Asylum Pyre – Fifty Years Later


“You had the power, to turn the tide…”

Avis à la population! Connaissez vous Asylum Pyre? Oui, oui ce sont bien eux qui ont réalisé Natural Instinct ? il y a 3 ans. Cet album avait été bien accueilli par la critique, saluant une certaine maturité, une expérience palpable et un sérieux dans les compositions dont les jeunes groupes sont souvent dépourvus ! De plus, ce qui avait frappé, c’était l’osmose quasi parfaite entre la chanteuse, Carole Alcantara, et le lead guitariste et chanteur Johann Cadot. Et pour couronner le tout ce sont des français ! Décidément ces jeunes padawans possédaient de sacrés arguments pour prétendre à une place sur la scène si restreinte du métal mélodique à chant féminin.

Trois ans… En trois ans, de l’eau a coulé sous les ponts.

D’abord amputé de leur chanteuse, c’est bientôt au tour du batteur, Emeric Arnaudeau d’aller voguer vers d’autres horizons. N’arrangeant rien, la recherche de label s’est avérée bien plus compliquée et ardue que prévue.

Et puis, l’année dernière, le groupe retrouve une voix en la personne de Chaos Heidi, chanteuse de profession. Au début de l’été dernier, on a pu apprendre que Asylum Pyre signait avec le label allemand de Massacre Records et que le nouvel album tant attendu Fifty Years Later sortirait début décembre 2012.

Trois ans… le moins que l’on puisse dire c’est que nos français ont eu du temps et en ont profité pour rendre visite à Didier Chesneau dans ses studios afin d’y peaufiner leur bébé, le préparer, le retravailler, l’apprêter pour ainsi le voir débouler fin prêt pour les fêtes de fin d’année.

 

 

La barre est d’ors et déjà très haute puisque notre quintet (pas encore sextet de nouveau) s’est auto-imposé une qualité de composition, une originalité et une personnalité fortes. Ajouté à cela une musique symphonique, mais pas que : leur style est tout à la fois, passant du heavy au prog, faisant du speed et même du growl, les français se plaisent à brouiller les pistes, à sortir des chemins mille fois battus et à créer un univers finalement qui leur est propre. Cela se vérifie sur ce second opus intitulé Fifty Years Later.

Pour l’histoire relatée, voici un petit résumé :

Après avoir posé un constat alarmant des dérives de notre société sur Natural Instinct ?, le groupe nous emmène dans un futur pas si éloigné, pour nous dresser les conséquences de ces excès ! Dramatique ? Irréversible ? En tout cas, le premier point fort de cet album, et je tiens à le souligner dans cette chronique, c’est le texte. Les textes de Johann sont parlants, forts, engagés et ne pourront pas vous laisser indifférents (à moins d’être un « Jester »). J’ai beau chercher, je ne trouve pas ou peu de groupes (dans ce style) qui prennent le risque d’être si engagé sur un album entier (deux si on compte Natural Instinct ?). Une véritable valeur ajoutée pour Asylum Pyre.

Ces paroles, déjà fortes, trouvent en la personne de Chaos Heidi une parfaite manière de s’exprimer tout du long de ce FYL. Et nous arrivons au second point fort de l’album : la nouvelle voix du groupe. Si nous pouvions avoir quelques appréhensions, moi le premier, quand au fait du remplacement de la si charismatique Carole Alcantara, nous pouvons être rassurés. Chaos se révèle une formidable interprète, que ce soit sur le heavy "Dead In Copenhagen", le titre single "These Trees", la complexe et prog "Any Hypothesis", elle chante juste. Tour à tour lyrique, claire, crié, torturé ou encore douce, cette frontwoman est un vrai caméléon vocal. Et si vous l’associez à la voix de Johann (sur "Fisherman’s Day" par exemple), vous retrouvez de nouveau cette osmose quasi parfaite déjà présente sur le premier album.

Troisième point à aborder, le chant masculin assuré par Johann, comme pour Natural Instinct ?. Mise à part la chanson sus-citée, il fera des apparitions ponctuelles tout du long de cet opus. Tantôt pour pousser quelques growls bien sentis (à l’image de "Just Before The Silence"), tantôt pour soutenir le chant de Chaos sur un passage clé, seul ou avec les choeurs. L’occasion pour lui de nous montrer qu’il sait aussi chanter, au même titre que jouer de la guitare et composer la quasi-totalité (voire la totalité) des textes et des musiques d’Asylum Pyre.

