Sons of Aeon est sorti de sa grotte. Fondée en 2010, cette formation finlandaise, composée de membre de Ghost Brigade et Swallow the Sun, livre enfin son premier album éponyme. Après s’être dévoilé aux travers de quelques compositions postées sur la toile, Sons of Aeon confirme qu'il a des arguments pour se faire une petite place dans le milieux du death-mélodique.
Véritable hommage au death-mélodique, Sons of Aeon s’étire sur dix pistes où se mélangent riffs hargneux, rythmiques percutantes et travaillées ainsi qu’une voix bien lourde et bien grasse. Rien de bien négatif à l’horizon. Pourtant sa première production ce quintet nordique se heurte à un problème de taille : le manque de créativité.
Une fois sorti de sa boite, mise en valeur par une très belle pochette, le cd s’en va faire une promenade dans le lecteur pour en sortir 48 minutes plus tard. Et c’est là qu’arrive le doute et que l’on se dit "c’est vraiment pas mal, mais j’ai déjà entendu ça ailleurs". Concrètement, la setlist est une sorte de Best Of . Une compilation du travail des quatre grands noms du genre (Dark Tranquillity, Soilwork, Arch Enemy et In Flames). Chaque titre laisse en bouche un goût de déjà entendu. On ne peut, bien sûr, reprocher à une formation (jeune surtout) de s’inspirer d’une autre, mais ici, le constat est vraiment flagrant. Du coup, cette grosse salade manque cruellement d’originalité.
Mais c'est une salade qui n’est pas sans saveur, bien au contraire. Si Sons of Aeon se contente de piocher sans vergogne dans le style d’autres groupes, il le fait proprement. Outre une maitrise des codes du death-mélodique, c’est surtout une grande rage que l’on remarque à chaque écoute. C’est dès la première piste, "Faceless", que se ressent cette hargne. Aussi bien dans les hurlements de Tony Kaikkonen que dans les riffs de Tapio Vartiainen et Wille Naukkarinen. Un sentiment d’efficacité qui se répète d’un titre à l’autre.
Bien sûr qui dit death-mélodique dit mélodie et émotions. Et l’on est plutôt bien rassasié à ce niveau-là. Les excellents "Burden" (qui frise franchement le plagiat de Dark Tranquillity), "The Center" ou encore "Wolf Eyes" sont là pour le démontrer. Même si l’on est un peu déçu par le manque d’originalité et de surprise.
À défaut d’avoir travaillé son fond, la formation a travaillé sa forme. En effet, la production est impeccable et met très bien en valeur le niveau des musiciens. Car oui, si ces derniers s’expriment avec hargne, ils le font aussi avec brio. Mention spéciale à une rythmique qui assure. S’il fallait vraiment trouver une petite particularité, cela serait les changements réguliers des tempos sur plusieurs morceaux. Sans pousser la comparaison avec les polyrythmies de Meshuggah, l’initiative s’avère sympathique mais quelques fois maladroite. Passer d’une ambiance limite doom à du death et 280bpm peut déplaire. Autres points négatifs : trop peu de solo et une certaine redondance dans l’ensemble.
Finalement, que demander à un album de death-mélodique ? De la puissance, de l’efficacité et de l’émotion ? C’est le cas. Que demander à un nouveau groupe ? Un peu d’originalité, de créativité et de personnalité ? C’est malheureusement là que pêche Sons of Aeon. Il serait néanmoins dommage de passer à côté de cette galette qui fera patienter les amateurs du genre d’ici la sortie des nouveaux Dark Tranquillity et Soilwork. Un groupe qui a bien des cartes en main pour se dessinner un bel avenir.
