Tony Clarkin (Guitare) et Al Barrow (Basse) du groupe Magnum

Le Samedi 17 novembre 2012
au Forum de Vauréal

Après un restau japonais très bucolique (ou Al-coolique ?)...
... et avant un show endiablé !

Katarz, Born 666 et Ju de Melon face à Tony Clarkin et Al Barrow !

Ju de Melon : Alors tout d'abord merci de nous accorder cette interview. Comment vous sentez-vous ce soir, puisque ce show au Forum Vauréal est le dernier de votre tournée avant de repartir pour l'Angleterre... ?

Tony Clarkin : Oui et donc nous sommes toujours en tournée puisque nous n'avons pas encore joué ce soir ! (Rires) C'est incroyable, nous avons visité au moins 7 ou 8 pays et nous retournons en Angleterre dès ce soir pour continuer. Nous allons faire 15 dates là-bas. Donc pour nous c'est la routine. C'est une succession de concerts, cela pourrait être n'importe où dans le monde, ce que nous faisons ne change pas.

Katarz : Mais alors c'est une sorte de routine pour vous, ou est-ce que vous vivez chaque concert comme quelque chose d'exceptionnel encore ?

Tony Clarkin : C'est génial d'être en tournée, oui. C'est ce pourquoi nous faisons ça, pas tellement pour sortir des disques. Nous on aime jouer avant tout.

Katarz : Et est-ce que vous apprenez encore et toujours quelque chose ? De nouvelles expériences, connaissances ?

Tony Clarkin : Ouais ! Mais tu sais, pour moi c'est vraiment dans le fait de jouer, de m'améliorer en tant que musicien. Pour Alan c'est peut être totalement différent, mais de mon point de vue c'est vraiment d'essayer de jouer du mieux qu'on peut. Je joue depuis quoi... 50 ans ? (Rires) Et j'essaie de m'améliorer de ce côté là.

 

Tony Clarkin

Ju de Melon : Alors nous voudrions vous parler du dernier album, qui est sorti il y a deux mois, On The 13th Day, et c'est assez marrant car c'est votre 17ème album. Toute personne qui ne connaît pas votre carrière se demanderait si ce n'est pas le 13ème album, alors que ce n'est pas le cas ! Pourquoi donc On the 13th Day ? C'est une sorte de concept, une idée précise ?

Tony Clarkin : C'était à la base une idée pour une chanson. Initialement ça devait s'appeler « On the 12th Day » et j'ai regardé sur internet combien de fois ce mot a été utilisé et puis j'ai pensé que On the 13th Day sonnerait mieux. C'est une chanson qui parle de rédemption. Mais cela n'a rien à voir avec la religion, c'est juste quelque chose qui est sorti de mon esprit. Et une fois que je tenais le titre, je pouvais composer le reste de la chanson. Si tu n'as pas de titre, tu ne sais pas de quoi tu vas parler, c'est beaucoup plus dur de concrétiser quelque chose !

Ju de Melon : Nous avons été frappés aussi par cette pochete parce que Rodney Matthews a collaboré avec vous de longue date mais elle est cette fois-ci est totalement différente, comme si l'univers de Magnum tout entier avait changé. Y'avait-il un message caché derrière cette pochette, une volonté d'évoluer vers quelque chose de différent, est-ce que vous trouvez qu'elle colle au feeling de l'album ?

Tony Clarkin : Si tu me poses la question à moi, pour moi tout notre travail est assez cohérent et stable. Chaque nouvelle chose que nous faisons n'est que le prolongement de ce que nous faisions avant. Et je pense que cet artwork participe à cette évolution. C'est Alan qui joue un grand rôle aussi dans ce travail d'Artwork. Nous avons discuté de son implication dans ce travail et ensuite quand j'ai rejoint Rodney pour en parler, Alan était naturellement là aussi. Littéralement, Rodney venait au Studios et pendant que je lui parlais de mes idées, de mes envies, il faisait des croquis pendant que je parlais. Je lui ai dit que je voulais intégrer des éléments de l'album Chase The Dragon, comme cet arbre déraciné parce que j'étais assez nostalgique de cette époque et je voulais des éléments du passé. Finalement il a dit qu'il allait voir et cela lui a pris trois semaines environ pour finir le dessin.

Il m'a envoyé le résultat final et nous avions deux artwork différents. J'ai immédiatement été séduit, mais il n'a pas pu terminer l'autre à temps donc nous nous sommes contentés de cette image.

Ju de Melon : Nous avons aussi vu un joli booklet avec des photos de concert, qui est exposé sur vos tables de merchandising, et que vous proposez à la vente... qui l'a réalisé ? Toi, Al ?

Al Barrow : Oui, c'est en quelque sorte moi. Il s'agit de quelques photos de concerts et aussi des photos de tournées. J'aime bien la manière dont ça montre tous les aspects d'une tournée, pas que la scène. C'est aussi une manière un peu introspective, qui permet de voir ce qui se passe réellement dans une tournée comme la nôtre. Bon, en réalité il ne se passe pas tant de choses que ça en une journée. Il y a beaucoup d'attente, des gens attendent aussi devant les salles et toi t'arrives, tu fais ton test son et ça recommence. Puis les gens repartent... Ce travail de photographe permet de lire en réalité ce qui se passe dans une journée entre ce petit groupe de gens. C'est très fun à réaliser et je suis content que cette brochure fasse aujourd'hui partie du merchandising.

