Enforcer pète le feu
Les quatre suédois viennent de sortir leur troisième album, Death By Fire. Ils ne changent pas leurs habitudes et gardent leur style old school marqué par la New Wave Of British Heavy metal des années 80 en appuyant cette fois un peu plus sur le champignon et montrant ainsi qu’ils sont toujours aussi énergiques et inspirés. Un album simple à approcher qui ravira les amateurs de rythmiques qui décoiffent et de metal à l’ancienne.
Avant de mettre la dernière galette d’Enforcer en date dans son lecteur, attention de bien s’attacher. Les riffs supersoniques et les rythmiques en excès de vitesse constant provoqueront quelques accidents le long de l’autoroute vers l’enfer, avec des chauffeurs pris de headbangs frénétiques qui risquent fort de prendre leur pédale d’accélération pour une pédale de grosse caisse. Et ce n’est pas la voix stridente d’Olof Wikstrand qui fera baisser la tension, toujours haute pendant les 35 minutes qui font la durée de ce disque.
Prenant toujours le parti de la vieille école, Enforcer a décidé de faire encore une fois un album court. Le chanteur du groupe s’est expliqué à ce sujet : "nous écrivons de la musique pour le format vinyle, qui ne peut pas contenir plus de 19 minutes par face sans perte de qualité sonore". Une contrainte qui ne dérange pas le groupe, puisqu’"aucun de [leurs] disques préférés ne dépasse les 39 minutese et renchérit en affirmant que les suédois n’écrivent "aucun filler". Cela se vérifie à l’écoute de l’album, composé de neuf titres, dont une courte intro au clavier ("Bells Of Hades"), qui arrivent chacun à se démarquer dans un ensemble qui se veut homogène.
En effet, malgré la volonté d’avoir un album qui garde le pied au plancher, les quatre suédois ont l’intelligence d’inclure des éléments qui font se démarquer les titres pour ne pas donner un ensemble redondant. On retrouve ainsi un refrain mélodique qui accroche immédiatement sur "Take Me Out Of This Nightmare", de délicieux solos de guitare dans "Run For Your Life" ou un duel de guitaristes dans "Sacrificed", ou bien des harmonies intéressantes sur "Silent Hour/The Conjugation". Chaque chanson tire son épingle du jeu et se montre réussie, même l’instrumentale "Crystal Suite", qui évoque les débuts tonitruants d’Iron Maiden sans les singer.
En conservant les mêmes influences sur cet album, Enforcer n’a pas cherché à changer. Une démarche artistique complètement assumée : "Nous avons décidé de faire le disque ultime d’Enforcer plutôt que de braconner sur d’autres terres". Ainsi, le groupe a non seulement gardé la vitesse, mais aussi le sentiment d’urgence omniprésent, cette ambiance constamment tendue d’un groupe qui choisit de ne tomber ni dans le bourrinage moderne, ni dans la perte d’énergie des anciennes formations. Un esprit old school dans un groupe de jeunes, qui a moins de dix ans dans les pattes.
Le groupe garde ainsi sur Death By Fire cette production sans artifices qui permet à chaque membre de se faire entendre clairement, des vocaux déchaînés d’Olof Wikstrand à la basse rapide de Tobias Lindqvist que n’aurait pas renié Steve Harris. Le son de batterie est sec et naturel, en adéquation avec la frappe précise de Jonas Wikstrand. Côté guitares, le chanteur a bien repris le flambeau laissé par Adam Zaars, qui a quitté le groupe en 2011, et s’offre toujours des duels ("Sacrificed") et harmonies de toute beauté ("Crystal Suite") avec Joseph Tholl.
Si la vague de revival des genres qui ont fait la gloire du metal dans les années 80 peut faire grincer des dents, Enforcer montre qu’il reste créatif et talentueux, en gardant un équilibre stylistique et sans tomber dans la redite. Death By Fire est un album frais avec lequel les quatre suédois qui utilisent fièrement de vieilles recettes sans faute de goût ni d’incohérence. Une réussite de plus.