Le souhait de tous les coreux de France a enfin été réalisé ! Après les annulations coup sur coup des tournées 2020 et 2021 de While She Sleeps, les natifs de Sheffield font enfin leur grand retour sur les scènes françaises pour six dates explosives. Seul le public parisien avait eu le privilège de découvrir leur nouveau set intégrant des titres de Sleep Society lors de leur concert du 27 septembre dernier avec Parkway Drive et Lorna Shore au Zénith de Paris. C’est maintenant au tour de la province de faire la fête dans le pit, avec Ashen et Resolve en guise d’échauffement.
En flânant dans les rues pittoresques du vieux Lyon ou à proximité de la basilique Notre-Dame de Fourvière, les habituels visiteurs des lieus ont fait la rencontre inhabituelle d’un bon nombre de metalheads. Quelque chose se tramait dans la capitale des Gaules et c’est du côté du quartier de Gerland et plus précisément de la salle du Kao du Ninkasi qu’il fallait se tourner un peu plus tard dans la soirée.
Malgré les quelques averses qui ponctuent l’attente, la file est longue devant les portes qui ouvriront comme prévue à 19h pétantes et pour cause, la date est complète depuis le 6 avril dernier ! Le metal déplace les foules à Lyon, après Cannibal Corpse et Katatonia, c’est la troisième fois consécutive que le Ninkasi affiche sold out. Après quelques rasades de blonde artisanale brassée sur place, nous pénétrons dans l’antre du Kao qui ce soir portera bien son nom.
Ashen
Une heure avant le début des hostilités, la fosse se remplit rapidement avant de finir pleine à craquer. Il en est de même pour le balcon où les plus calmes et raisonnables d’entre nous s’installent impatiemment. La scène est simple mais efficace. Le drapé en fond arbore sobrement le nom stylisé d’Ashen sur un fond noir. Deux flight-cases blanches avec le logo du combo parisien habillent les devants de scène tandis que la batterie, placée en position centrale, semble être partagée avec Resolve qui prendra la suite.
Les lumières de la salle du Kao s’éteignent et c’est sous une intro électronique samplée et des jeux de lumière qu’Ashen entre en scène, Clem Richard en tête. C’est avec « Angel », titre sorti 3 jours avant ce concert lyonnais, que le combo de la capitale commence son set. Malgré le chant légèrement en dessous de l’instru, ce titre est favorablement accueilli par la fosse avec une bonne grosse bagarre.
Par la suite, les quatre autres principales pistes formant la discographie d’Ashen nous sont délivrées sur un plateau d’argent et animent fortement le pit lyonnais. Le son plus core d’« Hidden » et son ultime breakdown dévastateur déchaîne les pogos. Clem fait jumper la fosse et provoque de violents cassages de nuques du balcon avec « Sapiens ». Le pit se sépare en deux pour « Nowhere » et « Outlier » avant que les deux premiers walls of death de la soirée nous emmènent dans un tourbillon de violence sous les screams de Clem, les riffs incisifs de Niels Tozer et Anthony Zimer et les blasts percutant de Tristan Broggia.
Tout au long du set, la basse de Thibault Poully et ceux des samples accompagnant le son d’Ashen sont trop fort , surtout lorsque l’on se trouve au balcon. Pour l’antépénultième titre, seul Clem et Tristan se présentent pour un interlude en clear qui fait du bien à tout le monde avant le point d’orgue qui nous attend !
Dès les premières notes, la salle du Kao entre en transe. Ashen a décidé de nous interpréter sa version du mythique « Smells Like Teen Spirit » de Nirvana et c’est une franche réussite. Cette reprise est efficace et bien dans leur univers, fédérant autant la fosse que la tribune. Elle se termine avec Clem seul au micro entonnant a cappella le refrain avec son auditoire complètement conquis par cette initiative. Ashen a réussit la tâche toujours hasardeuse de passer en premier et de donner le la de cette belle soirée metalcore. Groupe prometteur de la scène post-hardcore française actuelle, nous leur souhaitons de continuer dans cette voie et surtout espérons prochainement un album et de nombreuses dates à venir.
