Le troisième album des Français d’Existance, Wolf Attack, sera disponible le 29 octobre 2021. Avec cette longue période de Covid et après deux ans d'attente, l’album sort enfin, et nous avons retrouvé Julian Izard (chant / guitare) et Antoine Poiret (guitare) au Hellfest Corner à Paris, pour parler de ce nouvel opus, de leurs influences et de leur future prestation au Hellfest 2022.
La Grosse Radio : Est-ce frustrant d’avoir un album finalisé et d’attendre aussi longtemps avant qu’il ne sorte et qu’on parle de lui ?
Julian Izard : Ah oui c’est frustrant. Surtout quand tu prévois une date et que tu ne peux pas la faire et que tu es encore obligé de décaler. Au bout d’un moment tu en as marre mais tu arrives quand même à trouver des occupations. Avec notre thématique « Legends Never Die » [hommage aux formations des années 70,80] cela nous a permis de jouer et de continuer à rester en contact avec les gens.
Antoine Poiret : Dans cet esprit-là il valait mieux attendre de toute manière.
Vous ne vous êtes pas dit « Allez, on fait un un double album » ? [Rire]
Julien Izard : Je pense que cela aurait été encore plus frustrant de le sortir juste avant la pandémie, comme c’est arrivé à certains groupes qui n’ont pas eu cette chance. Que l’album soit là et qu’on ne puisse rien faire… On peut même dire qu’à la limite on a eu de la chance.
Il était donc prêt fin 2019 ?
Antoine : Oui c’est ça ! On était partis pour une sortie de l’album en septembre/octobre 2020. Ça c’est présenté autrement. Un mal pour un bien.
Comment peut-on se procurer l’album ?
Julian : Tout d’abord sur les plates-formes numériques. Et tout ce qui est physique est distribué sur notre site (CD et vinyle). On développe aussi des partenariats avec Gibert Joseph, Crazy Grumpy qui est aussi un site de vente en ligne et d’autres qui suivront.
Antoine : Ça permet aussi d’avoir d’autres visu. Et pouvoir gérer ça avec notre site c’est pour nous, pour le moment, la meilleure stratégie. C’est ce qui va nous permettre d’évoluer, d’avancer, sans oublier de penser à se diversifier. Pour avoir plus de visibilité.
Julian : D'ailleurs on remercie ceux qui ont précommandé car on ne savait pas qu’on pouvait en avoir autant, on a été agréablement surpris. Ça fait extrêmement plaisir de sentir tout ce soutien.
Sur l’album les influences sont variées. D’ailleurs tous les deux, vous avez peut-être des influences différentes ?
Julian : En fait on a nos groupes principaux, un socle commun et on a chacun des groupes préférés différents.
Antoine : Mais on a tous le même pilier de quatre ou cinq groupes : Judas Priest, Iron Maiden, Saxon, Accept…
Et dans les groupes californiens des années 80 ?
Julian : Je dirais Dokken et plus récemment Skid Row. Je dirais même Warrant car même si c’est une période plutôt glam, j’adore ce groupe. J’aimais beaucoup XYZ aussi, Et d’ailleurs il y avait deux Français dans le groupe.
Antoine : Ils avaient fait de superbes albums d’ailleurs, il y en avait un avec le loup…
Julian : C’était pas « Face Down in the Gutter »?
Antoine : Non ça c’est le titre d’un morceau de l’album s’appelait ... (ensemble) Hungry !
On retrouve justement la thématique du loup avec Wolf Attack… D’ailleurs ce visuel me fait penser à certaines pochettes de Grand Magus.
Antoine : L’approche qu’on a eue du loup c’est que tout d’abord on ne voulait pas que ça fasse « loup-garou », un genre de gros loup monstrueux. Comme tu peux le voir sur la pochette il se méfie, il n’est pas en mode « monstre ». Il est prêt à bondir.
Julian : Il est un peu abîmé, il sort d’une bagarre.
Antoine : Et il continue son chemin... c’est un peu à l’image du groupe. Le fait de continuer d’avancer et de grandir par rapport à notre premier disque.
Julian : Sans oublier que notre premier titre était « Son of Wolf » [sur l’album éponyme sorti en 2012, ndr]. Il y avait déjà l’image du loup. C’est aussi un parallèle avec le look, le surnom qu’avait mon père dans les années 80 [Didier Izard, chanteur d'H-Bomb, décédé en 2018, ndr].
Mais que fait le fils du loup maintenant ?
