Gojira + Alien Weaponry + Employed To Serve à La Halle Tony Garnier Lyon (28/02/2023)

Comme un symbole, ce dernier jour de février correspond à la dernière date française du Fortitude Tour 2023 de Gojira. Initialement prévue en lever de rideau de leur passage en France en 2022, le report de la première partie de la tournée aura finalement inversé la tendance pour la date lyonnaise. Pour l’occasion, ce n’est pas la salle du Transbordeur qui accueille habituellement les quatre basques mais bien celle de la Halle Tony Garnier où vont évoluer les trois combos à l’affiche de la soirée.

Employed To Serve

Cela fait maintenant pas loin de deux heures que les portes de la grande salle de la Halle Tony Garnier sont ouvertes et la fosse se remplie à vue d’œil. C’est avec un pit bien fourni et des gradins encore parsemés que les Britanniques d’Employed To Serve font leur entrée d’un pas décidé devant un fond de scène arborant sobrement le nom du groupe. Au premier coup d’œil, on remarque le positionnement excentré sur la gauche de la batterie de Casey McHale. Ceci s’explique en partie par la présence de celles d’Alien Weaponry et Gojira au centre de la scène mais aussi de la plateforme intermédiaire. Tout le monde se met en place au son d’une intro instrumentale et c’est maintenant que la bagarre commence.

C’est avec « Universal Chokehold », la première piste de leur dernier album Conquering, que les natifs de Woking désirent montrer de quel bois ils se chauffent. Ça tabasse très fort d’entrée, Justine Jones balance de gros screams accompagnés avec poids par les growls en chœur de Sammy Urwin. Après un superbe solo sur le break final, les dernières notes s’envolent sous le toit à l’architecture industrielle de la Halle devant un parterre de horns up et de headbangs appuyés. « Owed Zero » lui emboite le pas avec la même énergie mais malheureusement un son de moins bonne qualité. Après une série de fists up en rythme de l’instru sur le break, Justine harangue la fosse en l'incitant à sauter, ce qu’elle n’a aucun mal à obtenir.

C’est avec « Sun Up to Sun Down”, une autre piste issue de Conquering, qu’Employed To Serve fait basculer leur set. Avec un fond lumineux tournant au vert, Justine, Sammy et David font séparer le pit en deux pour le premier wall of death de la soirée. La chanson finit en trombe sous les salves de pogos de la fosse. Justine communique beaucoup avec le public et ses énormes screams déchirants marquent les esprits lors de « Dull Ache Behind My Eyes ». La vitesse des blasts de Casey est impressionnante tout comme les riffs de Sammy, David et Nathan, qui se permet même un high kick frontal entre deux lignes de basse.

« We Don’t Need You » est le point d’orgue du passage des quatre Anglais. C’est à l’unisson que le pit reprend à tue-tête les paroles du refrain en même temps que Justine et Sammy qui semblent satisfaits du rendu final. Il est déjà l’heure de se quitter et c’est avec « Mark of the Grave », huitième piste de leur dernier album qui aura bien été représenté ce soir, qu’ils décident de conclure. Le chant de Sammy se veut légèrement plus clair que les précédentes pistes, ce qui contrebalance totalement avec les screams toujours aussi puissants de Justine. C’est dans un ultime jump général que s’achève le set avec la promesse d’un retour prochain en France. On sera sans nul doute au rendez-vous !

Tracklist

Intro
Universal Chokehold
Owed Zero
Force Fed
Sun Up to Sun Down
Dull Ache Behind My Eyes
We Don’t Need You
Mark of the Grave

Photo : Anthéa Photography / Hard Force. Reproduction interdite sans autorisation de la photographe

Alien Weaponry

C’est en quinze minutes top chrono que les roadies évacuent le matériel d’Employed To Serve et dévoilent celui d’Alien Weaponry qui vont prendre la suite. Le voile noir de la batterie d’Henry De Jong est levé, elle est vraiment massive - comme la personne qui va s’installer derrière les fûts. Le fond de scène change avec le nom du combo néo-zelandais en rouge sur fond noir et sans aucune minute de retard, les lumières s’éteignent et le spectacle peut commencer. Sur une introduction de chant maori, Henry entre d’abord seul en scène en reprenant avec puissance ce chant guerrier. Il est suivi de près par son frère Lewis, torse nu et arborant de longues dreadlocks et enfin Turanga Morgan Edmonds dont les tatouages maori présents jusque sur le bas de son visage rendent hommage à ses racines.

