C’est malheureusement déjà la dernière date metal au Fil de Saint-Etienne. Pour clôturer l'année en beauté, l’association Méluzine : La Fabrique à Rêves a décidé de mettre les petits plats dans les grands. Initialement prévu dans la petite salle, c’est finalement dans la salle principale que ce beau parterre de metal extrême se retrouve en cette soirée hivernale. Programmé à la même date que Clutch au Transbordeur de Lyon, l’engouement populaire est pourtant au rendez-vous pour cette soirée death aux petits oignons.
Ashed Winter
C’était lors du Metal Fest Winter Blast II il y a trois ans de cela que nos chemins se sont croisés pour la dernière fois avec Ashed Winter. Appelés à la rescousse pour compléter le lineup ébranlé par les forfaits successifs de Soulbreeder, Electriccharged et surtout Sublime Cadaveric Decomposition, les Roannais s’en étaient tirés avec plus que les honneurs grâce à leur thrash teinté de groove. Les deux seuls rescapés de ce concert sont Nicolas Jullien et Lana Perrard. Accompagné à la basse par Grégory Barbéro, au chant par Kévin Grare et leur batteur de session Pierjan Vadeboin, c’est à 20 heures pétantes ce soir que le groupe se présente au grand complet devant nous.
Après une légère intro samplée, "In The Name Of Prophecy", première piste de l'EP The Prophecy disponible depuis septembre 2020, nous met directement dans le bain avec un circle pit se formant dans la fosse dès les premiers accords. Malgré un léger problème sur le retour de la guitare de Lana, que la technique règlera aussitôt, ce premier titre remporte tous les suffrages. Pour un début de soirée, la fosse est relativement bien fournie et ça fait plaisir à voir. Issu du futur album à paraître l’année prochaine, "Illusion Of Knowledge" a la dure mission de prendre la suite. Le thrash des riffs et le death des growl gutturaux de Kévin font le reste. Le breakdown casse les nuques et la double sulfate nos tympans.
Le set d’Ashed Winter est composé à moitié par l’excellent The Prophecy et l’autre par leur futur album. C’est un cadeau de noël avant l’heure pour tout le public stéphanois. Côté nouveautés, "Papa Legba" nous envoûte avec ses sonorités orientales en introduction qui contrastent totalement avec la violence qui suit et les salves de gruiks qui la clôturent. "We Won’t Fall" termine de la meilleure des manière le set avec des growls et pig squeals sur le break qui déchainent les heandbangs du pit.
On ne peut que constater le plaisir que prend chacun des membres du groupe. Très mobile sur les planches Grégory vient même bidouiller tour à tour le son des guitares de Lana et Nicolas en plein milieu de "Papa Legba". Accompagnant violement le son de sa basse avec de puissant headbangs, Greg se verra obligé de remettre continuellement ses oreillettes de retour son. Mais peu importe, le plaisir et la qualité du set sont au rendez-vous.
Sous les yeux de leur habituel batteur Lucas Viaud, présent dans la fosse pour l’occasion, Ashed Winter a introduit à la perfection cette belle soirée stéphanoise. Pour cette première grosse date de leur carrière, les cinq Roannais ont fait un travail remarquable. On a hâte de découvrir le prochain album qui, de ce que l’on a entendu, sera un savant mélange de thrash, death et groove.
Setlist
In The Name Of Prophecy
Illusion Of Knowledge
Mass Suicide
Papa Legba
Anthropophago
We Won’t Fall
Deathawaits
Après la très bonne performance d’Ashed Winter, la suite se doit d’être au moins du même niveau. Connaissant les prestations de Deathawaits, nous n’avons aucun doute sur le carnage qui va suivre. Malheureusement pour cette date, le batteur Tommy Bonnevialle n’est pas présent et c’est le talentueux Maël Mo de Sat One qui prend le relai. Les Lyonnais sont chauffés à blanc pour la der des ders de leur tournée anniversaire. Vingt ans qu’ils écument les pits en distillant un deathcore teinté de thrash. Avec le dernier opus en date, XX, disponible depuis avril chez Metal East, Deathawaits ne change pas la recette de son succès, pour notre plus grand plaisir.
