Cinq ans après un Eternal Kingdom plutôt direct et frontal, Cult of Luna revient avec Vertikal, sorti le 29 janvier dernier chez Indie Records.
Inspiré du film Metropolis de Fritz Lang, le sixième opus du groupe se veut minutieux et puise son énergie dans différents styles.
Le travail de recherche et d’expérimentation est remarquable, premièrement au niveau de la durée de l’album (70mn pour 10 titres) ainsi que dans les moindres détails rencontrés à chaque nouvelle écoute.
"The One", immersion abstraite dans l’univers rétro-futuriste de Vertikal. Là où les vieux démons du hardcore se confrontent aux sonorités électroniques pour exploser à l’unisson.
Exploser, c’est ce que fait "The Weapon", la transition avec l’intro est violente. Dès la première mesure, les hurlements caverneux de Johannes Persson, accompagnés d’une rythmique lourde viennent nous terrasser et créer une situation d’urgence.
Mais l’échauffement étant fini, passons au titre MONSTRE : "Viciarious Redemption", pesant plus de 19 hypnotiques minutes. Nous entrons dans la phase post-rock psyché-core où les formes électroniques mêlées aux couleurs plus sombres du reste de l’instru nous poussent dans un lieu froid et incertain.
Les longues répétitions nous donnent des points de repères dans cet endroit en dehors du temps.
L’espace semble s’agrandir, et même s’éclaircir au fur et à mesure que les guitares s’élèvent. Des éclaircies façon Isis, des envolées saisissantes à la Mogwai. Rien de déstabilisant pour le moment, jusqu’à ces 11 minutes...
On pensait savoir où tout ça allait nous mener, ça semblait assez prévisible jusqu’ici et ce break dubstep, passant aussi vite qu’il est venu, vient nous rappeler ce que sont ses créateurs :
Des architecto-musiciens.
La structure est incroyablement précise, travaillée et spontanée à la fois. Sur ces quasi 20 minutes, aucune seconde n’est à jeter. Chaque poussière de chaque clavier de chaque guitare est à sa place.
La durée de "Viciarious Redemption" permet au travail effectué sur la recherche de textures de s’exposer à l’auditeur dans un style épuré.
Cult of Luna montre qu’ils peuvent piocher dans tous les univers musicaux sans perdre la main, ni notre attraction.
Les rythmes lourds sombres et saccadés, comme savait si bien le faire Neurosis, ainsi que les grondements des guitares de "Synchronicity" alliés à des morceaux plus expérimentaux comme "The Sweep", nous balladent gentiment au-dessus du vide, de la béatitude, de l'anxiété, du calme, des doutes et tremblements.
Ça nous prend aux tripes, ça s’ancre dans notre moelle osseuse, n’importe où mais Vertikal ne nous lâche pas.
L’entrechoque de la voix claire, plus expressive qu’excessive, et saturée, comme sur "Mute Departure", oppose clairement ces univers.
Des formes inattendues : Comme cet interlude "Disharmonia", qui a tout de la structure d’un rêve.
Flou, extrêmement court et qui nous offre, du haut de ces 40 secondes, un voyage express dans un lieu quasi-onirique et qui se veut touchant sans même qu’on puisse en comprendre le sens.
Ou encore du postcore à l’état pur : "In Awe of", qui frappe sans (trop) faire mal.
Des couleurs à moitié apaisantes : "Passing Through" qui nous livre le dernier soupir de l’album comme un dernier souffle avant l’éternel repos.
Vertikal est intense, majestueux, colossal. Un beau gros bébé que nous a pondu Cult of Luna.
La création de sens, la recherche de matière et la fusion d’éléments d’origines diverses sont accomplis avec beaucoup d’adresse et le résultat est hyp-no-tique.