Sons Of Secret, le quintet troyen (donc de Troyes dans l'Aube, non pas de la ville qu'Ulysse a conquis au prix d'une ruse d'une fourberie sans égale) est de retour deux ans après un excellent opus nommé "French Cuisine". Une tambouille qui m'avait mis en joie de par la multiplicité des saveurs qu'elle recélait.
Le joyeux combo avait tourné deux clips pour le promouvoir, dont un (celui de "French Lova") était une petite merveille de mauvais goût gore à base de zombies. Un thème qui plait manifestement à la bande puisqu'elle nous revient aujourd'hui avec un EP (en téléchargement libre sur le site du groupe) au nom délicieusement évocateur de "La Tumba De La Muerte"
Mis en son par Pierre Le Pape (Melted Space), ces six titres se présentent comme la bande-son d'un mad-movie avec mort-vivants et barbaque saignante à tous les étages. Aussi, inutile d'attendre le slow de la mort, les nappes de claviers bien sirupeuses ou encore une voix de crooner, ici, on n'a même pas le temps d'enfiler son tablier qu'il faut déjà broyer des os, tailler dans le gras et si possible arracher les yeux à la pince à sucre. "Ah, bonjour monsieur, vous avez oublié vos entrailles dans l'escalier, que puis-je pour vous ?"
On démarre avec une intro "The Outbreak Symphony" très "cinématographique" pour le coup, à grand renfort de synthés grandioses, de roulements de batterie, bref, une immersion dans l'œuvre, à la fois grandiloquente et inquiétante. Puis arrive "Virus", un titre bien heavy que Pierre "The Muscle" Lebaillif domine de son chant rugueux. Clairement, ce garçon n'est pas venu nous conter fleurette délicatement en nous faisant admirer les photos de lui et ses gosses sur une plage vendéenne, à deux pas du mobil-home familial. On démarre fort avec cette chanson au gros refrain qui met bien en valeur le travail d'El Rafale à la batterie (même si le son de caisse claire est assez terne). L'ambiance est déjà bien malsaine quand déboule le "Road To Nowhere" où la rythmique de déglingo n'a d'égale que les parties de synthé nous envoyant directement…où, je ne sais pas, mais assurément un endroit où on n'a pas envie de rester tant on sent bien qu'une mauvaise surprise peut se cacher derrière chaque porte. Un morceau qui m'a fait penser (et c'est un compliment) à du Barren Earth des grands jours !
Les guitares sont douces comme la caresse d'un barbelé sur la peau d'une jouvencelle en putréfaction (je sais, ça ne veut rien dire, mais c'est précisément l'image qui m'est venue à l'écoute de ce titre).
Sur "Chopping Mall", JC Hoogendorn (Red Mourning) vient donner de la voix pour une compo qui renoue avec l'esprit "melting pot" de "French Cuisine". La double pédale entre en fusion à la suite d'un passage groovy, les grosses guitares très heavy se calment brutalement pour laisser la place à un harmonica, bref, Sons Of Secret a conserver son identité et son savoir-faire en matière de mélange des genres.
"Revelations. Part 1" est une courte pièce instrumentale très jolie, qui offre une pause dans ce bourre-pif musical (excellent, mon nez saignait, j'ai juste le temps de me le garnir de coton). Des guitares hispanisante et des synthés qui nous emmène dans l'atmosphère chaude et pesante des films de Sergio Leone. Moi je vous dis mes petits agneaux que ça va péter.
Et bam ! "She's To Die For" virulent à souhait vient effectivement achever le travail. Pierre s'arrache le gosier sur fond de grattes rageuses et de rythmiques thrashisantes du meilleur effet (amis de la poésie, vous vous êtes trompés de porte !). A ce stade-là, il y a du sang un peu partout et il va être l'heure de nettoyer.
Voilà, c'était court, mais c'était bon (l'avantage du EP c'est qu'il n'y a que l'essentiel, pas de remplissage et donc, un ensemble beaucoup plus cohérent et compact) ! Avec "La Tumba De La Muerte" on sent que Sons Of Secret s'est fait plaisir et nous a concocté un vrai petit bijou, sans chercher à en faire de trop et en canalisant toutes ses idées pour les concentrer dans un projet solide. L'expérience aidant, le groupe fait ressortir les différents éléments de sa musique avec plus de finesse qu'auparavant pour un résultat toujours plus convaincant.
Ma note : 7.5/10