Décidément, les soirées metalcore s’enchaînent à vitesse grand V au sein de la cité lyonnaise. Pratiquement un mois jour pour jour après le passage dantesque de Polaris, Silent Planet, Thornhill et Paledusk, c’est au tour de Landmvrks, The Devil Wears Prada, Like Moths To Flames et Guilt Trip de se présenter sur les planches de La Rayonne de Villeurbanne. Mediatone et School’s Out Prod ont une nouvelle fois réuni un superbe plateau qui à tout retourné sur son passage.
Guilt Trip
L’affiche du soir a provoqué un engouement sans précédent dans la région lyonnaise. Un mois tout juste avant la date fatidique, c’est avec un sold-out que se prépare doucement mais sûrement l’arrivée du quintet marseillais de Landmvrks. Afin de faire monter progressivement la sauce, c’est à Guilt Trip et son metalcore moderne mais féroce qu’a été confiée la lourde tache d’ouvrir les hostilités. Fortement inspiré par des groupes tels que Biohazard, Madball ou même Agnostic Front, le combo originaire de Manchester se présente devant un pit encore bien clairsemé une heure tout juste après l’ouverture des portes de La Rayonne, avec la ferme intention d’en découdre.
La batterie de Liam McCarry trône fièrement en plein centre juste en-dessous de celle de Kévin D’Agostino, maître des fûts de la tête d'affiche, qui attend patiemment son heure. C’est dans la pénombre cachant partiellement l’immense backdrop de Landmvrks que les quatre Mancuniens entrent en scène sur une bande sonore orageuse. L’orage laisse rapidement place à la tempête dès que les premiers accords de « Fallen At My Feet » résonnent. Le pit forme instinctivement un cercle et un conséquent mosh pit brutal vient l’animer d’entrée.
Calqué quasiment trait pour trait sur le début du dernier album studio intitulé Severance (disponible depuis le 22 septembre dernier chez MLVLTD Records), la setlist enchaîne « Surrounded By Rain », « Sweet Dreams » et « Eyes Wide Shut ». Les énormes variations de rythmes ponctuées par les fins de riffs dissonants et les grosses sessions de double pédale favorisent l’apparition de circle pit, mosh pit et autres headbangs tous plus violents les uns que les autres.
Au milieu de la setlist dédiée corps et âme au dernier opus en date, seules « Guilt Trip », extrait de leur EP Unrelenting Force de 2016 et « Thin Ice », issue du second album River Of Lies de 2019 sortent du lot. Dès les premières notes de la première, un énorme mosh pit se lance en plein centre de la fosse. Comme tout au long de la prestation, Jay Valentine reste très mobile sur scène, motivant sans cesse le pit de long en large .
Le son lourd et groove de la basse de Bradley Hall, seule présence féminine sur scène de la soirée, déchaîne le headbangs sur les breakdows de « Broken Wings ». Enfin, « Thin Ice » et son ultime breakdown ravageur clôture le passage de Guilt Trip dans la folie d’un dernier mosh pit plus violent que les précédents. La fosse est chauffée à blanc, la suite à venir promet une belle montée en puissance.
Setlist
Fallen At My Feet
Surrounded By Pain
Sweet Dreams
Eyes Wide Shut
Severance
Guilt Trip
Tearing Your Life Away
Broken Wings
Thin Ice
Like Moths To Flames
Les percussions de Liam sont bien vite évacuées comme tout le matériel de Guilt Trip qui a vraiment fait monter la sauce en ce début de soirée. La batterie de Roman Garcia prend la place de celle de son prédécesseur et c’est à 19h50 pétantes, sans retard sur le running order, que Like Moths To Flames fait son entrée en scène. Comme Guilt Trip, il n’y a aucun backdrop à son effigie. Le quatuor américain évoluera donc devant celui de Landmvrks que nous découvrons maintenant un tout petit peu plus. La salle est désormais bien pleine, les derniers retardataires viennent d’arriver, le set des natifs de Colombus peut enfin commencer.
Six jours seulement avant la date de son passage lyonnais, Like Moths To Flames nous faisait découvrir « Dissociative Being », nouveau single de l’album The Cycles Of Trying To Cope qui va paraître le 10 mai prochain. Malheureusement, aucune apparition de cette dernière dans la setlist du soir mais casse la tienne, « Angels Weep » en ouverture et « Kintsugi » en quatrième position, permettent au public lyonnais de découvrir l’évolution des quatre Américains.