 

 

Venons en à l’album en lui-même. Bien qu’on en parle depuis quelques lignes, il me semble important de préciser qu’il forme avec son grand frère Natural Instinct ? un dyptique cohérent. Déjà les pochettes des deux albums concordent, celle de FYL étant particulièrement soignée et ravaillée. Musicalement, Fifty Years Later se veut être l’écho de son prédécesseur ; tout comme il en est déjà la suite idéologique. L’homogénéité de cet album se situe donc à plusieurs niveaux et rien n’a été laissé au hasard.

Par exemple, l’into "Will You Believe Me", qui reprend l’ambiance calme de "Whisper Of The Jester", ou encore la fin psychédélique et torturée d’"Any Hypothesis" rappelant l’intro "Taken Away To The Asylum" (à vous de trouver le reste à l’écoute).

Il existe évidemment (et heureusement) des différences. Là où le premier était très expérimental par moments, Fifty Years Later se veut plus accessible et très direct, comme on peut dire dans le jargon « in your face ! ». Sûr que ce choix va leur permettre de ratisser plus large et ramener les brebis qui n’auraient pas adhérées à la complexité plus prononcée de la première offrande.
On commence donc par une intro très calme, qui pose le décor, avant de se prendre dans les dents "Dead In Copenhagen", premier vrai titre de l’album qui vous donnera assurément des envies de headbanger. Entre la batterie de Vynce, pièce maîtresse de la chanson, qui semble ne pas pouvoir s’arrêter de double-pédaler, les guitares qui hurlent (ce riff d’intro !), la mélodie des claviers et la force vocale de Chaos, nuls doutes que cette piste est appelée à devenir un futur indispensable des lives.

Au rayon de l’efficacité, nous pouvons aussi nommer "The Frozen Will" et son rythme saccadé et speed, "Against The Sand", qui aurait très bien pu être le second single de l’album. Le clavier de Tony y fait des merveilles, les couplets montent en puissance pour exploser au refrain, Asylum Pyre sait décidément pondre de sacrés hymnes. Impossible de passer à côté de "Just Before The Silence", titre taillé pour le live et qui rappellera un peu "WWAW".

Mais Asylum Pyre sait calmer le jeu et sortir les armes plus épiques et prog, notamment sur l’atypique "The Herd" : une intro mystique, et en lieu et place du schéma classique couplet-refrain, on a trois styles de chœurs différents, pour terminer sur une accélération avec une imbrication de plusieurs voix, qui, il faut l’avouer, peuvent dérouter et sembler indigeste.

A propos d’épique, voici "Any Hypothesis", à la durée de 9min29. Nous avions "Different Sides, Same Thoughts" pour le grand frère, ici c’est une pièce massive, et si elle brille de par ses multiples rebondissements et arrangements, elle ne décolle finalement jamais vraiment et ce même sur le refrain. Ce n’est pas à le première écoute que vous pourrez en saisir toute l’essence et je vous encourage à persévérer car comme un bon vin, elle se bonifie avec le temps.

Côté calme, j’ai déjà cité "Fisherman’s Day", ballade judicieusement placée en milieu d’album, du niveau de "Don’t Waste It" et entièrement dédiée à Johann.

Je souhaite surtout parler également du titre éponyme, qui doit être l’une des plus belles ballades que j’ai eu à entendre en 2012. Chaos Heidi s’y fait douce, pleine de sensibilité, l’ambiance posée par les musiciens vous touchera forcément et le final choral achèvera de la plus belle des manières cet opus, au final assez court (moins de 50 minutes).

 

 

Un mot tout de même pour les musiciens, qui font tous un excellent travail, précis et concis, des claviers virtuoses de Tony à la basse de Julien, en passant par les guitares acérées de Hervé et Johann pour terminer sur la batterie énergique de Vynce (qui est le batteur de session, en attendant que nos français trouvent enfin un remplaçant à Emeric).

Que dire au final sur cet album ? Un opus riche et dense, qui plus est intelligent, surprenant et faisant réfléchir de par ses idées. Un tour de force qui permet d’oublier les trois ans un peu chaotiques de sa gestation. Quand on voit Fifty Years Later et qu’on entend cette musique, on peut se dire de manière très juste que l’originalité et le renouveau sont encore accessibles de nos jours où l’on pense à tort que tout a déjà été fait.

Asylum Pyre pose là une nouvelle pierre d’angle à son édifice musical et s’impose comme une valeur forte et sûre de ces prochaines années. Que de chemin parcouru, mais toujours avec cette même envie et cette même passion.

Si vous ne savez pas quoi offrir à Noël, je ne peux que vous conseiller cet album quasi parfait. L’attente fût longue, mais la récompense est là : l’un des très bons albums de 2012 !
 

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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