Le quatuor a la volonté d’en découdre et c’est avec cinq minutes d’avance au programme qu’ils font leur entrée sur la scène du Fil. Quoi de mieux que "Worship", qui introduit également le dernier opus, pour commencer les hostilités. Les pogos s’enchainent ainsi que les stage diving. Le son est brutal, les riffs de Jordan Bonnevialle et Olivier Dupont incisifs, et que dire du chant de Florian Garrigue. Le dernier des Mohicans du line up d’origine arbore fièrement un t-shirt floqué sobrement "Bagarre". Et grâce à ses enchainements de growls, screams et pig squeals, la bagarre a réellement lieu dans le pit.
Pourtant présent entre les murs de la salle stéphanoise, Julien Truchan ne viendra pas donner la réplique à Florian sur "Sever Again". "The Beast Within" et "Nomophobic", autres duos issus de XX ne verront apparaitre ni Sebastian Grimh (Cytotoxin) ni Riley McShane (Allegaeon). Mais malgré tout, les metalheads présents ne leur en tiennent pas rigueur. Entre deux salves de growls et de gruiks, Florian harangue la foule : "C’est le moment de se casser la nuque ! " ou " Allez Saint-Etienne, fous la merde ! ". La fosse stéphanoise est assidue, les pogos, slams et même wall of death pour la dernière sont légion.
"Sedition Charges" fait partie des titres issus de XX à nous être joués pour cette soirée. Les stage diving pleuvent, les nombreux fans montant sur scène et viennent même claquer des bises à chacun des membres du combo. Pour le reste du set, on reste sur du grand Deathawaits. "Life Is Too Short For Soft Porn" et "I Am The Abominable", toutes deux issues de The Abominable (2014), mettent le feu aux poudres. Selon les dire de Florian, la première " est bagarre ", l’intensité des coups portés dans la fosse lui donnera raison. La seconde s’adresse aux " amateurs de thrash metal à l’ancienne ". Les canons de fumées sont de sortie, certains au premiers rang hurlent au micro et un circle pit géant se forme dans la fosse.
Rodé par ses vingt années au service du thrash deathcore, Deathawaits a, comme à son habitude, foutu le bordel dans la fosse du Fil. 45 minutes ont suffi au groupe pour retourner la salle qui, après ce set d'anthologie, se rue en nombre au bar afin d’étancher une soif de tous les diables.
Setlist
Worship
Sever Again
The Beast Within
Brainless
Life Is Too Short For Soft Porn
Circling The Drain
Sedition Charges
I Am The Abominable
Nomophobic
Gorod
Les absents ont toujours tort ! Cet adage s’applique parfaitement à cette soirée stéphanoise. A l’instar des deux combos précédents, Gorod affiche un membre de moins sur scène. Leur bassiste Benoît « Barby » Claus s’est fait porter pâle. Les autres membres sont tous présents pour l’occasion et souhaitent bien faire le travail. Sur une courte intro samplée, Nicolas Alberny, Matthieu Pascal et Julien « Nutz » Deyrez se placent face à la batterie de Karol Diers avant le début du set tant attendu par le public ligérien.
Comme pour Aethra, sixième et dernier album studio des Bordelais, c’est "Wolfsmond" qui ouvre le bal. Le moins que l’on puisse dire c’est que ça commence sur des chapeaux de roues. Le son est nettement plus fort que pour les deux groupes précédents, nous pouvons aisément le constater grâce au sonomètre plaqué sur la droite de la scène. "Here Die Your Gods" prend la suite avec une énorme double et une vitesse rythmique impressionnante. Malgré cela, la fosse est peu réceptive, seulement quelques headbangs animent les breakdowns. Il faudra attendre "The Axe of God" et ses énormes salves de blasts, double et screams sous les flashs des stroboscopes pour que le public se bouge un peu plus.
Seul "Goddess of Dirt" et "Aethra" sont issues du dernier opus, le reste du set pioche tour à tour dans A Perfect Absolution (2012), Process of a New Decline (2009) et Leading Vision (2006). Nous pouvons constater que les connaisseurs sont présents, les pogos s’enchainent mais restent toutefois assez timides par rapport aux deux passages précédents. Petite surprise du chef, "Bring Silence" est porté à notre connaissance. Nous avons le privilège de découvrir ce titre inédit issu du futur septième album, qui sortira l’année prochaine. Les problèmes de réglage du son au chant et à la batterie en tout début n’auront finalement eu aucun impact sur la prestation de grande qualité.
