Crashdïet – The Savage Playground

Après trois albums et autant de chanteurs, l'heure de la stabilité aurait-elle enfin sonné chez Crashdïet ? Ou, si on prend le problème à l'envers, le fait de ne pas avoir changé de vocaliste entre deux opus (je vous accorde que pour le premier, il eut été difficile de poursuivre l'aventure, Dave Lepard ayant mis fin à ses jours en janvier 2006) va-t-il permettre à Crashdïet de jouer définitivement dans la cour des grands ? Question qui n'est pas forcément farfelue, l'arrivée de Simon Cruz (l'homme à la coupe de cheveu la plus improbable de toute l'édition 2012 du Hellfest, certainement le fruit d'un accouplement honteux entre Son Goku et la schtroumpfette) et le dernier disque en date du groupe "Generation Wild" ayant déjà fait franchir un pas considérable dans la bonne direction au quatuor suédois.

Avec ce "Savage Playground", on a un peu le sentiment que le combo est à la croisée des chemins et que, pour reprendre une expression qu'habituellement j'abhorre, "Ca passe ou ça casse" ! Ayant peu à peu délaissé un style purement sleazy/glam pour injecter des touches plus heavy et gonflé son son, quelle direction allait donc choisir nos quatre lascards (hormis celle du coiffeur) ? Poursuivre vers une production toujours plus grosse, un truc larger than life, au risque de noyer les chansons et avoir du mal à restituer le tout sur scène de manière naturelle, ou bien revenir à quelque chose de plus basique, quitte à donner l'impression de régresser ?

 

Crashdïet, the savage playground, simon cruz, generation wild, sleaze, glam

Bien que tout à fait preneur des deux premiers albums et carrément fan du troisième, je ne m'attendais pas du tout à ce que Crashdïet réussisse à franchir avec autant de talent le cap du quatrième opus. Malgré l'assurance des compères lors de leur passage à Clisson en juin dernier (j'ai une grosse méfiance envers les musiciens qui claironnent qu'ils ont une bonne cinquantaine de chansons prêtes et qu'il faut juste choisir les bonnes), force est de constater qu'ils ont fait les choses dans l'ordre et qu'avant de se prendre la tête sur la façon de produire le disque, ils ont d'abord composé des chansons, des vraies, qui tiennent la route et qui n'auront certainement aucun mal à passer avec succès l'épreuve du live.

L'album s'ouvre sur un "Change The World" qui donne le ton. Le son sera plus âpre, avec une batterie assez mate et des guitares qui sonnent moins sur-gonflées. Simon Cruz mène le bal et il s'affirme désormais comme le patron du quatuor. Le refrain est vraiment terrible et il se fend d'un hurlement digne d'un Sebastian Bach sur la fin qui va inévitablement ravivé les comparaisons qui ont déjà maintes fois été de sortie entre Crashdïet et Skid Row. Contrairement à "Generation Wild" excellent mais assez uniforme, avec un son énorme et des compos souvent heavy, ce "Savage Playground" est varié et peut désarçonner à la première écoute. "California" par exemple porte bien son nom et se révèle une chanson légère dotée d'un refrain boosté par des chœurs très doux. Surprenants, mais convaincant pour moi, car ils permettent à Crashdïet d'élargir son registre. Quitte à vous faire peur, il y a des sonorités quasi pop sur ce disque, comme "Lickin' Dog" dont l'intro et les chœurs (décidément très présents) me font vraiment penser à Roxette ! Qu'on soit clair, quand je dis pop, c'est dans l'approche mélodique et harmonique des chansons, parce que d'un point de vue sonore, on n'est aux antipodes du pseudo-rock précieux qui file la trique aux amoureux des Inrocks !

N'ayez donc pas trop d'appréhension, car la patte du groupe est toujours aisément identifiable sur des brûlots comme "Circus" (certainement LE hit de l'album), "Cocaïne Cowboy" ou encore "Anarchy" (qui aurait pu figurer sur l'opus précédent tant il est dans la même veine). Simplement, tout cela est fait sans le tapage parfois un peu "cache-misère" des productions qui veulent à tout prix être énorme.

 

Crashdiet, sleaze, glam, the savage playground, simon cruz

Personnellement, malgré la très bonne teneur de cette galette, je suis toujours très réservée sur le niveau du guitariste Martin Sweet qui me semble un peu léger pour un groupe affichant de telles ambitions. J'en veux pour preuve le solo un peu crado de "Drinkin Without You" (pourtant une chanson sympa, sur laquelle le chant est touchant) au milieu duquel subsiste un très gros pain (à 2'54) étonnant de laisser un truc pareil, est-ce pour faire roots ou bien juste un détail "oublié" à l'instar des faux raccords au cinoche ? Idem pour le solo de "Damaged Kids" qui sonne juste mal !
On regrettera quand même que la deuxième partie de l'opus soit nettement moins inspirée que la première, le bon côtoyant du franchement dispensable  "Sin City" par exemple, malgré toute la hargne de Simon Cruz ne décolle pas vraiment, tout comme "Got A Good Reason". "Snakes In Paradise" donne l'impression de n'être là que pour faire nombre !

Heureusement, la dernière cartouche atteint le cœur de la cible. "Garden Of Babylon", hargneuse, tendue clôt ce disque sur une très bonne impression, avec ces mélodies de guitares orientales qui contre balancent la rage désespérée d'un Simon Cruz qui se sort véritablement les tripessur cette pièce inhabituellement longue chez Crashdïet (7'30).

Sans nous sortir l'opus du siècle, Crashdïet poursuit sa route et continue d'étoffer un répertoire déjà conséquent qui lui permettra à coup sûr de foutre le feu partout où le groupe se produira. Simon Cruz confirme tout le bien qu'on pense de lui depuis qu'il a rejoint le combo et ne doutons pas que lors de la prochaine tournée, nombreux seront ceux qui viendront remplir les salles pour chanter avec lui les gros refrains de "The Savage Plaground" !

Ma note : 6.5/10
 

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...