Malgré un son du micro de Chris Roetter légèrement en deçà de celui de l’instrumentale sur la première de ces deux chansons, elles s’intègrent parfaitement au set, entraînant l’entièreté de la fosse dans les premiers jumps et circle pits de leur passage. Le second album le plus représenté de la soirée est No Eternity In Gold. « The Anatomy of Evil » ainsi que « Habitual Decline » bien connu de la majorité de la salle provoqueront l’animation de la fosse lors des grosses sessions de double pédale de Roman sur les breakdowns.
Souhaitant régaler son auditoire, Like Moths To Flames distille pas mal de morceaux de sa discographie tout au long du set. Seuls rescapés de An Eye For An Eye, « I Solemny swear » sera le titre le plus animé de la soirée. Un immense circle pit naît à la demande de Chris avant un breakdown final dévastateur entraînant tout ce joli petit monde en mosh pit. Il en est de même pour « The Preservation of Hate », « Nowhere Left To Sink » et « Bury Your Pain » en clôture qui, outre le fait de voir Chris s’emmêler un peu les pinceaux dans le fil de son micro sans aucune incidence, déchaine des flots violents de coups en fosse sous l’impulsion des riffs et screams nourris de Zach Pishney et Cody Cavanaugh. C’est avec un final aussi brutal que le son de sa musique que Like Moths To Flames quitte la scène, laissant place nette au groupe suivant qui va se faire un malin plaisir de tout retourner sur son passage.
Setlist
Angels Weep
I Solemnly Swear
The Anatomy of Evil
Kintsugi
The Preservation of Hate
Habitual Decline
Nowhere Left to Sink
Bury Your Pain
The Devil Wears Prada
Comme pour Like Moths To Flames qui l'a précédé, la dernière visite de The Devil Wears Prada en terre lyonnaise date du 26 novembre 2016. Pour l’occasion, ils avaient tous deux accompagnés Silverstein et Memphis May Fire pour une date metalcore qui avait littéralement retourné la salle du CCO Jean Pierre Lachaize de Villeurbanne. Un éternité vous diront les puristes du genre, ce qui explique la foule compacte qui investit rapidement la fosse. Comme à son habitude, la batterie de Giuseppe Capolupo migre à l’extrême gauche de la scène tandis qu’à la partie opposée se trouve le clavier et les tablettes de prog de Jonathan Gering. Dès les balances, Giuseppe annonce la couleur, sa double et ses blasts surpuissant font vibrer les murs de La Rayonne malgré le peu de matériel présent devant lui.
Dès que la setlist d’attente électro spéciale année 2000 prend fin, The Devil Wears Prada entre en scène groupé sous des samples lourds et saturés annonçant d’ores et déjà ce à quoi s'attendre pour la suite. C’est à « Watchtower », troisième piste du dernier album studio Color Decay, qu’est confiée la lourde tache d’ouverture. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça commence vraiment très fort. Demandé par Kyle Sipress à la lead guitare, un circle pit énorme anime le centre de la fosse. Sous les gros samples de Jonathan lourds mais harmoniques à la fois, le dernier breakdown anime de violents headbangs autant les membres sur scènes que ceux présents dans la fosse.
La setlist choisie par The Devil Wears Prada pour cette soirée lyonnaise représente majoritairement Color Decay. Pour « Salt » Mike Hranica attrape une guitare et accompagne Kyle et Jeremy DePoyster pour des sessions de riffs en trio rendant leur son plus lourd et saturé. Les premiers slams et une véritable pluie de stage divings animent la très douce et harmonique « Broken ». Mention spéciale pour « Hallucinate ». Déchaîné comme jamais, Kyle quitte momentanément la scène pour traverser la fosse et rejoindre la console centrale. Après un solo joué sur le break, il retraverse le pit dans l’autre sens afin de rejoindre ses comparses. Enfin et pour clôturer en beauté ce set détonnant, Mike ouvre littéralement la fosse en deux sur « Sacrifice » pour un gigantesque wall of death qui fera des dégâts parmi les plus énervés d’entre nous.
Véritables reliques de la discographie des natifs de Dayton, « Danger : Wildman » et « Outnumbered » toutes deux issues de With Roots Above And Branches Below (2009) et Zombie (2010) rappelle à notre bon souvenir un TDWP old school. Les puristes du combo américain se frottent les mains et ce sont de grosses sessions de pogos qui animent le pit sous les puissants mais rythmés blast beats et coups de double de Giuseppe sur les breakdowns de chacune.