Maintenant le fils de loup a grandi, il a fait son chemin. Il est blessé car il a déjà pris des coups dans la gueule dans la vie, mais il est toujours là…(ensemble) et on avance… [rire]
Quand j’ai reçu le lien pour la promotion de l’album et que j’ai vu à la fin la reprise du titre « Gwendoline » de H-Bomb sachant que c’était ton papa qui chantait sur le titre à l’époque cela m’a fait un choc, ça m’a rajeuni. Allez-vous interpréter ce titre en live ?
Julian : On pourrait mais je t’avoue que non. Je sais que ça fait plaisir aux gens.
J’imaginais l’impact auprès des quadras et des quinquas devant la Mainstage 2 au Hellfest…
Julian : C’est pour cela qu’on la retrouve sur l’album. C’est avant tout pour faire plaisir aux gens. Ils l’ont déjà entendue deux fois en live. Je t’avoue qu’on va arrêter là car la boucle est bouclée. Il faut qu’on fasse notre chemin sans l’image d’H-Bomb toujours à côté.
Il y a des groupes qui ont toujours leur gimmick, un titre qu'ils reprennent toujours en live…
Antoine : Oui c’est vrai : il y a « The Green Manalishi (With The Two Prong Crown) » que reprend toujours Judas Priest. Mais pour nous, ce n’est pas pareil non plus car c’était plutôt dans le contexte du moment que ça avait été fait. On pense que Didier nous aurait dit à un moment donné d’arrêter de le faire…
Julian : Et puis émotionnellement c’est quand même très compliqué. À la fin du concert je préfère rester euphorique que d’être plongé dans la mélancolie et la tristesse en pensant à mon père.
Pouvez-vous m’en dire plus sur la production de l’album, même si maintenant ça remonte à assez loin.
Antoine : Ça s’est passé avec François Merle, guitariste de Manigance avec qui on avait partagé l’affiche d’un festival. Il nous avait découverts à cette occasion pour la première fois et nous a recontactés par la suite sur la tournée avec Primal Fear. Il était venu nous voir à Bilbao. Il nous a dit qu’il serait intéressé par une collaboration. On a fait un test chez lui dans son studio. Et là on a accroché humainement et musicalement. On était très satisfaits du rendu qu’il nous avait proposé. Il nous a appris de nouvelles techniques pour enregistrer, des trucs de producteurs qu’il gère très bien.
Julian : On a aussi passé beaucoup de temps à chercher notre propre son. Avant, on arrivait en studio, on branchait nos têtes d’ampli et on jouait. Tandis que là, on a d’abord cherché le fameux son qu’on voulait. On écoutait les sons des différents groupes. C’était une approche différente et on voyait ce qu’on voulait pour nous, c’était passionnant.
Antoine : En gros, sur les albums précédents on enregistrait toujours au même endroit. Pour schématiser on arrivait avec nos chaussons et puis on était habitués à tout, il n’y avait plus de prise de risque. Parce que là, François nous disait « Ah non non, on ne fait pas comme ça, on va faire de cette façon ».
Julian : Sans oublier que là, on avait le temps. Généralement, quand tu vas dans un studio, tu le loues pour une à deux semaines. Là, on n’avait pas de pression.
Antoine : On y est quand même resté deux semaines, mais c’était très intense.
Est-ce qu’il y a des titres qui ont été énormément remodelés lorsque vous étiez en studio ?
Julian : Pas obligatoirement, c’est plutôt des passages qu’il a amenés, ou des idées d’arrangement. Il m’a même proposé de faire des choses que je ne faisais jamais sur ma voix, par exemple de faire des doublages à certains endroits, ou de le faire à l’octave.
Avec des titres comme « Rock'N Roll » ou « You Gotta Rock It », on a l’impression d’être dans le big rock américain et on a cette sensation de live.
Julian : Oui avec ces deux titres, on propose quelque chose de plus rentre-dedans.
Antoine : C’est vrai que sur scène ces deux titres peuvent très bien fonctionner, avec des refrains qui peuvent être chantés facilement par le public.
C’est peut-être aussi le fait d’avoir tourné avec Riot V même si ce n’est plus le Riot des années 80…
Antoine : C’est vrai qu’il y avait une majorité des titres qui était déjà composés avant de partir en tournée avec eux. En rentrant de la tournée, on a dû en écrire deux ou trois. Mais c’est vrai que partir en tournée pendant un mois et d’entendre toujours les mêmes chansons au même moment, on peut dire qu’à un moment donné certaines choses te rentrent dans la tête. Sans parler non plus du fait que lorsque tu joues sur scène tous les soirs, ça t’inspire énormément. Et les deux ou trois morceaux qu’on a faits après l'ont été très rapidement.
