans un grand jour ! La fin du set est menée tambour battant par des brésiliens mis en orbite sur un petit nuage. Dans le pit, c’est de la sueur et du sang… au sens littéral du terme puisqu’on aura droit à une arcade ouverte, un nez cassé et un front ouvert pour « Arise » ! Après cette déferlante sonore qui a laissé des traces (de sang) dans la fosse, Sepultura appuie une dernière fois sur l’accélérateur de son rouleau compresseur. Cette fois-ci c’est « Ratamahatta » et le mythique « Roots Bloody Roots » qui sont mis à l’honneur, repris en chœur par le public toulousain fourbu mais heureux d’avoir pu assister à un concert de si haute volée. Les gars de Sepultura sont les patrons et ils l’ont encore prouvé ce soir. Qu’on se le dise !
Setlist Sepultura
- Isolation
- Territory
- Means To An End
- Capital Enslavement
- Kairos
- Propaganda
- Guardians Of Earth
- Last Time
- Cut-Throat
- Dead Embryonic Cells
- Machine Messiah
- Infected Voice
- Agony Of Defeat
- Refuse / Resist
- Arise
- Ratamahatta
- Roots Bloody Roots
Un grand merci à Hugo et toute l’équipe de SPM Prod ainsi qu’au staff du Bikini