Tracklist
Intro
Angel
Hidden
Sapiens
Nowhere
Interlude (Clem & Tristan)
Smells Like Teen Spirit (Nirvana cover)
Outlier
Resolve
Après leur show d’une trentaine de minutes, les membres d’Ashen prêtent main forte aux roadies afin de débarrasser leur matériel et installer celui de Resolve. Déjà utilisée pur le set précédent, la batterie de Nathan Maria reste en lieu et place. Sa grosse caisse arbore toujours aussi fièrement l’artwork électronique de leur dernier album studio Between Me and the Machine. Des touches de rappel de cet opus sont présentes sur les flight-cases qui remplacent celles d’Ashen en devant de scène ainsi que sur le drapé en fond de scène reprenant le nom du combo lyonnais.
Pendant que tout ce beau petit monde s’affaire sur les planches du Kao, une setlist 100 % metalcore et deathcore est diffusée afin de laisser toute l’assemblée plongée dans le thème de la soirée. Comme un Ovni, « Take on Me » d’a-ha résonne entre les murs faisant chanter et danser le public dans l’hilarité générale due à ce décalage de genre. La pénombre s’installe et c’est maintenant que la fête commence.
L’organisation de l’équipe de Sounds Like Hell et du staff du Ninkasi Gerland est maintenant bien rodée, c’est à l'heure que les quatre Lyonnais de Resolve entrent en scène sous les acclamations de la salle. A peine arrivé et debout sur sa longue plateforme, Anthony Diliberto nous arrange avec un « Ca va la maison ? » avant que « Emerald Skies » introduise le set des Gones. Après son intro samplée sous les coups de stroboscopes, le gros son core et violent de Resolve fait le reste. Antonin Carré et Robin Mariat montent sur la plateforme aux côtés d’Anthony, sur son 31 pour l’occasion, pour un ultime breakdown dévastateur qui a fait des dégâts dans le pit.
Le set de Resolve fait la part belle à leur dernier album Between Me and the Machine et au vu de la qualité de ce dernier, on ne peut que leur donner raison. Anthony fait reprendre le refrain en chœur par le premier rang du pit sur « Beautifull Hell ». Les headbangs appuyés pleuvent sous les coups de boutoir de Nathan maniant sa double à la perfection sur le final de « Of Silk and Straw » pendant que le pit se rentre délicatement dedans pour un superbe wall of death. Le post-hardcore de « Seasick Sailor » et « Forever Yours » avec son intro jouée à la guitare sèche par Anthony finissent de représenter de la plus belle des manières cet excellent opus.
N’ayant « pas joué ici depuis plus d’un an et devant une salle complète », les Lyonnais profitent de l’occasion pour intégrer leurs deux derniers singles « Move to Trash » et « Death Awaits » à leur setlist live. Cette dernière, dont le récent clip a été tourné avec quelques metalheads présents ce soir dans le pit, remporte tous les suffrages et provoque un véritable déchaînement de violence extrême.
Tous les membres de Resolve sont heureux de jouer à domicile, la joie se lit sur leurs visages. Anthony, pris par l’émotion du moment, communique énormément avec le public et prend beaucoup de temps avec nous. Résultat des courses, « Between Me and the Machine » habituellement joué en avant dernière position en fait les frais et passe à la trappe. Nous promettant un prochain retour avec un nouvel album, Resolve quitte la scène sous les ovations de la salle du Kao. Nous avons hâte de continuer à suivre ces quatre Gones dans leur futur musical et seront sans nul doute là pour leur prochain opus mais aussi leurs prochains concerts !
Tracklist
Emerald Skies
Beautiful Hell
Death Awaits
Of Silk and Straw
Seasick Sailor
Move to Trash
Forever Yours
While She Sleeps
L’attente fut interminable ! La dernière visite de While She Sleeps à Lyon date du 2 juillet 2019 en première partie de Trivium au Transbordeur. Entre temps, ce satané virus est passé par là et a annulé leur passage en tête d’affiche avec Motionless in White, Silverstein et Shvpes en 2020 ainsi que son report en 2021. Souvent de passage dans la région, les natifs de Sheffield avaient notamment mis le feu au Warmaudio avec Blood Youth en 2016 et retourné littéralement le Clapier de Saint-Étienne l’année suivante avec Mate’s Fate et déjà Resolve à leurs côtés. L’occasion était donc trop belle pour l’ensemble des coreux de la région lyonnaise qui ont donc pris d’assaut la salle du Kao du Ninkasi Gerland. Le chaos, c’est justement ce qui caractérise à la perfection les performances lives des cinq Britanniques et c’est rapidement ce que nous allons constater ce soir !
