Dunderbeist
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Songs of the Buried
Sortie le 20 Novembre 2012 chez Indie Recordings
A peine noircissais-je (en février) les pages de La Grosse Radio de mes flots d'extase liés à la sortie de Black Arts & Crooked Tails des Norvégiens de Dunderbeist, que les voici de retour avec un nouvel album, le sixième déjà pour ce combo hyperactif, intitulé Songs of the Buried. Quelle rapidité !
Rappelons pour la petite histoire que Dunderbeist est l'un des combos Norvégiens classé Rock/Metal les plus actifs du moment, à l'instar de Leprous. Du coup, on les voit partout puisque ces six messieurs surentraînés ne cessent de tourner et pour cause, il faut bien promouvoir leur nouvelle galette sortie une fois de plus des studios de Fredrik Ryberg et masterisé par Alan Douches (Mastodon, Converge, Kvelertak...) pour un finish parfait !
Un produit a priori parfait donc que Indie Recordings nous a envoyé pour analyse. Les analyses sont en cours, les hypothèses émises et les conclusions sans appel.
Si avec Black Arts & Crooked Tails (chroniqué ici) les six voleurs masqués de Dunderbeist ont voulu révolutionner le genre en nous offrant une véritable petite bombe d'énergie, le butin étant constitué d'emprunts à Volbeat, Faith No More et à certains groupes de Heavy et de Black Metal ; Songs of the Buried est volontairement plus noir ( il parle de mort et de renaissance / ou de renouveau en général ) même si l'on reconnaît sans problème le style Dunderbeist et ce dès le titre phare de l'album, « Father Serpent ». Ce titre, actuellement en écoute sur La Grosse Radio, est d'ailleurs totalement démentiel avec son mélange de voix black et son refrain plus aérien, facilement assimilable. Le morceau « Centuries » avec sa jolie intro au piano vous permet également de saisir ce qu'est Dunderbeist : un OVNI capable de piocher dans n'importe quel genre musical comme ces passages Black/Prog à la Ihsahn, et d'autres emprunts au Rock et au Heavy Metal.
Si l'on part de l'hypothèse que le groupe a voulu se lancer dans un album plus sombre, l'on peut dire que le résultat escompté est atteint. Les compositions ralentissent parfois leur allure pour laisser plus de place à l'assimilation des textes de Torgrim Torve comme sur "Four of the Seven" où même la voix est ténébreuse et dirigée vers les basses.
Cependant, pour créer une atmosphère plus sombre, il faut laisser l'auditeur se recueillir pour ensuite mieux l'envoûter. Ce n'est pas en un peu plus de 30 minutes d'album que l'on peut espérer atteindre ce résultat, malgré les quelques moments d'accalmie comme sur la courte introduction « Y » ! Comment voulez-vous toucher du doigt les ambiances proposées par Dunderbeist lorsque des titres s'enchaînent à toute allure, à l'instar de ce très réussi « The Hidden One » avec sa belle dynamique, qui démarre sur une belle basse bourdonnante et d'excellents contre-temps pour ensuite nous propulser au sommet sur de sublimes riffs et solo de guitare...pour s'arrêter soudainement et nous laisser sur notre faim. Quelle frustration ! 2:43 ?!
Où chercher de la valeur rajoutée sur ce disque ? La qualité des compositions et le talent d'écriture de Dunderbeist ne sont nullement contestés et les Norvégiens sont passés maîtres des compositions longues de 3-4 minutes, d'autant plus que la production absolument béton, qui colle parfaitement au style, permet à leur musique de s'exprimer remarquablement. L'exemple parfait en est la chanson « Songs of the Buried » dont la progression est remarquable et débouche sur un riff extrêmement catchy. Un travail bien fait et avec génie !
Néanmoins le disque nous laisse vraiment sur notre faim, on n'a ni le temps ni le matériel pour accrocher vraiment et le disque comporte aussi son lot de chansons « kleenex » comme (« Mongrel ») et là vient le moment où j'ai envie d'émettre une dernière hypothèse. Si le groupe continue dans cette lancée, il risquera fort de gaver ses fans voire de se gaver lui-même. Tout artiste réalise au bout du compte que le seul moyen de perdurer est de ralentir le cercle infernal (album / tournée / album / tournée) pour prendre du recul et recommencer à composer sa musique avec sincérité, âme et tripes. Pas plus tard que cet été au Hellfest Satyr de Satyricon nous l'avait clairement redit lors d'une interview et ce fut la raison de son retrait momentané de la scène.
Le groupe devrait exploiter son potentiel énorme à des fins plus nobles que la recherche du profit, car pour l'instant, c'est sa musique qui s'appauvrit.
Katarz