Ju de Melon : Et en ce qui concerne la France, vous la boudez on dirait ! La dernière fois que vous avez joué ici c'était en 2007 ! Au Trabendo. Là où les Rolling Stones ont joué il y a un mois. Pourquoi vous jouez si peu chez nous ?

Tony Clarkin : C'est faute de trouver des bookers. Le manager de cet endroit, le Forum Vauréal, nous a dit que c'était le seul endroit où nous pouvions booker des groupes de Rock comme nous. Nous pourrions jouer tous les week-ends ! Mais il n'y a personne pour nous prendre en charge en France.

Katarz : Et qu'est ce que vous préférez dans la culture française à chaque fois que vous venez ?

Al Barrow : La nourriture !

Tony Clarkin : Les femmes ! (Rires)

Lionel/Born 666 : Les Blondes ? Non mais en fait... elle est polonaise !

Katarz : Ca me dérange pas, j'aime bien les chauves ! (Rires)

Al Barrow : Je descendais du bus ce matin et c'est hallucinant combien l'architecture aussi change où que nous soyions en France. Partout où tu te balades dans les rues, c'est vraiment spectaculaire.

Ju de Melon : Et pas le temps de visiter Paris ?

Tony Clarkin : Non, pas cette fois, on n’a pas eu assez de créneau.

Katarz : Et vous vivez tous aujourd'hui à Birmingham ?

Tony Clarkin : Oui, les environs.

Katarz : C'est comment Birmingham ?

Al Barrow : « Grey »  (NDLR : en français « gris »)

Katarz : Oh ! « Great » ?

Al Barrow : Non, non, « Grey » (Rires)

Tony Clarkin : On a cette chance de voyager partout et il semble que Birmingham ne soit pas seule à être grise en ce moment. Partout où on va les gens sont gris, ils font la gueule, tout paraît morose, c'est dingue ! Je ne sais pas à quoi c'est dû ?

Al Barrow : Les Midlands sont magnifiques à visiter, vraiment avec ses grandes étendues et c'est...

Tony Clarkin : C'est gris ! (Rires)

Lionel/Born666 : C'est pas le pays du Détective Barnaby ? Avec ses jolis Cottages et toujours un pub magnifique ??

Tony Clarkin : Ah oui ! Je vois de quoi tu parles ! Ouais mais c'est pas du tout comme ça ! (Rires) Et il y a pas autant de meurtres !

 

Al Barrow

Ju de Melon : Revenons à ces années nostalgiques, plus précisément en 1986, où tu as dit quelque chose dans un magazine français... tu avais déclaré que tu étais comme un businessman et que tu voulais faire un « tube », un peu comme Europe avec leur « Final Countdown ». Mais apparemment tu as changé d'avis depuis ! (Rires)

Tony Clarkin : J'ai dit ça ? J'aurais bien aimé faire un hit peut-être oui... !

C'est vrai que votre dernier album regorge de hits potentiels aussi, ou encore le titre « Wild Angels » de votre précédent opus. Après je pense que c'est une question de point de vue et si une radio fait confiance en un morceau, elle en fera un hit.

Tony Clarkin : C'est du Marketing. Mais alors d'où est-ce que vous tirez cette phrase que j'aurais dite en 1986 ?

Ju de Melon : Dans Hard Force Magazine, mais on ne sait pas si c'est Bob ou toi qui l'a dit.

Tony Clarkin : (Rires). Ah ! Alors laissons ça à Bob ! (Rires)

Ju de Melon : Par contre ça doit être un casse-tête de choisir une set list avec une carrière comme la vôtre...

Tony Clarkin : C'est dur. Nous avons un très bon show et la sélection des musiques doit, bien sûr se concentrer sur le nouvel album aussi. Mais c'est très dur de choisir les chansons que nous allons jouer. Alan nous tanne toujours pour jouer « et ça et ça et ça » ! et là Bob dit « Ah, non on devrait plutôt jouer ça ». (Rires)

Al Barrow : Nous nous aidons énormément de Facebook aujourd'hui où nous avons énormément de fans. Nous leur demandons ce qu'ils veulent entendre et nous avons des propositions. Nous essayons de les suivre au maximum.

Tony Clarkin : Il y avait ce gars qui a dit : « Je veux entendre : » suivi d'une liste de je-ne-sais-plus combien-de-chansons. (Rires) Y'avait tout un set !

 

Magnum

Katarz : Donc vous êtes très actifs sur Facebook, vous y croyez bien à ce média pour véhiculer votre musique et votre actualité ?

Al Barrow : C'est un très bon canal de communication, un accès immédiat à ce que nous faisons. C'est comme une vitrine devant laquelle il y a tellement de gens, alors nous publions nos dates de concerts, et nous récoltons plein de choses de la part des fans. En plus, facebook est beaucoup plus accessible et instantané que la plupart des sites web. Nous avons constaté vraiment que le lien est plus fort sur des sites de réseaux sociaux, c'est plus vivant.