En une demi heure top chrono, les vaillants roadies de WSS aidés par ceux de Resolve ont fait place nette afin d’installer le matos des cinq Anglais. Pas de fioritures, la scène et son décor sont minimalistes. Simple mais terriblement efficace comme à l’accoutumée. La batterie de Resolve est totalement démontée pour faire place à celle toute en sobriété d’Adam Savage. De part et d’autre de la scène sont installés les pieds de micro pour les choeurs de Mat Welsh et Sean Long mais aussi deux tapis arménien pour le confort des deux guitaristes. Les seuls éléments de décorations sont le drapé de fond de scène reprenant clairement et efficacement le logo du combo entouré d’une couronne de laurier et les deux flight-cases tagués en rouge d’un « Sleeps ». Les lumières s’éteignent, le pit est au complet, l’atmosphère est irrespirable, le spectacle peut enfin commencer.
Devenu un véritable emblème fédérateur de la communauté WSS, c’est symboliquement que « Sleeps Society » ouvre le bal. Lawrence Taylor débarque en t-shirt manches longues (qu’il va rapidement quitter) et lunettes de soleil vissées sur le nez. Ses screams ainsi que les riffs et blasts de ses compères déchaînent le pit qui entre dans une folie furieuse de coups plus appuyés les uns que les autres.
Première piste de leur quatrième album studio So What ?, l’énergique « Anti-Social » (pas la version de Trust hein…) prend le relais. Loz monte sur les crash-bars, indispensable pour un live de WSS, et fait chanter les veinards du premier rang avant de partir en slam dans le pit. Son retour de l’autre côté de la fosse et son retour sur scène se compliquent rapidement et le frontman passe à travers les paroles suivantes. Le charismatique frontman a à coeur de se rattraper de ce seul bémol de la soirée. Nous constaterons que ce sera chose faite un peu plus tard.
La setlist de While She Sleeps fait la part belle à son dernier opus Sleeps Society. On avait hâte de voir ce que les nouveaux morceaux allaient donner en live, et bien on est servi. Pas loin de la moitié du set de ce soir et de la tournée lui est dédié. « You are All You Need » déclenche le premier circle pit. « Know Your Worth (Somebody) », « Enlightenment (?) », « Systematic » et les deux inédits de l’édition deluxe de ce dernier opus « Eye To Eye » et « Fakers Plague » sont un véritable déchaînement de violence pure sous les yeux amusés d’Aaran Mckenzie et Adam, confortablement installé en surplomb du spectacle derrière ses fûts.
Seule rescapée de l’exceptionnel Brainwashed, « Four Walls » est le point d’orgue de la soirée. Traditionnellement les slams pleuvent sur cette piste et ce sera le cas ce soir. Profitant du break de fin, Loz prend la poudre d’escampette et file au balcon d’où il se jette dans la fosse en contrebas. Il traverse la fosse en slam avant de rejoindre ses compagnons d’armes sur scène.
Faute d’Oli Sykes à ses côtés, ce sont les rescapés de la fosse qui répondent à Loz pour « Silence Speaks » après une bonne séance de slams, la seconde du set des Britanniques. La fin approche et, en guise de remerciement pour le crew qui les suit de partout depuis tant d’années, ils leur cèdent la place pour un cover de « Break Stuff » de Limp Bizkit. Ce n’est pas un coup d’essai, ils avaient déjà joué « Killing In The Name » de Rage Against The Machine à Madrid cinq jours auparavant.
C’est avec les épaules bien endolories et des bleus partout sur le corps que nous quittons While She Sleeps avec en guise de remerciement un ultime mouvement de foule digne de ce que réalise Slipknot en live avec « Spit It Out ». Les derniers coups pleuvent, nous quittons la salle du Kao rincés mais heureux de ce que nous venons de vivre. Nous aurions bien repris une heure supplémentaire mais surtout nous espérons revoir la bande à Loz rapidement avec qui sait, un autre opus sous le bras.
Tracklist
SLEEPS SOCIETY
ANTI – SOCIAL
YOU ARE ALL YOU NEED
THE GUILTY PARTY
I’VE SEEN IT ALL
EYE TO EYE
You Are We
Four Walls
KNOW YOUR WORTH (SOMEBODY)
FAKERS PLAGUE
Hurricane
Silence Speaks
ENLIGHTENMENT (?)
Break Stuff (Limp Bizkit cover)
SYSTEMATIC
Photo : Florentine Pautet. Reproduction interdite sans autorisation de la photographe