C’est avec « Rapatu » issue de leur premier album studio Tu que les trois musiciens mettent le feu aux poudres avec leur son bien thrash teinté de groove. Dès que les premières notes retentissent, les pogos et les jets de verres de bière fusent. Le chant se veut grave et profond avec des textes presque exclusivement en langue autochtone, Henry et Turanga donnant de la force aux propos de Lewis avec des chœurs puissants. « Holding My Breath » (et pas Holding My Beer…) fait suite avec comme seul instant de répit celui du changement de guitare de Lewis. Le son est de meilleure qualité que celui du groupe précédent mais la réverbe due à l’architecture de la salle reste néanmoins présente. La fosse s’anime toujours autant avec notamment de nombreux slams et jumps sur le final.

Titre éponyme du dernier opus, « Tangaroa » ne déroge pas à la règle, le son groove est brut, les riffs et blasts sont lourds et apportent du sens au chant tribal de Lewis qui exprime toute sa colère devants les dommages irréversibles que l’humanité fait subir aux fonds marins avec la pêche toujours plus intensive. Les bénévoles de Sea Shepherd Lyon, présents en nombre dans les rangs et dont on ne peut que saluer le courage des actions menées, ont surement été sensibles aux paroles mais surtout à la rage de cette dernière.

Pour « Ahi Ka », Turanga change de basse et comme « Tangaroa », le ton est à la dénonciation. Cette fois, c’est la dépossession des terres indigènes par les colons britanniques qui est hurlé haut et fort avec rage et désespoir. Les baguettes d’Henry volent dans la fosse pendant que Turanga lève bien haut sa basse et nous assène un gigantesque tirage de langue guerrier tel un rugbyman All Black sur le terrain. « Ru ana te Whenua » et « Kai Tangata » toutes deux issues du premier opus Tu viennent clôturer avec force et style ce magnifique set. Le gigantesque circle pit ainsi que le wall of death animant la fosse sur la fin de chacune des pistes sont là pour en témoigner. Le jeune trio prometteur quitte la scène sous les ovations lyonnaises. Alien Weaponry est un groupe jeune certes mais qui commence à prendre une réelle importance sur les devants de la scène metal. On en entendra parler dans le futur, c’est sûr !

Tracklist

Intro
Raupatu
Holding My Breath
Tangaroa
Hatupatu
Ahi Ka
Ru ana te whenua
Kai Tangata

Photo : Anthéa Photography / Hard Force. Reproduction interdite sans autorisation de la photographe

Gojira

Gojira, c’est la belle histoire metal à la française ! En ce qui concerne la région Auvergne Rhône Alpes, nous avons été marqués par leur passage en première partie des légendes du thrash Slayer à la Coopérative de Mai de Clermont Ferrand lors du World Painted Blood Tour 2012. Ce fut ensuite au tour d’autres groupes d’envergure d’ouvrir pour eux comme notamment Nostromo dans la même salle clermontoise pour le Magma Tour 2017. Mais ce qui sort du lot reste l’attachement du groupe basque pour le public lyonnais. Abonnés au Transbordeur de Villeurbanne avec trois passages en 2009, 2013 et 2017, cette fois-ci c’est leur première fois dans la Halle Tony Garnier de Lyon intra-muros. Quelle ascension fulgurante sur cette dernière décennie !