D’ailleurs, comment faites-vous pour trouver l’inspiration ? Vous travaillez ensemble ou vous êtes chacun de votre côté pour trouver de bons riffs ?
Julian : Ça dépend. Ça peut être soit l’un soit l’autre. Parfois il y en a un qui arrive avec un titre, un riff ou même un morceau entier. Ça peut être entièrement composé lors d’une répétition comme le titre « You Gotta Rock It ». Tout est parti d'un riff ...
Antoine : … et le côté hyper live, c’était arrivé lors du sound check avant un concert. On commence à sortir le riff et tout le monde a suivi. On s’est arrêté, on s’est regardés, et on s’est dit : "Mais c’est drôlement bien ça !" [Rires]. En plus on était sur scène et on trouvait que ça sonnait drôlement bien, ça faisait super plaisir et après on s’est dit qu’on allait le travailler en répétition.
Julian : Et comme tu peux le voir à la fin ça finit sur l’album… (Rires)
Comment s’est passée la rencontre avec le Père Bertrand Monnier pour tourner votre clip « Tears of Fire » ? C’est vrai qu’on le connaît pour ses goûts musicaux, c’est un grand fan de heavy metal…
Julian : On a eu la chance d’avoir un contact en commun. D’ailleurs on le remercie. Ça s’est fait très simplement. Un jour il nous a dit « bah écoutez, vous n'avez qu’à passer à la maison » - enfin plutôt au presbytère… [Rires]…Il nous a proposé de visiter plusieurs églises, on en a visité trois. Et il nous a dit de choisir celle qu’on voulait. Comme on recherchait un lieu pour tourner le clip de « Tears of Fire », il a tout de suite compris le message, il a compris pourquoi on voulait le faire, et il nous a donné la possibilité de réaliser notre clip…
Antoine : Il est très cultivé, même en-dehors de la musique. C’était très enrichissant de pouvoir le côtoyer.
Julian : C’est un vrai métalleux, il porte même des T-shirts Iron Maiden et Powerwolf !
J’espère qu’il n’aura pas les mêmes problèmes avec sa hiérarchie qu’une directrice d’un lycée au Canada pour avoir affiché son amour pour Iron Maiden avec un poster de Number of the Beast, le « signe du Diable » et le « 666 »... Des parents d'élèves exigent son licenciement...
Julian : Avec le Père Bertrand, on dit qu’il a de l’avance sur son temps mais c’est plutôt les autres qui ont du retard…
Sur l’album on entend beaucoup de twin-guitars c’est quelque chose que vous maîtrisez parfaitement…
Antoine : Oui, même dès le début du groupe on était dans cette esprit là avec les twin-guitars…
Julian : Je suis un grand fan de Thin Lizzy et quand j’ai commencé à jouer de la guitare, j’ai appris à faire des chorus à la tierce. C’est ce que j’ai toujours voulu dans le groupe. Et Antoine est aussi fan de Maiden, et c’est ce qu’on retrouve dedans aussi.
Antoine : Sans oublier ce qu’on peut aussi entendre dans Judas Priest avec K. K. Downing et Glenn Tipton.
Avec cette période assez bizarre j’imagine que vous devez avoir pas mal de titres sous le coude…
Antoine : Il y en a [rires] mais de toute façon on écrit tout le temps. On n’attend pas tel ou tel jour pour écrire, c’est quelque chose que l’on fait tous les jours.
Comment appréhendez-vous le Hellfest l'an prochain, et le fait de jouer sur la Mainstage 2.
Julian : C’est kiffant en terme djeuns… [rire]
Antoine : C’est une fierté aussi d’y participer. C’est l’un des plus gros festivals européens. Et en tant que groupe français, pouvoir jouer en France c’est vraiment quelque chose d’extraordinaire à vivre.
Julian : On va y aller sans aucune pression. Déjà on va se faire plaisir. Et en se faisant plaisir on sait très bien que les gens vont le ressentir et ainsi tout le monde passera un bon moment. Et on a vraiment hâte.
Vous aurez sûrement du temps pour aller voir d’autres groupes sur scène…
Julian : Vu l’affiche, j’y serai sûrement dès le jeudi. Après, je ne sais pas si on y sera tous les jours car il faut aussi qu’on soit ensemble pour bosser entre nous ou prendre du repos. Et être festivalier c’est aussi physique, il y a des kilomètres…mais pour le moment on ne sait pas encore comment on va s’organiser.
Un dernier mot, ou un rendez-vous prochainement ?
On a une date à Paris le 24 janvier 2022 au Petit Bain avec Rhapsody of Fire et Nightmare et le 30 janvier ensuite à Grenoble.