Souhaitant partager la future direction musicale du groupe, c’est avec grand plaisir que nous découvrons la version live du tout nouveau single intitulé « Ritual ». Découvert le 8 mars dernier, cette piste légèrement plus calme que ce que les musicienes pouvaient faire par le passé reste dans la même philosophie et nous promet un futur neuvième album exceptionnel.
Setlist
Watchtower
Danger : Wildman
Salt
Broken
Ritual
Reasons
Hallucinate
Outnumbered
Chemical
Sacrifice
Landmvrks
Nous pouvons enfin découvrir la scène que nous réserve Landmvrks. De retour dans la Capitale des Gaules après sa première partie pour Bring Me The Horizon et Fever 333 à la Halle Tony Garnier le 5 juillet 2022, le combo marseillais à mis les petits plats dans les grands. L’immense backdrop reprend l’artwork de son dernier single « Creature ». Un immense V lumineux reprenant celui présent sur la grosse caisse de Kévin D’Agostino trône en plein centre du fond de scène. De part et d’autre de la scène se trouvent des mains aux griffes acérées ayant laissés leurs traces sur les amplis de Nicolas Exposito, Paul Cordebard et Rudy Purkart. Enfin, pour compléter le tableau, de chaque côté de la batterie bien fournie nous retrouvons le logo papillon de Landmvrks, indémodable et irremplaçable par-dessus tout.
Les lumières s’éteignent, la tension est à son comble. L’immense logo V lumineux du backdrop s’anime en même temps que la bande son « Maniac » résonne. Landmvrks entre en scène avec Florent Salfati en tête, tout le monde prend place, les choses sérieuses peuvent commencer. Donnant son nom à cette tournée, « Creature », le dernier single des Sudistes, retourne tout sur son passage. Dès les premier riffs, des dizaines de verres de bières volent en l’air. Une grosse bagarre commence dans le pit au rythme effréné des blasts et de la double de Kévin. Landmvrks s’étant imposé en France et en Europe comme le groupe metalcore le plus en vogue du moment, la totalité de la fosse reprend en cœur le refrain de ce titre pourtant tout récent avant un ultime breakdown dévastateur.
La colonne vertébrale de la setlist du soir s’articule principalement autour du dernier album studio, Lost In The Waves. Avec des pistes véritablement taillées pour le live comme « Death », « Say No World », « Tired of It All » ou encore « Rainfall », Landmvrks déchaine la violence et la brutalité dans le pit. Tout le long de son passage, les slams et stage divings donnent du fil à retordre aux équipes de sécurité. En totale communion avec son public du soir, Florent profite même de l’occasion pour faire chanter au micro quelques veinards du premier rang lors de « Visage ». Juste avant le rappel, Paul ouvre en deux le pit pour un énorme wall of death qui lance à la perfection « Rainfall ». Véritable îlot d’apaisement au milieu de toute cette brutalité, Florent commence seul avec sa guitare semi-acoustique « Suffocate » avant que le titre ne mute en metalcore avec le retour de ses compagnons d’armes et anime la fosse par d’énièmes slams.
Les anciens morceaux de Landmvrks déchaînent littéralement les passions. Juste avant « Blistering », Florent motive ses troupes : « il n’y a pas de barrières ce soir ! Tu montes et tu sautes sur tes potes ! ». Il ne fallait pas le dire à deux fois. Les stage divings déferlent à un rythme incroyable. « Scars », elle aussi issue de Fantasy, commence par un énorme jump général de la salle lancé une fois de plus par l’infatigable frontman. La première chanson du premier album « Hollow » résonne en neuvième position du set, courte mais redoutable d’efficacité.
Après un léger interlude maritime, Landmvrks revient en scène pour un rappel commençant par « Lost in a Wave ». Le groove de la basse de Rudy est vite remplacé par la vitesse de la double de Kévin et du flow de Florent. Après une bagarre en fosse de tous les diables, Anthony Diliberto, frontman de Resolve, rejoint ses copains marseillais pour « Self-Made Black Hole ». duo au chant est véritablement détonnant et ça se ressent dans le pit. Les pogos et jumps s’enchaînent avant un ultime wall of death qui achève cette bien belle soirée. Landmvrks se positionne vraiment comme l’avenir du metal français, nous avons hâte de le retrouver avec un quatrième opus sous le bras.
Setlist
Maniac
Creature
Death
Blistering
Say No Word
Visage
Tired of It All
Scars
Suffocate
Hollow
Rainfall
Les Vagues
Lost in a Wave
Self-Made Black Hole (featuring Anthony Diliberto de Resolve)
Photo : Florentine Pautet. Reproduction interdite sans autorisation de la photographe