…"Voici venue l'heure de la dernière question de cette grande finale entre Jean-Claude et Bernard. Pendant que s'affiche sur votre écran cet indice,
[OUVREZ LES VOTRES]
Jean-Claude, que choisissez-vous ?
- Je garde la main.
- Très bien. Attention, top ! Je suis un groupe suisse. Je sors ces jours-ci mon neuvième album studio. J'évolue dans un registre hard rock où les mid-tempi règnent le plus souvent en maître. D'aucun me reproche parfois mon style un peu trop polissé et mes ballades langoureuses, je suis ? Je suis ?...
- Gotthard ?
- Eh non, Jean-Claude ! Vous êtes tombé dans le piège, quel dommage ! Gotthard a sorti dix albums studio voyons ! Non il s'agissait bien sûr de Shakira…euh, pardon, de Shakra ! Eh alors Bernard, vous dormiez ? Vous êtes tous les deux éliminés et vous repartez sans aucun cadeau. A demain pour un nouveau "Questions pour un hardos" !
Allez, vous avez bien raison de laisser tomber la télé pour lire et écouter La Grosse Radio Metal, parce qu'ici, on va vous en parler de "Powerplay" de Shakra. D'autant plus que ce disque ravira les amateurs de hardrock mélodique, de chansons alliant énergie, refrains efficaces et son de qualité.
Soyons francs, la carrière du combo helvète n'a jamais vraiment décollé comme on aurait pu l'espérer après la sortie du premier album "Shakra" en 1998. Le groupe est toujours resté dans l'ombre du géant suisse Gotthard. Mais fait amusant (tu vas voir, lecteur, c'est désopilant) en optant pour un son un poil plus soft alors que la bande de Léo Léoni revenait à une musique plus roots, les deux combos nous proposent des disques finalement pas si éloignés en matière de style (avoue, jeune zazou, que c'est cocasse !).
Pour les novices, Shakra, c'est une formation qui sait composer de vraies chansons, sur fond de rythmiques puissantes et de guitares délicieusement saturées. Vous rajoutez à cela une voix assez perchée épaulée par des gros chœurs et vous obtenez un cocktail susceptible de plaire à un très large public.
Avec des compos assez fortement calibrées (durées et tempi varient peu) vous ne trouverez rien ici risquant d'effrayer le néophobe (néologisme de mon cru visant à décrire toute personne allergique à la nouveauté)
C'est donc dans la catégorie des morceaux convenus mais diablement efficaces qu'on classera "The Mask" (et son tempo un peu plus élevé que le reste de l'opus), "Life Is Now" (qui ouvre joliment l'album), "Because Of You" (très FM avec big refrain spécial concert), le très énergique "Secret Hideaway" (beau riff de bucheron pour enchainer sur un titre qui, lui, ne dépareillerait pas sur "Domino Effect") ou encore "Higher" qui décrochera certainement la timbale à l'applaudimètre sur scène.
Au rayon des ballades,"Wonderful Life" (celle-là aurait pu figurer sur "Firebirth", on y aurait vu…que du feu !) et "Too Good to be True" (pas loin d'être une vraie faute de goût tellement c'est de la redite) feront larmoyer les âmes sensibles (et bailler les bourrus au cœur de pierre).
La force de ce disque (et quelque part son talon d'Achille) c'est de couvrir un spectre large. Ainsi, en plus des chansons susmentionnées pour lovers, on passe du Mr Big like (le refrain de "Dear Enemy" par exemple) aux frontières du power metal, en passant par du heavy avec une superbe ambiance ("Dream of Mankind"), ou du hard très mainstream "Save you from Yourself". Du coup, difficile de savoir s'il faut saluer la polyvalence, l'ouverture d'esprit du combo helvète, ou s'il faut blâmer une envie non dissimulée de "bouffer à tous les rateliers" !
On regrettera la présence de quelques compos moins percutantes et plus dispensables comme "Don't Keep Me Hanging" qui sent le déjà entendu 12000 fois et l'absence totale de passion. Dommage car l'ensemble est très correct et ce genre d'accroc terni un peu le tableau.
En fait, l'impact de ce disque est assez immédiat, mais tend à vite s'estomper au fil des écoutes. On le conseillera donc surtout aux amateurs d'un hard rock propre avec de bons refrains, mais sans trop de recherche et de prise de risque. Sans nous sortir le disque de l'année (loin de là), Shakra poursuit sa route. Mais l'ombre du grand frère suisse risque de planer encore longtemps sur eux…
