On me laisse avec un live et voilà que dans la foulée, j'ai le droit à son nouveau CD. La blondinette américaine engagée et enragée qu'est Otep nous balance son nouveau brûlot dans la gueule et, surtout, son dernier, répondant au nom d'Hydra. Et quoi de plus hydratant que de déguster une bonne bière savoyarde (de préférence) en découvrant cette nouvelle galette de la demoiselle un poil virile ? Maintenant remettons-nous dans le contexte. Otep, 3 musiciens survoltés et une chanteuse convaincue, la recette jusqu’à présent gagnante du quatuor. Voyons donc si Hydra nous hydrate !
Donc oui, effectivement la recette marche, et peut-être même beaucoup trop bien, ce qui a pour conséquence directe une stagnation flagrante de la part du combo formé autour de la belle blonde tatouée. Car toutes les ficelles déjà reprises par la formation sont à nouveau les mêmes au sein d'Hydra : on pense donc à des atmosphères se voulant oppressantes et à un neo un poil agressif mais qui reproduit la même erreur que sur le très mauvais Smash the Control Machine, à savoir de ne pas assez appuyer l'agressivité et la rage de la musique au profit d'une section rythmique un tantinet trop gentille pour le style musical, ce qui dessert immédiatement le propos d'Otep. Comment faire confiance ainsi à un groupe qui manque autant de renouveau, de délivrer un propos plus convaincant ? Il suffit de se pencher sur quelques exemples pour déceler les nombreuses failles d'une galette qui se veut être la dernière des américains. Mais pour un clap de fin, on attendait au moins un scénario qui tienne la route et, surtout, qui arrive à nous surprendre. Comme dans les bons films. Là, c'est raté.
On prend les mêmes et on recommence ? « Feral Game » aurait pu se retrouver sur Smash the Control Machine que ça ne choquerait personne. Le retour en force du vocoder, des guitares en retrait (ce qui est aberrant tout de même) et des longueurs où Otep nous fait son blabla pendant un peu trop longtemps, voilà comment le disque coule lentement mais sûrement vers les profondeurs abyssales du mauvais goût. Seule la voix de la chanteuse parvient, une fois de plus, à rendre l'ensemble un tantinet intéressant, tant par son hurlement toujours aussi expressif et puissant que son chant clair aux teintes mi-sensuelles, mi-rebelles. Si la patte des américains est donc reconnaissable à des kilomètres, le problème est ainsi là, dans cet auto-pompage permanent. Comme s'ils manquaient d'idées et qu'ils ne savaient que faire pour réussir à composer des morceaux plus passionnants. Peut-être la raison pour laquelle dame Otep souhaite se retirer de la scène quelques temps ? Sans doute, mais je ne voudrais pas lui jeter la pierre …
Le brûlot compose treize morceaux, et bordel que c'est long. Quand on commence à s'ennuyer, se taper autant de pistes qui oscillent entre, au mieux, le bon et au pire l'insupportable est une torture. On a même de l'inutile, avec « Necromantic », sorte d'interlude / titre décousu entre spoken words et chant hurlé, n'apportant rien, mais alors rien du tout. Les choses ne s'arrangent pas avec la suite : « Quarantine ». Si Otep a voulu retranscrire l'ambiance de la nouvelle graphique qu'elle a écrite (le concept d'Hydra est basé dessus), force est de constater qu'en musique, ça ne passe pas très bien. Ce titre, uniquement basé sur des paroles et non sur une réelle mélodie, ne prend pas, et se paye même le luxe d'arriver comme une cassure. Dommage, surtout quand on voit que la jeune femme sait encore nous divertir avec de bons titres : « Seduce & Destroy » a beau être assez particulière, avec la voix d'Otep qui n'a jamais été aussi féminine et suave sur une instrumentale en retenue, là, l'ambiance prend. Quand elle veut, l'américaine peut donc pondre de très bons titres. Puis arrive « Crush » qui renoue avec les moments de gloire de la belle, et on tient enfin du bon à se mettre sous la dent ! Chant inquiétant, guitare puissante, et le headbang est lâché. S'il reste le regret de ne pas avoir de refrain vraiment accrocheur sur cette piste (ce qui sera le cas sur le disque entier d'ailleurs), on se contente bien de ça au vu de la médiocrité générale. « Hag » fout une bonne claque dans la tronche, et se relève comme le meilleur du lot : enfin du neo puissant qui nous évoque ses premiers disques, on y croyait plus !
Et le reste ? Médiocre. Trop de paroles, trop peu de musique, cet album concept d'Otep est desservi justement par … son concept. Un comble, n'est-ce pas ? Que faut-il ainsi retenir d'Hydra ? Que les moments de bonheur sont présents, mais en trop petit nombre. On écoutera avec plaisir « Hag » ou « Crush », mais le reste aura du mal à satisfaire. Notre américaine nous livre là un disque assez mauvais, qui prouve que les idées n'étaient plus là. Ou peut-être que si. Mais qu'elle n'a pas su les exploiter. Dommage, elle ne va pouvoir rectifier le tir sachant qu'il s'agit ici de son dernier brûlot, la belle voulant se consacrer à d'autres choses. Alors merci à elle de nous avoir donné quelques offrandes réjouissantes (Amaurea dit que The Ascencion est un chouette disque !). Rideau.