Passé ce petit rappel historique, nous pouvons nous concentrer sur le présent. Avec un organisation logistique réglée comme du papier à musique, le décompte géant apparaissant sur les écrans géants latéraux (utilisés pour la première fois de la soirée) commence à 180 en temps et en heure. Mario Duplantier arrive comme à son habitude le premier et torse nu, se plaçant derrière ses futs positionnés en plein centre de la plateforme intermédiaire. Son frère Joseph ainsi que Christian Andreu et Jean-Michel Labadie lui emboitent le pas tandis que les dernières secondes s’égrènent sous les hurlements de la totalité de la salle.

Dès les premières notes de «  Born for One Thing », la pochette de Fortitude fait son apparition sur le fond de scène et la bagarre commence dans la fosse, les jumps, pogos et slams s’enchainent à une vitesse grand V. Ouvrant à la perfection le dernier effort studio de Gojira, cette piste lance sur des chapeaux de roues le set de ce soir (et de toute la tournée d’ailleurs). Les gros moyens techniques sont de sortie, c’est à grands coups de lances flammes que résonnent les blasts et riffs lourds du break. Ce n'est pas moins du tiers du set qui fait la part belle à leur ultime opus.

Le jump de la fosse en compagnie de Jean-Michel anime magistralement « Grind » tandis que la fosse se transforme littéralement en chorale pour donner parfaitement la réplique à Joseph pour les refrains de « The Chant ». Le clip vidéo d’« Another World » accompagne le son plus calme et mid-tempo nous donnant réellement l’envie de nous « barrer avec une fusée de la planète Terre ». « Amazonia » et « New Found », quant à elles, mettront à profit les lance-flammes ainsi que les canons à serpentins sous les yeux émerveillés de la fosse entière.

Extrêmement mobile sur scène, l’ainé des frère Duplantier communie avec tout le public lyonnais. N’hésitant pas à monter sur la plateforme surplombant Mario, il chauffe les trois gradins lors de « Blackbone ». Son frère cadet n’est pas en reste, les premiers rangs du pit ont profité de « Stranded » et « Flying Whales » pour récupérer ses baguettes lancées depuis ses futs. Mais le point d’orgue de la soirée reste le Drum Solo durant lequel il communique avec le public par l’intermédiaire de pancartes « Je n’entends rien ! » et l’émoji pouce entre ses salves de blasts. Seul Christian reste plus en retrait sur son côté gauche de la scène, donnant un petit peu moins de son énergie à l’assemblée.

Devant la débauche d’énergie positive du quatuor basque, le public de la Halle le lui rend bien. Les slams pleuvent lors de « The Heaviest Matter of the Universe », « Stranded », « The Arm of Dying » ou même « Toxic Garbage Island ». A la demande de Joseph la totalité de la fosse se voit embarquée dans un conséquent circle pit pour « Flying Whales » et un jump général début accroupi digne des meilleurs « Spit It Out » live de Slipknot. La seule fausse note de la soirée interviendra lors de « Flying Whales » durant laquelle l’écran géant principal s’est tout simplement éteint. La pluie d’étincelles au début du cultissime « The Gift of Guilt » a largement rattrapé ce petit accroc.

De l’avis de tous ceux présents à la Halle Tony Garnier, cette soirée restera gravée dans les mémoires. En guise d’au revoir (et pas d’adieu) Gojira nous annonce sa prochaine venue en France cet été au Festival Musilac ainsi qu’aux Eurokéennes de Belfort. Nous avons passé une très bonne soirée, en espérant en vivre beaucoup d’autres du même acabit !

Tracklist

Countdown
Born for One Thing
The Heaviest Matter of the Universe
Backbone
Stranded
Flying Whales
The Cell
The Art of Dying
Drum Solo
Grind
Another World
L’enfant sauvage
Toxic Garbage Island
Our Time Is Now
The Chant
Amazonia

Silvera
New Found
The Gift of Guilt

 

Photo : Florentine Pautet. Reproduction interdite sans autorisation de la photographe



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