Katarz : Vous avez des réactions immédiates, mais quid si elles sont négatives ?

Al Barrow : On ne peut pas satisfaire tout le monde. On a des réactions positives la plupart du temps. C'est très très rare que nous ayons des réactions négatives. Mais si c'était tout positif, on commencerait à se poser des questions, tu sais ?  Limite, à ne plus croire en ce que nous faisons...

Tony Clarkin : Ouais, c'est vrai.

Al Barrow : Il faut toujours quelque chose ou quelqu'un pour te « descendre », afin de te ramener à cette espèce de niveau de normalité. Si tout le monde dit : « C'est brillant, brillant, brillant, brillant », tu commences à te dire que tu n'as pas le droit à l'erreur.

Ju de Melon : Vous avez récemment joué au Sweden Rock Festival, sur un bateau de croisière... comment était cette expérience ?

Tony Clarkin : Il y a plein de bateaux Rock maintenant, comme le Barge to Hell, et nous y avons passé deux jours. Il allait en Finlande, mais les paysages étaient fabuleux, on a traversé de petites îles superbes !

Katarz : C'est vraiment différent de jouer sur un bateau ?

Tony Clarkin : Oui, assez au final. Ca bouge pas mal ! On était tous là « youplaaa », ça bouge ! (Rires)

 

Tony Clarkin

Ju de Melon : Il y a 34 ans maintenant, votre premier album Kingdom of Madness est sorti. C'était presque considéré comme de l'Avant-Garde à cette époque.

Tony Clarkin : Vraiment ?

Ju de Melon : Oui... faut dire c'était avant les années 80, c'était en 78.

Lionel/Born666 : Oui et vous tourniez avec Judas Priest à cette époque....

Ju de Melon : Quels souvenirs vous gardez de cette époque... pas de « nostalgie », puisque vous avez évolué ? De nombreux artistes préfèrent passer à autre chose plutôt que de rester enfermé dans leur passé.

Tony Clarkin : J'ai envie de te dire... une fois que tu as fait quelque chose, tu le mets de côté. Voilà. Et tu continues la même chose. Bob est très nostalgique pour sa part. Tu sais, je n'écoute pas vraiment les disques que nous avons enregistrés il y a longtemps. Je suis toujours en train de composer de nouvelles chansons. Les maisons de disques ont beau te dire et te répéter... tu sais quand on a fait On a Storyteller's Night, suivi de l'album Vigilante, en 1986, la maison de disques a dit : « Où est Jerusalem ? ». Alors je lui ai répondu : « Et bien sur l'autre disque !». Ils veulent que tu refasses le même album tout le temps !

Ju de Melon : Parlant de Bob, qui a toujours cette voix énorme, il n'est pas présent mais peut être peux-tu parler en son nom... comment s'entraîne-t-il pour garder une telle voix ?

Tony Clarkin : Les clopes ! (Rires) Non en fait il a arrêté de fumer. Mais surtout il ne fait rien du tout ! Il ne s'entraîne pas si c'est ce que tu veux savoir ! Je travaille avec Bob depuis 40 ans et je ne l'ai vu perdre sa voix qu'une seule fois... mais je crois qu'on avait une tournée assez chargée... Je ne devrais pas dire ça ! (Rires) Mais oui, il a une voix très forte.

Ju de Melon : Il a aussi fait des collaborations en tant que « guest », pour Avantasia et Ayroen... il vous en a parlé ?

Tony Clarkin : Oui bien sûr et aussi pour Edguy !

Ju de Melon : Oh oui, Tobias Sammet est un grand fan de Magnum ! Il a repris « The Spirit » avec son groupe  d'ailleurs ! On le sent pas comme ça dans sa musique, mais c'est un grand fan.

Tony Clarkin : Oui je sais, nous l'avons rencontré en Allemagne.

Ju de Melon : Il faudra que vous rapatriez Bob alors pour lui faire enregistrer quelque chose, même si je pense sur des collaborations comme ça il ne faut pas plus de deux jours de studio...

Tony Clarkin : Tu parles d'Avantasia ? Oui, c'est probablement une question de jours, il ne collabore que sur deux ou trois titres.

Ju de Melon : Quels sont vos mots finaux ?

Tony Clarkin : Bye ! (Rires)

 

Magnum

Al Barrow : Et merci !

Tony Clarkin : Non, sérieusement, je souhaite vraiment faire un appel à des organisations qui voudraient nous faire tourner plus en France ! C'est ça mon souhait !

Ju de Melon : C'est vrai que Le Forum Vauréal est un peu une sorte de microcosme. Vous avez UFO qui a joué ici, Michael Schenker il y a quelques semaines et bientôt encore... tellement de Légendes... mais aussi les Crucified Barbaras ! Ces fameuses uédoises...

Born666 : En tout cas vous allez apprécier de jouer ici car il y a un très bon feeling et c'est une super salle !

Tony Clarkin : On a hâte de monter sur scène !

Merci à vous !

 

Traduit par Katarz
 



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