Il est déjà l’heure de se quitter et c’est avec une bière à la main que Julien le fait sur le final de "Disavow Your God". Les horns sont haut levées sur la dernière salve destructrice, et le public est grandement contenté, après avoir récupéré les baguettes de Karol pour les plus chanceux et avoir participé au selfie final. Gorod quitte la scène et laisse la place bien chauffée à blanc pour la tête d’affiche de cette magnifique soirée.
Setlist
Wolfsmond
Here Die Your Gods
The Axe of God
Goddess of Dirt
Aethra
Bring Silence
The Path
Birds of Sulfur
Beckten’s Curse
Disavow Your God
Benighted
Les roadies s’activent en masse pour évacuer le matériel de Gorod mais surtout pour installer celui de Benighted. Reprenant allégrement l’artwork de leur dernier album en date Obscene Repressed, deux portiques encadrant la batterie de Kevin Paradis ainsi qu’un énorme drapé en fond de scène qui arbore fièrement le logo du combo stéphanois sont positionnés. Le line up n’avait pas changé d’un iota depuis des années, malheureusement, depuis le 1er août, Fabien « Flack » Desgardins a quitté l’aventure. Absent pour la tournée en commun avec Teethgrinder pour l’arrivée de son second enfant et remplacé au pied levé à la basse par David Dusios (Born Criminal), Pierre Arnoux fait quant à lui son grand retour, à la maison en plus !
Fer de lance de la dernière galette, "Obscene Repressed" embarque la totalité de l’assemblée dans un puissant circle pit d’entrée. Comme des morts de faim, Pierre Arnoux, Emmanuel Dalle et Julien Truchan mobilisent les troupes sur le breakdown, les headbangs s’enchainent en même temps que les reprises en cœur du refrain. "The Starving Beast", "Implore The Negative" et "Nails" ont été piochés dans Obscene Repressed afin d’intégrer la setlist live. Quel choix judicieux, l’accueil de la fosse est à la hauteur de la puissance et de l’investissement des quatre protagonistes.
" De retour à Sainté après 5 ans d’absence " et leur concert en compagnie d’Holy Cross et Burn Your Karma, la famille et les amis se sont mobilisés en masse. Avant de retourner le pit avec le mythique "Experience Your Flesh", Julien invite tout sourire sa fille à rejoindre en slam la scène avant de la faire partir pour son tout premier stage diving dès le retentissement des premières notes. Connu et reconnu pour ses énormes pig squeals Julien nous entraine dans une folie furieuse, les coups sont violents et les refrains claquent sur les cœurs de Pierre et Emmanuel qui donnent du poids au chant.
Le public stéphanois est un fin connaisseur de Benighted et quand Julien annonce un retour en arrière avec "Grin Wit" et "Slut" issues d’Icon (2007), on ne peut que craindre les conséquences. Les stage diving et slams s’enchainent à une vitesse effrénée, les breakdowns cassent littéralement les nuques et la fin se termine joyeusement dans un monumental circle pit. Au beau milieu du concert, "Necrobreed" se place comme la pierre angulaire; 1 :30 où on atteint des sommets de brutalité. Après un vibrant hommage au regretté Trevor Strnad avec "Forgive Me Father", Benighted décide de clôturer son passage avec "Hostile", "Asylum Cave" mais surtout le traditionnel "Let The Blood Spill Between My Broken Teeth" en guise de rappel.
C’est le souffle court et les épaules légèrement endolories que nous levons pour la dernière fois de la soirée des horns à en crever le plafond du Fil. Kevin jette ses précieuses baguettes pendant que Julien, Pierre et Emmanuel serrent les poignes des plus valeureux du premier rang. Quel plaisir de retrouver tous les groupes au merch et au bar afin déchanger amicalement autour d’une bonne mousse bien fraiche. Comme à son habitude l’équipe du Fil nous fait sentir comme à la maison. Merci aux bénévoles pour l’accueil, à Sandra de Mélusine pour l’invitation, à Ashed Winter, Deathawaits, Gorod et Benighted pour le spectacle et Pierre S pour les superbes clichés. A la prochaine !
Setlist
Obscene Repressed
The Starving Beast
Cum With Disgust
Implore The Negative
Experience Your Flesh
Collapse
Necrobreed
Grin Wit
Slut
Martyr
Nails
Forgive Me Father
Hostile
Asylum Cave
Let The Blood Spill Between My Broken Teeth
Crédit photo : Pierre S. Toute reproduction interdite sans l'autorisation du photographe.