Enfilez vos kilts, sortez la peinture bleue, les highlanders Teutons sont de retour ! Oups, fausse alerte, ce n'est que Rebellion. Petit rappel sur ce groupe qui pourrait presque passer pour une tribute band de Grave Digger. Il a été formé en 2001 par Tomi Göttlich et Uwe Lulis, respectivement ex-bassiste et ex-guitariste de... Grave Digger. Avec ces informations, on comprend mieux l'origine du nom de la bande. Cet album que j'ai entre les mains n'est (malheureusement ?) pas avec Uwe, qui suite à un accident de moto à du quitter le groupe fin 2010. Voyons voir si ce 4ème album, nommé Furor Teutonicus (comprendre : Fureur des Teutons -sans blaaaague-) est à la hauteur des attentes du nouveau line-up. Rangez les marteaux, faucilles et autres outils, on ne parle du Fürher des teutons, mais de la fureur des tribus germaniques durant l'époque romaine, axé sur le personnage d'Arminius.
Premier détail qui marque une fois la musique lancée, c'est l'intention marqué par le chanteur, Michael Seifert, de retransmettre cette fureur, avec son chant éraillé et grave. Les instruments ne sont pas en retrait non plus, tout au long de l'album, les cordes vibrent, les baguettes du batteur volent et virevoltent, nous transportant sur les champs de bataille remplis de boue, où s'affrontent des hommes vêtus de cuir et de metal. (Peut on se permettre un parallèle entre tribus barbares et metalheads ?) D'un point de vue strictement technique, pas grand chose à dire, hormis peut être la voix trop souvent en retrait derrière les guitares, ce qui peut être parfois agaçant, surtout lorsqu'un chœur sauvage arrive à ce moment et empiète sur la partie chant. Mais ceci n'étant qu'un détail, nous dirons que l'aspect technique est bon. Il semble même nécessaire de se pencher sur le jeu du nouveau venu, Oliver Geibig, qui a l'excellente idée d'apporter un jeu qui diffère très nettement de celui d'Uwe. Plutôt que de se calquer sur la personnalité de l'un, l'homme trouve plus avantageux (et il a bien raison) de donner sa petite patte à lui. Une initiative exemplaire !
Les compositions, globalement, sont intéressantes, et ce même si l'originalité est absente. Alliant énergie et émotion, la musique répète, malheureusement, un peu trop souvent quelques gimmicks, créant ainsi un manque de renouvellement. Prenons l'exemple de « Breeding Hate ». Ce morceau est résolument tourné vers la puissance, laissant libre cours à la fureur intrinsèque de la voix et à la violence de la batterie, c'est ce que l'on ressent au début du moins, car très vite, le sentiment de déjà vu apparaît, en effet, le refrain, jouant son rôle à la perfection, mais peut être un tantinet trop. Ce qui reste à la fin de la chanson, c'est le refrain, pas forcément les paroles (non, même pas en yahourt) mais l'air du refrain, qui semble faire l'intégralité de la chanson. L'aspect répétitif qui s'étale ainsi tout du long termine sur un sentiment de lassitude, et ce en dépit de toute la bonne volonté de Rebellion. Sur la piste « Ala Germanica », on peut dire que le boulot est réussi, technique impeccable, chant prenant, refrain entêtant. Peut être trop, encore une fois. Ce n'est pas forcément un mal, mais les refrains restent en tête, éclipsant le reste de la chanson, dont le rythme et l'efficacité devrait pourtant permettre à l'auditeur de se remémorer facilement la chanson. Utilisant ainsi trop souvent des ficelles cousues de fil blanc, force est de constater que l'aspect catchy de ces points d'orgue est si exploité que certains terminent par s'éclipser entre eux.
On peut ainsi sentir un sentiment de linéarité entre les morceaux, dont l'archétype de la structure repose sur un schéma très classique. Cette fois-ci, penchons nous sur « Prince of Cheruscer », dont l'intro efficace et bien amené se heurte à des riffs et des accords qui se répètent inlassablement, comme un titre de Iron Maiden. Passé ladite intro, la suite n'est qu'une série de copier coller et de variations comme font les lycéens, qui copient leur voisin, mais pas trop, en faisant une erreur pardonnable, parce que si c'est la bonne réponse, le professeur ne remarquera rien (ah ne mentez pas, on l'a tous fait, au moins une fois, même par accident). Vous vous demandez pourquoi je ne parle que des premières chansons, la réponse est simple : la suite est foncièrement peu intéressante ou enrichissante. Il y a bien la mid-tempo « The Seeress Tower », trop puissante pour être qualifiée de ballade, mais qui se démarque très nettement par rapport aux autres et peut se targuer d'être dans le haut du panier. « Furor Teutonicus », chanson ayant donné son nom à l'album, ressemble à s'y méprendre à « Prince of Cheruscer » dans les couplets, et d'un banal empêchant un attachement trop intense à ce morceau. « Requiem » la piste triste de l'album, plutôt agréable, sans devenir intéressante, fait penser dans sa première partie (les 3 premières minutes) à la chanson « Klavier » de Rammstein. Mais la voix rauque de Michael, parfaitement accordée avec le reste de l'album, laisse un sentiment mitigée. Encore une fois, la technique n'est pas mise en question, mais le timbre oui. Il transmet une sacrée émotion, mais le côté rauque à la Matt Barlow gêne cette transmission.
En conclusion, Furor Teutonicus est agréable à écouter dans son ensemble, pour peu que l'on réussisse à passer au dessus du côté répétitif. Ceci dit, les titres qui valent le coup méritent réellement le petit coup d'oreille, ne serait-ce que pour le bon moment qu'on passera en leur compagnie. Rebellion souffre ainsi d'un léger manque d'ambition, parfois fatal dans le petit monde du heavy / power. Mais les allemands ont quelques arguments solides, à exploiter davantage lors du prochain opus.